Paris a compris
Mardi dernier, la capitale française s’est dotée d’un ambitieux plan vélo, avec comme objectif de faire passer les transports cyclistes des 3-4% qu’ils occupent en ce moment à 20% pour 2020.
Pour y parvenir, la ville se donne les moyens de ses ambitions. Et ça donne à réfléchir. Surtout qu’on n’est pas là dans une métropole de granoles, et quiconque a déjà parcouru la Ville Lumière autrement qu’à pied et en métro sait que le trafic automobile y est proprement monstrueux. Et donc, que la résistance à tout changement qui pourrait affecter la fluidité du trafic auto est forte.
Mais la mairie de Paris a compris que les automobilistes ne sont pas coincés dans le trafic; ils sont le trafic. Et mettre du monde sur des vélos à la place, c’est libérer de l’espace sur la route. Sans parler de la pollution, qui y est devenu un fléau.
On a donc décidé d’investir 150M$ pour doubler les pistes cyclables et en faire passer l’étendue de 700 à 1400km, créant du coup des axes nord-sud et est-ouest pour faciliter les déplacements et les rendre aussi rapides qu’efficaces.
Mais ce n’est pas tout. On intègrera aussi aux carrefours aussi des sas vélos, afin de faciliter et de sécuriser les départs au feu vert, en plus de permettre aux cyclistes de griller les rouges. Parce que, regardez donc ça, après un an de recherche et d’expérimentation, on s’est rendu compte que c’était moins dangereux pour tout le monde de laisser passer les cyclistes sur la rouge.
Évidemment, il y a des grincheux qui trouvent que ce n’est pas suffisant, mais même ceux-là saluent la manière dont Paris s’est donné une obligation de réussite. Et puis, en plus, elle subventionne l’achat de vélos cargos.
Ajoutez à cela 10 000 nouvelles places de stationnement, la volonté de créer des espaces de rangement de vélos sécurisés dans les gares de RER (trains de banlieue), des rues à 30 km/h, des passages à contresens sur des sens uniques…
Pendant ce temps, à Montréal, on s’engueule sur la volonté un peu molle de l’administration Coderre de rendre les passages à niveaux plus sécuritaires, et autrement qu’en faisant passer les cyclistes sur le trottoir… Si M. Coderre enfourchait plus souvent son Bixi, c’est-à-dire autrement que lorsque les caméras sont présentes, et qu’il parcourait un peu sa ville, il lui prendrait peut-être l’envie de faire un peu mieux, et lui aussi d’emprunter à l’enthousiasme de Paris.
Car plus on donnera aux cyclistes les moyens d’évoluer de manière sécuritaire, et plus ils seront nombreux.
On réduit le trafic automobile, on améliore la qualité de vie. Il me semble qu’à Québec comme à Montréal, cela fait partie des obsessions de nos maires qui cherchent à préserver la place des familles en ville, et à rendre la vie urbaine attrayante. Un jour ils comprendront, comme à Paris, que nous devons nous donner des objectifs ambitieux et les moyens d’y parvenir pour changer véritablement le visage de nos villes.