Il a la course en tête. Et aussi la pugnacité nécessaire pour tout laisser sur la route. Qu’il s’agisse de gagner, ou d’aider un coureur de son équipe à remporter la victoire.
Nicolas Rivard a seulement 17 ans, et pourtant le voilà qui cogne à la porte des pros. Pas parce qu’il obtient les résultats les plus éclatants, bien que ceux-ci soient honorables, mais surtout en raison de son attitude. «Je n’aime pas me faire dicter le déroulement de la course. J’aime décider. C’est pour ça que j’attaque», expose le jeune coureur qui vient d’atterrir dans une équipe de développement de la côte est des États-Unis, Hot Tubes.
C’est d’ailleurs cette attitude frondeuse qui lui a permis de s’y tailler une place.
Première et seconde familles cyclistes
Ça roule, chez les Rivard. Son père, Dave, a participé au Tour de l’Abitibi dans les années 1980. « Un ami à moi a inscrit son fils aux Espoirs Laval, et ça m’a incité à y aller avec Nicolas, raconte-t-il. Moi aussi, j’avais fait partie de ce club, qui est extraordinaire et qui encadre magnifiquement les jeunes.» Le jeune Rivard n’a alors que 7 ans. « Je voyais les maillots de mon père, ses trophées, ça donnait envie ! »
« Au début, on s’amusait surtout, poursuit-il. Mais en commençant si jeune, j’ai appris à bien manipuler mon vélo, à savoir comment me comporter dans un peloton. Et surtout, j’ai découvert dans les Espoirs une vraie famille.» Son père décrit l’organisation comme une opération de transmission de la passion cycliste. Les anciens y reviennent pour inspirer les jeunes pousses.
« Mais en commençant si jeune, j’ai appris à bien manipuler mon vélo, à savoir comment me comporter dans un peloton. Et surtout, j’ai découvert dans les Espoirs une vraie famille.
Nicolas Rivard
Lieutenant de choc
Jusqu’à l’année dernière, son entraînement n’était même pas tout à fait structuré. Puis, avant la saison 2018, Nicolas joint l’écurie de l’entraîneur Pierre Hutsebaut. Mais au printemps, une mononucléose le cloue au lit durant deux mois. Il fait son retour au Tour de l’Abitibi, supposément pour y retrouver la forme; il termine 7e à la première étape, dispute un très bon contre-la-montre et reprend confiance. Quelques semaines plus tard, aux Championnats québécois, il arrive second au chrono, et second à la course sur route, dans une échappée à trois contre deux membres d’une même équipe qui travaillent contre lui. C’est cependant à la Green Mountain Stage Race qu’il se fait remarquer par son actuel bataillon. Au service d’un coéquipier des Espoirs qui détient le maillot du meneur au classement général, il se désâme et donne suffisamment de fil à retordre à l’équipe Hot Tubes, favorite pour décrocher le titre, pour s’y forger une réputation de redoutable lieutenant. Il se classe ensuite premier chez les juniors au Critérium national.
Par la suite, de manière assez peu orthodoxe, c’est Nicolas lui-même qui sollicitera l’escouade bostonnaise spécialisée dans le développement de coureurs juniors. «Normalement, ce sont les équipes qui recrutent, mais nous voulions essayer, relate Dave Rivard. Simon LambertLemay avait fait partie de Hot Tubes; nous lui avons demandé s’il était judicieux de tenter ce genre d’approche. Il a encouragé Nicolas à aller de l’avant. »
«Ici aussi, je me suis trouvé une famille, dit le jeune coureur de Bois-des-Filion, depuis le camp d’entraînement auquel il prend part en Géorgie. Nous avons du soutien technique, tous les mêmes vélos, une caravane qui nous suit dans les entraînements… C’est vraiment inspirant. »
Au programme printanier : des courses en Belgique et aux Pays-Bas, premier contact avec les pavés et les routes étroites où le positionnement est un défi de chaque instant. Nicolas pourra y mettre à profit son sens inné de la lecture d’une course et sa capacité à reconnaître les moments de faiblesse chez ses adversaires. Celui qui se compare, comme type de coureur, à un Thomas De Gendt pourra également voir sur quelles routes le Belge s’est fait les dents. Et à son tour, prendre du galon en se frottant aux meilleurs.
Déjà, le coureur qui aura 18 ans en octobre vise les Championnats canadiens. « Et si ça va bien, les Mondiaux», espère-t-il. Il a la tête et les jambes qu’il faut. Ne reste qu’à lui souhaiter bonne chance.