Tantôt douces, tantôt imprévisibles, souvent remplies de défis et généralement fort animées, les balades dans les rues d’Athènes sont à l’image de l’exubérante capitale, surtout en vélo à assistance électrique.
Ruelles en pierres, voies de tramway désaffectées, rues couvertes de marbre, piste cyclable au bord de l’eau, chemins de terre, rues partagées avec les voitures pressées, passages zigzagants entre les piétons, allées recouvertes de vignes, parcs, ancien jardin royal: Athènes fait office de ville montagnes russes pour les cyclistes locaux comme pour ceux venus d’ailleurs.
« Le vélo n’est pas encore très populaire à Athènes, mais les choses progressent, explique Costas Giannopoulos, propriétaire de Solebike, une compagnie de location de vélos (dont plusieurs électriques) située à deux pas de l’Acropole. Je dirais que nous en sommes au tout début en matière de développement d’une culture cycliste. Cela est dû au fait qu’il n’y a pas beaucoup d’infrastructures pour les vélos, et que les automobilistes sont plutôt hostiles aux les cyclistes. »
Les clés d’Athènes
Balade en vélo guidée et location : solebike.eu
Athènes est la capitale et la plus grande ville de Grèce
Population : 664000 habitants
Langue parlée : grec
Cela n’a pourtant pas empêché Costas – qui donnait dans le tourisme à vélo un peu partout à travers le monde depuis déjà un quart de siècle – et son épouse, Sofia, de s’établir à Athènes et d’ouvrir Solebike en 2014. « Nous avons découvert les vélos électriques un peu par hasard, dit-il. Lorsque je les ai aperçus, j’ai entrevu l’avenir en matière de vélos. J’ai trouvé cela unique, alors je me suis dit que c’était une idée géniale de les utiliser pour faire découvrir la ville d’Athènes. Les vélos électriques représentent la facilité et le plaisir de faire du tourisme sans avoir à se soucier des collines à monter. À Athènes, il y en a quelques-unes, assez petites mais pentues, et des routes en pierres, en plus de la chaleur qui dépasse souvent les 30°C en été. »
Le couple s’est muni d’une flotte de vélos à assistance électrique qui sont limités à 24,6 km/h (la vitesse limite avant d’être considéré comme un véhicule à moteur en Grèce) et ont une batterie à l’autonomie de 40 à 50 km.
Trois tours guidés en vélo électrique sont ainsi proposés aux cyclistes: le City to the Coast, le Old Town et le Grand Tour.
Costas affirme qu’au cours des quatre dernières années, il a vu près d’une dizaine de boutiques de vélos ouvrir leurs portes et offrir des tours guidés d’Athènes sur deux roues. « Le plus souvent, on parle de tours guidés, car beaucoup de touristes ne se sentent pas suffisamment confiants pour partir seuls à vélo. Il s’agit d’un important marché. Le fait de voir de plus en plus de touristes à vélo incite d’ailleurs les habitants à se sentir davantage en sécurité et à avoir envie de faire du vélo dans leur ville, que ce soit dans un but de plaisir ou de déplacement. Je crois que lorsque les infrastructures seront mises en place et que les automobilistes seront plus habitués et gentils, le nombre de cyclistes augmentera à Athènes. »
Pour le moment – et depuis deux ans – une seule piste cyclable d’une longueur de 7 km permet aux cyclistes de traverser la ville, depuis le centre historique de Gázi jusqu’au bord de mer. Les Athéniens l’empruntent surtout les fins de semaine, afin d’aller flâner sur la plage et autour du joli canal Flisvos.
C’est d’ailleurs dans ce coin de la ville que se situe la majorité des bornes de vélos libre-service Snfcc d’Athènes (snfcc.easybike.gr), un service qui a été mis sur pied en 2016, au départ avec 250 vélos. La station du quartier Gázi ainsi que la dizaine de bornes placées autour du canal sont dotées de vélos pour enfants et pour adultes. « C’est un bon début, ajoute Costas. J’espère que cela va continuer et grandir.»
