Le Dr Louis Drouin a une prescription pour vous : montez sur votre vélo, et le plus souvent possible !
Hypertension, diabète, obésité, accident vasculaire cérébral, cancer du côlon ou du sein, ostéoporose, anxiété, dépression… autant de maladies dont les risques se trouvent réduits à chaque tour de pédalier, qui, en prime, contribue à une meilleure espérance de vie! En effet, une vaste étude de 2014 a conclu qu’appliquer les recommandations en matière d’exercice en faisant de la bicyclette diminue de 10% les risques de mortalité, toutes causes confondues. Une modélisation menée aux Pays-Bas a quant à elle quantifié le gain en durée de vie à 3 à 14 mois pour les adeptes du vélo-boulot-dodo
Pas étonnant que les autorités de la santé publique à travers le monde s’intéressent de près à la petite reine. Des pays comme le Danemark et la France adoptent carrément des stratégies nationales du vélo, en partie dans le but de favoriser la bonne forme des populations. C’est que cette activité, tout comme la marche, offre l’avantage de s’insérer facilement dans une routine quotidienne, au fil des déplacements vers le boulot, la garderie ou la gare.
«La meilleure pilule, c’est de bouger», rappelle Louis Drouin, responsable du service Environnement urbain et saines habitudes de vie de la Direction régionale de santé publique de Montréal. En cordonnier bien chaussé, il profite de ses temps libres pour participer à des rencontres cyclistes comme le Grand Tour Desjardins, en plus de se rendre au bureau sur deux roues. « Je suis encore frileux pour ce qui est de l’hiver. Mais j’y réfléchis ! »
Si c’est aujourd’hui une évidence, le lien entre l’activité physique et la santé n’a pas toujours été aussi clair. Le Dr Drouin n’a jamais eu de cours là-dessus à l’université dans les années 1970, contrairement à son stagiaire Arnaud Messier-Maynard, étudiant à l’Université de Sherbrooke. «On nous apprend à enseigner les bonnes habitudes de vie, nous explique ce dernier. Il ne suffit pas de dire à la personne de faire plus de sport: nous devons voir où elle est rendue afin de bien la conseiller. »
Selon Louis Drouin, l’amorce du changement de cap a eu lieu à la fin des années 1990. Le médecin a fait partie d’une table multisectorielle qui visait à améliorer la qualité de l’air dans la région de Montréal : « Nous nous sommes aperçus que le transport routier était le principal problème. Dès le début des années 2000, la Direction de la santé publique a déterminé qu’il fallait miser sur les transports en commun et les transports actifs [pour mieux respirer dans les villes].»
Dans les années suivantes ont paru une foule d’études sur les liens entre l’obésité et l’environnement urbain. Le vélo permettait de faire d’une pierre deux coups. Ne restait plus qu’à convaincre les gouvernements et les municipalités d’investir dans des infrastructures cyclistes, un travail toujours en cours. « La littérature scientifique est claire : quand les pistes cyclables sont là, le cyclisme augmente.»
Louis Drouin se désole de voir que l’étalement urbain s’accélère plutôt que de ralentir. «Si nous voulons améliorer l’état de santé des populations, il est nécessaire de les rendre plus actives. Pour cela, nous devrons nous doter de normes obligatoires concernant la densité, afin de contrer l’étalement urbain, car pour que les gens soient actifs, il faut des villes denses et des commerces de proximité; on n’ira pas à vélo faire des courses au centre commercial. Au Québec, nous sommes malheureusement encore loin d’une telle réglementation.» C’est pourtant quasiment une question de vie ou de mort!