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Le blogue de David Desjardins

Ô le beau Giro

22-05-2017

Juste avant le début du Giro, j’ai failli écrire un papier du genre : 5 raisons pour lesquelles le Giro est plus excitant que le Tour de France.

J’y aurais fait l’apologie de ce grand tour un peu chaotique, où tout est plus savoureux, simplement parce que les jeux sont moins faits d’avance qu’au Tour de France. Il y a trop d’enjeux financiers liés à ce dernier. Pour la plupart des équipes, c’est là que se joue la visibilité de la saison en entier, et une entente avec un gros commanditaire passe par une performance de qualité au Tour. Tout est donc mis en œuvre pour bien y faire. Pas en triomphant. Mais en jouant de prudence, le plus souvent.

Ce qui fait que gagner le Tour, à moins d'une très très grosse surprise, c’est de plus en plus comme remporter la coupe Stanley en jouant la trappe.

Bref, j'allais écrire ça. Mais se sont produits d’autres événements cyclistes sur lesquels je devais écrire, et pendant la première semaine de course, alors que j’allais me reprendre, il est arrivé quelque chose qui survient rarement pendant le Tour d’Italie : je me suis emmerdé. C’est beaucoup en raison du pétard mouillé de l’Etna où, un peu à cause des forts vents, et beaucoup pour des motifs stratégiques (qui voulait vraiment s’emparer du maillot rose à la quatrième journée parmi les favoris, pour ensuite devoir le défendre ?), il ne s’est pas produit grand chose. Puis, il y eut beaucoup d’étapes de plat qui, même si je suis très heureux pour Fernando Gaviria, qui connaît un premier grand tour absolument épatant, ont l’heur de susciter chez moi un désintérêt total. Les étapes de sprinters, ça se regarde en 1 minute, et hop. C’est pratique à faire entrer dans l’agenda, mais pour la tension dramatique d’une course de 3 semaines, ça fucke un peu le rythme.

Heureusement, ça s’est arrangé à partir du Blockhaus. Une finale d’étape (la 9e) digne du Giro, avec juste ce qu’il faut des ingrédients habituels :
 

  • Un élément perturbateur issu de l’habituel manque de rigueur italien. Ici, une moto de flic qui a décimé la Sky, une partie de la Sunweb et un Yates.
  • Une controverse : Nairo Quintana aurait-il du attendre que Geraint Thomas se remette en selle ?
  • Un rythme d’enfer, autant sur le plat qui menait à la montée que dans le train imposé par les Movistar sur les premières rampes.
  • Des attaques à répétition, des charges, des contre-attaques. Si Quintana a été superbe, on peut en dire autant des Pinot, Nibali, Mollema.
  • Une implacable constatation qui change la course: Tom Dumoulin a admirablement géré, prouvant que son statut de favori au classement général de grands tours n’était pas un accident qu’on tentait de répéter. 

Par la suite, Dumoulin a continué de s’imposer. Au contre-la-montre, sans surprise, il a pulvérisé la compétition. Sa victoire à la 14e étape, après avoir subi les attaques des grimpeurs, a richement galvanisé sa posture de leader. Et encore hier (dimanche le 21 mai), si c’est Bob Jungels -et sa superbe chevelure- qui a remporté l’étape, son compatriote néerlandais était à la bonne place au bon moment tandis qu’une poignée de favoris profitait de la dernière bosse pour attaquer.

Les Sunweb sont tellement excités par la situation qu'ils en oublient des coureurs à l'hôtel le matin…

Voici donc Dumoulin aux portes des Dolomites. Devant lui, s’offre une topographie redoutable. Cinq étapes montagneuses où il devra gérer col après col après col. Il détient une avance de 2 minutes et 41 secondes sur Quintana. Plus de 3 minutes sur Pinot.

Le voilà dans une position défensive vraiment intéressante. D’autant que ce 100e Giro se termine par un contre-la-montre. On pourrait donc assister à un final analogue à celui de 2012, tandis que Ryder Hesjedal et « Purito » Rodrigez se disputaient la victoire jusque dans une épreuve finale semblable. Ici, 29km entre Monza et Milan.

Mais Dumoulin va peut-être aussi s’écraser. On sait pas. Et franchement, ça rend la course vraiment excitante. Comme le retour en force de Nibali l’an dernier. Comme… le Giro sait le faire en générant son lot de rebondissements annuel, en vérité.

Le seul ennui que générera cette fin de course, finalement, ce sera celui de parvenir à caser son visionnement dans l’agenda.
 

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