Avec son mode de vie célébrant à la fois le plein air, la culture, les traditions westerns et les petits plaisirs de la vie, Denver s’est aisément hissée dans le top 3 de mes villes états-uniennes favorites. Libéral et inclusif, cet esprit libre qu’est la capitale du Colorado séduit également par sa culture de la bière et sa gastronomie, sans oublier ses chaleureux habitants.
Denver avait tout pour me charmer : une histoire datant de la fascinante époque de la conquête de l’Ouest, une horde de musées, d’espaces verts et d’immeubles tapissés de murales colorées, une culture des cafés et de la bière artisanale (65 brasseurs ont pignon sur rue!), un besoin viscéral de faire bouger ses habitants ainsi qu’un bel entêtement à faire ce que bon lui semble. La preuve: la légalisation de la marijuana y a favorisé la création d’environ 30 000 emplois depuis 2014.
En quelques heures, j’ai compris pourquoi la population de Denver est en croissance. C’est une métropole aussi moderne que remplie d’histoire. En pédalant en compagnie de Monique Madison, la femme derrière Mile High Bike Tours, j’ai pu prendre le pouls de cette cité méconnue, pareillement fière de son ouverture d’esprit que de ses 300 jours d’ensoleillement.
Les clés de Denver
Capitale du Colorado
Population : 682 000 habitants
Le Denver City Tour est offert à longueur d’année. En période estivale, Mile High Bike Tours propose en outre la location de vélos et les excursions guidées Bike and Brew Tour et Twilight, sans oublier les visites privées, chacune comprenant une bouteille d’eau et l’emprunt d’un cadenas et d’un vélo de ville trois vitesses à courroie Priority Bicycles.
«Denver est très bike friendly, m’a expliqué la guide qui a fondé la compagnie de location et de balades à vélo il y a cinq ans. De nombreux habitants vont travailler et faire leurs courses à vélo, car ils en ont la possibilité pratiquement toute l’année. Denver possède beaucoup de sentiers de vélo bien entretenus, et le centre-ville a vu régulièrement s’ajouter de nouvelles pistes cyclables au cours des cinq dernières années.»
Deux cents kilomètres de pistes cyclables et au-delà de 150km de sentiers à usage multiple sillonnent désormais celle qu’on surnomme la Mile-High City, la ville se situant officiellement à un mile (1,6 km) d’altitude au-dessus du niveau de la mer. Ce réseau en constante évolution est composé de voies partagées et de pistes bonifiées au fil des ans par des panneaux de signalisation et des stationnements pour vélos.
«Les sentiers les plus populaires restent le Cherry Creek Bike Path et le Greenway Trail, tous deux goudronnés, a-t-elle ajouté. Les 65 km du premier mènent du parc Confluence jusqu’à Franktown en calquant son tracé sur celui de la rivière Cherry Creek. Le second suit la rivière South Platte pendant 50 km et croise plusieurs parcs situés sur les rives du cours d’eau.»
Une importante culture du vélo de montagne s’est aussi créée dans la capitale. L’été, les amateurs du genre montent à bord du train au départ de Denver afin de se rendre au Winter Park. Cette station de ski se transforme alors en paradis prisé par les montagniers faisant leurs délices de ses 1000 km de sentiers de cross-country et de ses deux parcs de vélo de descente.
Les efforts en vue de développer le réseau cyclable et d’inciter les habitants à se déplacer à vélo s’intensifient d’année en année. En 2011, les membres du conseil de ville ont mis sur pied le projet Denver Moves visant à «développer la vision d’un système récréatif et non motorisé de transport urbain et à intégrer le réseau routier et hors route afin de créer des corridors sécuritaires reliant tous les quartiers». Leurs buts ultimes? Mettre en place un réseau cyclable et piétonnier où chaque ménage se trouvera à moins de 400 m (5 minutes de marche ou 2 minutes de vélo) d’une voie cyclable, et atteindre un taux de 15% de déplacements à vélo et à pied d’ici 2020.
