De simples cyclistes, ils sont devenus entrepreneurs en créant CycleMap, une application qui répertorie les réseaux cyclables. À la suite de leur prestation à la série télé Dans l’œil du dragon, David Boudreault et Olivier Carbonneau ont maintenant tous les appuis pour faire leur place sur l’échiquier mondial des outils destinés au cyclisme.
L’histoire commence à Québec un matin de juin 2011. Olivier planifie une sortie à vélo et consulte la carte des voies cyclables de la capitale nationale. Il aimerait bien pouvoir s’en servir sur son téléphone, mais le document n’existe qu’en format PDF. « Come on ! Les données sont accessibles, ça ne doit pas être si compliqué de les afficher sur un téléphone mobile », se dit-il. Au retour de sa randonnée, il s’installe devant son ordi et bizoune quelques heures, quelques jours. Un an plus tard, à temps perdu, il a créé une application qui localise les pistes cyclables pas seulement à Québec, mais partout dans le monde. Il se dit que ça pourrait servir à d’autres et la met en ligne sur l’App Store. C’est un succès, assez pour qu’Olivier soit tenté de se lancer à temps plein dans l’aventure CycleMap.
Dans l'antre des dragons
Il en discute avec David Boudreault, avec qui il a travaillé chez Beenox à produire des jeux vidéo. Les deux amis ont des compétences qui se complètent. Olivier est un gars réservé, un crack de la programmation. David a quant à lui la fibre entrepreneuriale dans le sang. Il s’est fait la main au sein de quelques entreprises liées à la publicité sur supports technologiques, et c’est aussi un bon communicateur. Comme aux Dragons, il ne se fait pas prier pour répondre aux questions lors de notre entrevue, que nous faisons à vélo en bordure du Saint-Laurent, sur la promenade Samuel-De Champlain. Il raconte la suite de leur collaboration : la période d’apprivoisement, nécessaire avant de s’associer, pour être sûrs de se supporter mutuellement, car ils étaient appelés à passer plus de temps ensemble qu’avec leurs conjointes ; le développement de leur application ; l’installation dans des bureaux, par hasard au-dessus d’une boutique de vélo ; l’embauche d’un premier employé, appelé Olivier lui aussi, passionné de vélo lui aussi, qui roule encore plus souvent que ses patrons. Impossible de ne pas parler de leur passage à la télévision, où ils ont séduit non seulement les téléspectateurs, mais aussi deux dragons qui ont décidé d’injecter des sous dans CycleMap.
À la question « Ça fait quoi d’être devenu une star de la télé ? », David répond : « Tu es chanceux de pouvoir encore rouler avec moi : bientôt, avec mon garde du corps, ce ne sera impossible. » Plus sérieusement, il se dit très content de l’effet « dragon » non pas sur leurs egos, mais sur les ventes et les visites sur CycleMapapp.com. L’argent des dragons est bienvenu, mais ce que recherchent avant tout David et Olivier, ce sont des conseils afin de bien gérer leur croissance.
Connaître sa chance
Souffriront-ils du « syndrome de la shop », cette maladie qui frappe les proprios de boutiques de vélo, qui ne peuvent plus assouvir leur passion car ils travaillent tout le temps ? « J’en souffre présentement un peu », avoue David, papa d’une petite fille qui ne fait pas encore ses nuits. D’un autre côté, il est plus motivé que jamais à sortir son Specialized pour tester produits et contenus. « Pour une fois que mon travail est lié à mon sport préféré, je compte bien profiter de chaque chance, comme aujourd’hui ! »
C’est donc en roulant que nos cyclistes du dimanche réfléchissent aux façons d’améliorer leur produit. En ce moment, CycleMap recense plus d’un million de kilomètres de pistes et près de 1000 stations de vélos en libre-service, mais ce n’est jamais assez. Il faut l’offrir en version Android, proposer de nouvelles fonctionnalités telles que la suggestion d’itinéraires personnalisés, basés sur des préférences mais aussi sur l’historique de randonnée de chaque utilisateur, compilé par l’application. Les gars pensent aussi à étendre leur formule à d’autres activités de plein air comme l’escalade ou la randonnée. Un répertoire des sentiers de vélo de montagne est aussi dans les cartons, car les gars aiment également rouler hors route. Pourquoi pas un répertoire de sentiers de fat bike mis à jour par les usagers, pour savoir où trouver les pistes les mieux damées ? Les deux amis ne ferment aucune porte, ils ouvrent plutôt grand les yeux, prêts à foncer sur l’occasion.