Au début, je trouvais ça drôle les reprises de vieilles courses, les entrevues sur comment Froome a bluffé tout le monde avec son attaque sur le Finestre dans le Giro de 2018, les palmarès des plus belles étapes du Tour, les Everesting à tous vents ou les questionnaires sur qui sont les plus grands coureurs de tous les temps.
Puis, en regardant les 30 dernières bornes de la Royal Bernard Drome Classic pour préparer une entrevue avec le coureur Québécois Nick Zukowski, ça m’a pogné : je m’ennuie de regarder des courses de vélo.
Entendons-nous, les étapes de plat du Tour ou les 250 premières bornes de Milan-San Remo ne me manquent guère. Malgré tout l’amour que j’ai pour le cyclisme, il reste que le format médiatique de ces épreuves est encore trop souvent soporifique.
Ce qui me manque, c’est de suivre ce bout-là des courses sur Twitter pour en avoir les faits saillants (qui est dans l’échappée, qui a chuté, qui chasse), puis de sauter sur la diffusion live pour la fin. Parfois avec un écouteur dans l’oreille, parce que je n’ai pas le temps de regarder une heure, et c’est alors le cri d’un commentateur qui m’oblige à aller cliquer sur l’onglet de la course pour aller vérifier ce qui se trame.
Je m’ennuie de spéculer. De faire des prédictions. De lire les entrevues d’après-course, les analyses, les prises de position des observateurs.
Je m’ennuie du cirque. Des photos. Des déclarations à chaud. Des directeurs sportifs. Des éternels débats (devrait-on attendre ou pas le leader de la course en cas de chute?) dont les amateurs comme moi sommes imbibés.
Je m’ennuie du rythme de la course. De ses cassures. De ses exploits, mais plus encore des espoirs déçus. J’aime le cyclisme parce qu’il comporte toujours des récits de bravoure, de déception, de trahison, de retournements improbables. Chaque épreuve est le chapitre d’une épopée. C’est le plus dur, le plus beau des sports. Même s’il a ses longueurs et traîne avec lui les relents d’une époque où l’on supportait encore la lenteur. Ou peut-être aussi à cause de cela.
Le cyclisme dans ma vie
Même lorsque je ne regarde pas, j’adore entendre les voix des commentateurs, flottant dans la maison, se mêlant à l’odeur du café et des toasts. J’aime que le cyclisme fasse partie de ma vie.
C’est est mon hockey, ma culture sportive, cette drôle de passion qui me fait lire des kilomètres d’entrevues dans Procycling, des bouquins entiers sur des courses mythiques (le Tour, le Giro, Paris-Roubaix), des légendes (Copi, Merckx, Fignon, Hinault, etc.), des tactiques de course (j’ai dévoré How the race was won). C’est un sujet de conversation avec les amis. C’est le truc que je regarde les matins de fin de semaine au printemps quand il fait trop froid pour rouler avant midi, c’est la porno que je regarde sur « avance rapide » le soir quand ma blonde est couchée.
J’ignore si ce calendrier de fou que propose l’UCI va tenir le coup. Et si c’est le cas, je risque l’indigestion, puisqu’on aura comprimé une année de course sur quelques mois. Mais bâtard que j’ai hâte.