De son côté, le service de vélopartage fait le bonheur autant des touristes que des Denverois. Baptisé Bcycle et mis sur pied en 2010, il fournit 700 vélos dispersés à travers les 88 stations des 10 quartiers du centre de Denver. Les utilisateurs se procurent une carte d’accès (en kiosque ou en ligne) les autorisant à emprunter un vélo, puis choisissent entre la formule 24 heures incluant des trajets de 30 minutes moyennant 9$ ou 24 heures en formule illimitée au coût de 35$.
Mon coup de foudre pour Denver
Mon emballement a débuté, logiquement, en face de la Station Union, là où est littéralement née Denver. Devant le superbe immeuble complètement revampé il y a cinq ans et devenu lieu de rencontre de prédilection des résidents, j’ai rejoint Monique et les sept autres participants du Denver City Tour. Au programme de cette première journée dans la capitale: une promenade contemplative d’une quinzaine de kilomètres au fil des plus beaux sites et attractions du centre-ville.
En empruntant tour à tour des voies partagées, des pistes cyclables et des sentiers bitumés au bord de l’eau, j’ai découvert une cité accueillante et ouverte honorant tout autant les arts que la nature et les sports. Depuis la Station Union, nous avons croisé l’hôtel Oxford, reconnu comme l’un des plus vieux établissements hôteliers de la ville; la rumeur prétend qu’il est hanté. Après quoi nous avons filé vers le quartier Capitole Hill, où se dresse le Capitole de l’État du Colorado, au dôme doré et à la célèbre 13e marche: c’est précisément là que sont inscrites la marque et la mention « Un mile au-dessus du niveau de la mer».
d’art, construction insolite et pure merveille d’architecture dont j’avais maintes fois entendu parler. Un arrêt où il a été question, entre autres, des réactions controversées suscitées par l’œuvre de l’architecte Daniel Libeskind créée en 2006, le bâtiment ayant alors été décrit comme «une lame de rasoir déchirant le ciel de Denver» par un journaliste du New York Times. Sur l’avenue Colfax, j’ai tenté de m’imaginer participer au populaire marathon de Denver, pendant lequel des milliers de coureurs prennent chaque année possession de la plus longue artère de la ville. Nous avons poursuivi notre chemin vers les quartiers LoDo (Lower Downtown) et RiNo (River North Art District), ce dernier ayant achevé de me conquérir à force de grands, très grands coups de cœur.
Dans ce quartier qui n’était qu’une idée il y a à peine quatre ans, j’ai été renversée par l’ingéniosité et l’atmosphère branchée se dégageant des anciens entrepôts convertis en bars, restaurants, boutiques et cafés. J’ai trouvé ahurissantes de beauté ces ruelles disséminées qu’on surnomme Graffiti Alleys. J’aurais pu prendre des centaines de photos de ces murs recouverts d’œuvres d’art urbain clamant en teintes multicolores l’art, la liberté et la vie.
En arrêtant un moment devant le centre de congrès du Colorado, j’ai subi un autre coup au cœur en présence de la sculpture représentant un immense ours bleu le nez collé à la fenêtre. Cette œuvre, réalisée par l’artiste local Lawrence Argent, s’est rapidement transformée en emblème de la ville.
La bibliothèque publique, le parc Civic Center, les stades Coors Field et Mile High, le Performing Art Complex étaient sur le chemin qui nous menait au parc Confluence. De là, nous avons roulé quelques kilomètres sur les sentiers asphaltés du South Platte River Trail et du Cherry Creek Bike Path longeant la rivière. Nous avons traversé le quartier des théâtres puis celui des musées en direction de Larimer Square, baptisé en référence au général Larimer, fondateur de Denver le 22 novembre 1858! En dévalant les rues de ce quartier historique aux bâtiments bourgogne, j’ai su que Denver et moi, c’était une histoire d’amour pour la vie.