La Flamme Rouge, ou le cycle cafe bar d’Athènes
C’est dans le quartier in de Gázi qu’un café bar unique en son genre accueille les cyclistes d’Athènes, petit bijou d’endroit dédié au cyclisme et aux cyclistes. La décoration est composée de pièces de vélos (tables, chaises, lavabos, tabourets, vélos entiers accrochés au plafond…). Sa propriétaire? Vaso Lazopoulou, qui a été championne de vélo de montagne. Après sa carrière sportive, la jeune femme a eu envie de créer un lieu de rencontre et d’apprentissage à l’intention des équipes cyclistes et des amateurs de vélo. « Les cyclistes se retrouvent ici pour manger, boire un verre ou encore prendre part à des conférences et des ateliers que nous organisons et qui sont en lien avec le vélo», explique celle qui a baptisé son bébé Flamme rouge, un clin d’œil au Tour de France. Le menu bistro comporte même une section Power Cycle offrant gels, barres énergétiques, limonades et boissons de récupération. Quant à la vaste terrasse parsemée de hamacs et de tables grandes comme des roues de vélo, c’est l’endroit parfait pour reprendre des forces après une longue sortie à vélo.
La capitale grecque à vélo électrique
J’ai eu la chance de découvrir deux visages de la ville d’Athènes lors de cette première et délicieuse visite en terre grecque. Un premier trajet, historique et adroitement décrit par notre ami Costas, et un autre tourné vers la nature, en solitaire, à dévaler la piste cyclable jusqu’au bord de mer, là où se dresse le sublime bâtiment du nouvel opéra et de la bibliothèque nationale.
Les deux parcours font une quinzaine de kilomètres chacun, oscillant entre recoins de quartiers plus ou moins bondés, sites archéologiques, rues piétonnières pavées ou de marbre, grandes avenues à partager avec les voitures, routes tranquilles, sentiers piquant à travers des parcs, promenade en bord de mer, allées de jardins, autant de diversité à expérimenter dans cette ville mosaïque.
Le menu du Grand Tour prévoit des arrêts devant une bonne douzaine de lieux ayant marqué l’histoire de la capitale grecque. Les secrets d’Athènes sont révélés au fil de la balade grâce à un système de microphone et d’écouteurs, le guide s’assurant d’être entendu de tous et pouvant compléter ses explications en roulant. La boucle part de l’Acropole à une vitesse de croisière ne dépassant jamais les 10 km/h.
Tout le long de la route, on découvre le site archéologique de l’Olympiéion, le stade Panathinaïkos qui a accueilli les premiers Olympiques modernes en 1896, l’avenue qui était autrefois la rivière que Socrate suivait quotidiennement pour se rendre à l’Académie, la maison royale transformée en résidence du président grec, la rue Irodou Attikou, le centre d’exposition Zappion, le jardin national qui fut le jardin royal, et le palais du roi devenu le siège du Parlement grec.
Il ne faut pas manquer l’animée avenue de l’Université, fière de ses trois remarquables bâtiments: l’Académie sur laquelle veillent les statues de Platon et de Socrate, l’Université d’Athènes et le bâtiment historique de la bibliothèque nationale de Grèce.
Le quartier des marchés publics et la rue Aiolou rappellent la Grèce traditionnelle et ses premiers marchands. La place Kotzia, dont les trois fontaines bondées de pigeons s’élèvent devant l’hôtel de ville, fut le premier square public athénien. Parmi les quartiers marquants de l’histoire d’Athènes, mon préféré est Psyrí, qui était celui de la mafia grecque au XIXe siècle; aujourd’hui, il est devenu tendance et populaire avec ses graffitis, cafés, terrasses, tavernas, bars, boutiques et ateliers d’artisans de cuir et de métal.
Enfin, n’omettons pas de mentionner la place Monastiráki, qui abrite le célèbre marché aux puces d’Athènes, considéré comme l’âme de la ville par ses habitants. « Une mosaïque moderne à l’image d’Athènes où, en un coup d’œil, toute l’histoire de cette ville nous est racontée», d’expliquer Costas en pointant tour à tour l’Acropole au sommet de la montagne, la mosquée Tzisdarakis, l’église orthodoxe grecque de Panaghia Kapnikarea, les ruines romaines de la bibliothèque d’Hadrien et la station de métro représentant la modernité.
Le retour vers le quartier du musée de l’Acropole se fait en piquant à travers celui de Pláka – qui a vu naître la ville d’Athènes – après avoir salué l’antique agora, le marché romain, la cathédrale et la rue Adrianou, recouverte de marbre et bordée de boutiques de souvenirs.
Tout en pédalant, n’oubliez jamais «qu’il se trouve toujours une ville sous la ville», selon Costas. Partout où on creuse sont enfouis monuments, reliques et ruines de la vieille Athènes, de même que les anciennes fortifications et l’ancestrale rivière maintenant réduite à un mince un filet d’eau.