La Gaspésie à vélo n’est pas réservée qu’aux amateurs de cyclotourisme, loin de là! Sur route, dans les chemins de traverse ou sur les plages, cette région a de quoi plaire à tous les types de cyclistes, y a constaté Vélo Mag.
La Pointe
À rouler au moins une fois dans sa vie
Ai-je trouvé la quintessence du vélo de route au Québec? Alors que je me bute à un des interminables murs parsemant la route entre les villages de Sainte-Madeleine-de-la-Rivière-Madeleine et Grande-Vallée, je me pose sérieusement la question. Craint par les cyclistes à sacoches, qui en détestent le relief accidenté, le littoral nord de la péninsule gaspésienne est néanmoins un véritable paradis pour les cyclosportifs «sérieux».
En outre de présenter un généreux dénivelé – il n’est pas rare de grimper de plusieurs centaines de mètres en seulement quelques kilomètres –, les routes sinueuses accrochées à flanc de montagne promettent maints points de vue vertigineux entre falaises et océan. Les descentes, rapides mais peu dangereuses étant donné le faible achalandage sur la 132 à cette hauteur (oui, sérieusement), catapultent les cyclistes d’une localité de bord de mer à l’autre. Le temps de les traverser, le vent, constamment présent dans cette étendue de pays, se met de la partie. Le manège se répète sur des dizaines de kilomètres jusqu’au village de Rivière-au-Renard. Ou jusqu’à plus soif.
À partir de la «capitale des pêches» du Québec, la circulation se densifie toutefois un brin. Nous sommes quand même à proximité du parc national Forillon! L’exploration des environs de ce joyau des parcs nationaux canadiens vaut réellement la peine. Commencez par vous rendre au phare de Cap-des-Rosiers, le plus haut au Canada. Puis enfilez la montée Laurencelle, qui divise le parc en deux, en prenant bien soin de faire un crochet par le cap Bon Ami. En cours de route, vous gravirez la côte à la Mélasse (ne prononcez pas le é), qui doit son nom à son fort pourcentage, lequel assure de coller au beau milieu. Avant de poursuivre votre tour de Forillon par la route 197, saisissez l’occasion de pédaler l’aller-retour panoramique jusqu’à L’Anse-aux-Amérindiens. Le mythique festival Musique du Bout du Monde se tient à un jet de pierre.
Une visite dans ce coin de la Gaspésie ne saurait être complète sans un léger détour par la (trop) touristique Percé. Rangez votre portefeuille et remettez à plus tard l’achat d’une quelconque babiole dans un attrape-touristes de la place; attaquez-vous plutôt à la route des Failles, une route secondaire qui traverse un hinterland montagneux et sauvage qu’on jurerait situé dans les Pyrénées, en Europe. Le trajet de 5,7km le plus épique de votre vie. À découvrir, absolument.
La Matanie
Paradis potientiel du gravel bike
Qu’est-ce que je regrette de ne pas avoir emporté mon vélo de garnotte! À peine ai-je pédalé quelques kilomètres sur les routes 100% asphaltées d’une boucle d’environ 110 km reliant Matane, Sayabec et Baie-des-Sables que je constate mon erreur. C’est que dans La Matanie et la vallée de la Matapédia, les chemins graveleux ou cahoteux sont rois. Dès mon départ sur la route 195 en direction de Sayabec (prononcez «sé-bec»), j’en croise un certain nombre qui mènent droit à de paisibles hameaux de quelques centaines d’habitants. L’escapade en sera ponctuée tout du long.
Heureusement, d’autres ont déjà flairé l’énorme potentiel de la région au regard de ce que l’Office québécois de la langue française appelle le «vélo de route tout-terrain». C’est le cas de Guy Bouchard, propriétaire de la boutique Vélo Spécialité, à Matane, qui propose sur son site Internet des parcours sur routes de gravier dans son coin de pays. D’aussi peu que 20 km à plus de 80 km, les itinéraires qu’il suggère sont commentés, cartographiés et même classifiés selon leur niveau de difficulté. Une petite mine d’or.
Mon prix de consolation: un circuit routier costaud comportant moult bonnes bosses à ascensionner, dont celle du chemin de la Coulée-Carrier, sur lequel je m’engage à partir de la 195. Longue de 5 km, cette montée irrégulière qui serpente en pleine forêt gaspésienne représente un beau défi. Ce n’est pas pour rien que le Grand Prix cycliste de La Matapédia – une course cycliste ayant lieu autour d’Amqui depuis 2012 – y dessine chaque année une partie de son tracé.
Après l’ascension m’attend une longue descente apparentée aux montagnes russes, qui me dépose à Sainte-Paule. C’est ici, en septembre 1970, qu’est née devant 3000 personnes réunies à l’église du village la première des trois Opérations Dignité, un mouvement populaire dont l’objectif était d’empêcher la fermeture de 65 villages de l’est du Québec. Onze d’entre eux, dans l’arrière-pays gaspésien, n’ont pas survécu. Les routes (majoritairement en gravier) y conduisant existent encore, cependant…
Le reste de la randonnée emprunte les routes 132, 297 et à nouveau 132 afin de revenir au point de départ. Chemin faisant, le cycliste profite tour à tour de paysages forestiers, agricoles et côtiers. Un éloge à la diversité des panoramas gaspésiens.
Repères
Marie 4 poches
L’extérieur ne paie pas de mine. Pourtant, dès qu’on met les pieds dans cette pâtisserie-boulangerie aménagée à même un ancien atelier de vélo – et dont elle a su garder le cachet –, on ne peut qu’être séduit. À essayer: le sandwich végétarien (excellent accompagné du kombucha gaspésien) ainsi que le café infusé à froid pendant plusieurs heures.
111, boulevard Sainte-Anne Ouest, SainteAnne-des-Monts
Hôtel-motel Grande-Vallée des Monts
Quoi de plus reposant que de se réveiller ou s’endormir au son des vagues ? Dans ce trois étoiles très abordable, c’est tout à fait possible. Situé en bordure de l’anse de la Rivière de la Grande Vallée, il offre une perspective incroyable sur la municipalité d’un millier d’habitants ainsi que sur son église, qui a bien fière allure du haut de son promontoire rocheux. Tranquillité, quand tu nous tiens !
37, rue du Quai, Grande-Vallée
Biseak
La Gaspésie regorge de plages de sable et de galets – un livre les répertoriant, Les plages et les grèves de la Gaspésie (Josée Kaltenback, chez Fides), a même été écrit. Clément Vallée, 18 ans, l’a bien compris et propose depuis deux ans la location de fat bikes qui permettent de découvrir celles à proximité de SainteAnne-des-Monts, où il habite. Les clients de son entreprise, Biseak, sont invités à rouler sur des vélos Moose.
236, 1re Avenue Ouest, Sainte-Anne-des-Monts