Depuis des années, avec les amis, on rigole en parlant du boulevard Raymond, au nord de Québec, comme de l’enfer du nord. On n’y trouve pas de pavés, mais un pavage vérolé, défoncé, craquelé, qui complique assez dangereusement la conduite, surtout quand déboulent les fardiers et les voitures de tous côtés.
Et si cette difficulté n’est d’aucune manière comparable avec celle de la classique Paris-Roubaix, surnommée l’enfer du nord pour ses pavés déchaussés, rendus impraticables par la pluie, notre amusement à renommer les parcours cahoteux d’après cette course montre bien la fascination qu’elle exerce et la place qu’elle tient dans l’imaginaire cycliste.
Rendez-vous en enfer ce dimanche
Dimanche, la 113e édition de la reine noire des classiques du printemps fera subir aux coureurs ses 253.5 km d’un parcours ponctué par 27 secteurs pavés.
Pour voir, il y aura RDS, ou alors un des nombreux postes que la magie du web permet de joyeusement pirater.
(Toutefois, si comme moi votre fournisseur de câblo promet de vous arnaquer pour avoir RDS, vous obligeant à prendre 20 postes pour 20$, je vous invite à essayer CyclingTV. C’est payant, mais c’est plus que du bonbon, avec la possibilité de voir un récapitulatif de chaque course, et même de la regarder en entier, en direct et en différé)
Faudra évidemment être devant l’écran pour l’arrivée à la trouée d’Arenberg, ou tranchée, selon qu’on souhaite ajouter à la tension dramatique. Ce secteur étroit est impitoyable, et les coureurs se battent pour être bien positionné en arrivant sur celui-ci, afin d’éviter les chutes et les accrochages.
Enfin, surveillez ceux qui arrivent les premiers au carrefour de l’arbre. Historiquement, celui qui gagne fait presque toujours partie du groupe de tête à cet endroit, et c’est souvent dans ses parages (juste avant, pour jouir de tout l’espace, ou après, quand on a semé les malchanceux qui ont crevé sur l’impitoyable surface) que les courageux qui sont les plus forts des jambes s’essaient à une évasion en solitaire.
Les favoris
Notez: pas de Tom Boonen, pas de Fabian Cancellara. Les deux monstres des classiques sont toujours blessés.
L’an dernier, le Néerlandais Niki Terpstra (Etixx-Quick Step) a fait un superbe numéro en remportant l’épreuve après une belle sortie de groupe en solo. Souvent déçu ce printemps, alors qu’il collectionne les secondes places au Tour des Flandres, à Ghent-Wevelgem et Het Nieuwsblad, il pourrait rebondir ici. Mais il aura sans doute la pancarte, et pourrait bien faire profiter son coéquipier, l’ancien champion de cyclocross Zdenek Stybar (le Tchèque a remporté Strade Bianche), de ce marquage.
Sinon, le favori du printemps qu’est le gagnant du Tour des Flandres, Alexander Kristoff (Katusha), pourrait remettre ça pour un doublé. Il a montré qu’il est présentement le plus fort du peloton sur le plat, et qu’il peut survivre à de longues échappées, même en fournissant une majeure partie de l’effort.
Mon favori, Greg Van Avermaet (BMC) connaît lui aussi une très belle saison de classiques, mais il semble poursuivi par son habituelle déveine -certains diront qu’il manque d’esprit stratégique- et peine à monter sur la plus haute marche du podium.
Sinon, chez Sky, Bradley Wiggins contemple une victoire sur les pavés avant de se retirer de la course sur route pour reprendre le chemin de la piste, et il sera aidé par deux hommes forts de la Sky que sont Geraint Thomas et Ian Stannard, qui ont tous deux connu un très beau printemps.
Peter Sagan (Tinkoff-Saxo) -surnommé le douchebag par mon ami Charles- pourrait finir par enfin montrer qu’il toujours capable du meilleur, alors qu’il semble encore lui manquer le petit supplément qui permet de gagner jusqu’ici.
Quant à l’Allemand John Degenkolb (Giant-Alpecin), il a remporté la seconde place l’an dernier. Et n’eut été du départ en solitaire de Terpstra, il aurait sans doute remporté l’épreuve, puisqu’il était le plus fort dans l’épreuve de vitesse finale. S’il est du groupe de tête dans une arrivée au sprint, les autres ont peu de chance de lui résister.
Ici, la liste de tous les coureurs engagés, dont un certain Antoine Duchesne (Europcar), et son compatriote Hugo Houle (AG2R-LA MONDIALE).
Autres trucs :
Y’a tout pleins de machins à partager à propos de Paris-Roubaix.
L’excellent Sunday in Hell, si vous ne l’avez jamais vu.
Cette collection de vélos de Bianchi qui ont subi les pavés entre Compiègne et Roubaix.
Une entrevue avec Bradley Wiggins à propos de la course l’an dernier.
De quoi a l’air la course quand il pleut, et que les conditions deviennent désastreuses…
Des témoignages de ceux qui y ont beaucoup souffert.
Une orgie de photos plus ou moins classiques sur Pinterest.
Bonne course tout le monde !