Quand le Tour de France devient le tremplin marketing de nouveaux modèles de vélos à assistance électrique, c’est qu’on assiste à un tournant important dans ce marché. Même très très important.
Chaque année, Le Tour de France est l’occasion de lancer de nouveaux produits ou de promouvoir les plus récentes itérations des différents modèles de vélos utilisés par les pros. Le premier jour de repos est normalement consacré, pour une bonne partie des journalistes et des publications spécialisées, à préparer des articles sur les groupes, les cadres, les roues ou quoi que ce soit d’autre de jamais vu et qu’emploient les équipes.
Plus ça va, toutefois, et plus les nouveautés s’annoncent au compte-goutte au fil de la saison. On en voit donc plus au Giro et pendant les classiques, désormais, que lors du Tour.
Ce qui ni ne veut pas dire que la course la plus prestigieuse et la plus regardée de l’année n’est plus le tremplin marketing qu’il était.
Quand le Tour devient électrique
Il y a moins de nouveautés, donc. Mais ce n’est pas pour autant la fin des guérillas publicitaires au Tour.
Et cette année, Specialized a marqué le coup et l’imaginaire de manière assez spectaculaire en donnant à plusieurs de ses coureurs des vélos à assistance électrique (VAE) pour qu’ils les utilisent pendant leur habituelle sortie du jour de congé (si vous l’ignoriez, les coureurs roulent un peu lors de leurs 2 journées de repos).
On a donc mis Peter Sagan et Julian Alaphilippe sur le nouveau Turbo Creo, et on tendu la perche aux journalistes… qui n’ont pas attendu longtemps avant de se lancer dans la promo de la chose.
Le VAE adoubé
Que le fabricant américain choisisse le Tour pour lancer ce genre de produit confirme bien l’intérêt qu’on porte aux VAE dans le marché cycliste. Et aussi, le chemin parcouru dans l’esprit de bien des gens : il ne s’agit plus d’un produit ridiculisé ou méprisé par les cyclistes.
Dans la même veine, EF Education a profité du camp pré-Tour pour faire la promo du Cannondale Synapse Neo, l’employant comme un scooter afin de faire le pacing de Mike Woods et Teejay Van Garderen dans les montagnes (avec Tim Johnson au volant).
Nous voici donc au moment où le marché cycliste de performance est entièrement tourné vers un seul événement promotionnel, le plus important de l’année, et c’est de VAE dont on parle essentiellement.
Pas très étonnant, remarquez. D’abord parce qu’on sent que le marché nord-américain connait enfin la percée attendue depuis longtemps (l’Europe et l’Asie ont saisi l’intérêt pour ce genre d’engin depuis longtemps), mais aussi parce que les vélos se raffinent, se déclinent désormais en modèles haut-de-gamme, que les systèmes d’entraînement et de batteries sont de plus en plus discrets… Si bien qu’on n’en a jamais vu autant sur la route.
Ni dans les sentiers, d’ailleurs, où ils se multiplient. Pas de hasard, là non, puisque se tiendront cette années les premiers Championnats du monde de vélo de montagne à assistance électrique, ici même, au Mont Sainte-Anne. (Patrice Drouin, de Gestev, m’a expliqué, dans le podcast que j’anime, à quoi cela ressemblera).
Adoubé par les pros. Considéré comme un produit à mettre de l’avant par les fabricants. Adopté par un nombre croissant d’adeptes et figurant désormais parmi les disciplines des mondiaux de l’UCI : la VAE connait son heure de gloire. 2019 est vraiment l’année où tout a changé pour le vélo assisté.