Dernière ascension du jour. Température idéale. La fatigue musculaire se fait sentir depuis un bout déjà, mais ça va. Une accélération, puis une autre, on s’accroche. Soudain, plus rien, ce n’est même plus la peine d’essayer. Est-ce le corps qui ne répond plus, ou plutôt la tête?
Le cycliste qui donne à son corps tous les bons soins nécessaires ne devrait tout de même pas sous-estimer l’impact de la fatigue psychologique sur sa performance. Chacun a sans doute pu remarquer que parfois, après par exemple une journée de travail psychologiquement épuisante, on perçoit à l’entraînement une difficulté comme étant plus grande, pour une charge donnée.
Le cas échéant, on réduira l’intensité ou le nombre de répétitions d’une séance d’intervalles, ou encore on remettra celle-ci au lendemain et on se décidera plutôt pour une séance en endurance d’intensité réduite. Planifier les séances plus exigeantes en début de journée ou pendant le week-end, lorsque le niveau de stress est plus bas, est également une option. On évitera aussi de placer une séance d’entraînement intense pendant des activités qui imposent un stress important, par exemple une session d’examens, la récupération n’étant de toute façon pas optimale dans de telles conditions. Par contre, si le niveau d’énergie est au rendez-vous, il n’y a aucun inconvénient à effectuer ces séances en fin de journée. Et non seulement cela relâchera la pression, mais cela générera d’autres bénéfices psychologiques.
Sports d’endurance, un bonus pour le cerveau
Bien que la fatigue cognitive affecte les performances physiques, il est à l’inverse démontré que la pratique d’un sport d’endurance comme le cyclisme est associée à des bénéfices sur les fonctions cognitives :
• elle augmente l’oxygénation cérébrale ;
• elle libère des facteurs neurotrophiques dérivés du cerveau, protéines qui favorisent la croissance de cellules nouvelles dans le cerveau et jouent un rôle relativement à la mémoire à long terme ;
• elle augmente les connexions entre les neurones, ce qui facilite le traitement de l’information ;
• elle permet une plus grande concentration et une meilleure gestion du stress et des émotions par la libération d’endorphines.
Une simple séance de 20 à 30minutes d’activité physique contribue à faire du bien au cerveau. De façon générale, plus on en fait, plus on en retire des bénéfices à court et à long terme, d’où l’importance de privilégier la fréquence des séances par rapport à leur longueur.
Le cerveau, gouverneur central
Le physiologiste Timothy Noakes a énoncé en 1997 une hypothèse controversée postulant que c’est le système nerveux qui régule l’effort en état de fatigue. Sa théorie, connue sous le nom de «modèle du gouverneur central», stipule que le rôle du cerveau (le gouverneur) serait de protéger l’organisme d’une catastrophe par l’inhibition du recrutement musculaire, dans le but de préserver les fonctions vitales. Ce processus inconscient aurait préséance sur la volonté de l’individu à effectuer une performance. L’ultime limite à l’effort serait liée aux fonctions cérébrales.
Soulignons qu’il ne fait aucun doute que le cerveau a son rôle à jouer dans la performance sportive. Pour preuve, citons une récente recherche, au cours de laquelle on a étudié les effets de la stimulation électrique du cerveau auprès d’athlètes en saut à ski. Pendant quatre semaines, une partie du groupe a été stimulée, l’autre non. Les athlètes ont ensuite effectué des sauts sur une plateforme instable mesurant la force d’impact et l’équilibre. On a observé des gains en force et en coordination de l’ordre de 70% à 80% chez les athlètes ayant été stimulés.