À moins d’une catastrophe, l’avenir du vélo de montagne est assuré.
Suffit de visiter les sentiers pour s’en convaincre : peu importe le jour de la semaine, au Mont Sainte-Anne, à la Vallée Bras-du-Nord ou au E47, des familles à la dizaine montent et dévalent les sentiers. L’humeur n’est pas toujours à la rigolade et il y a bien quelques jeunes néophytes plus récalcitrants que d’autres (« quand est-ce qu’on arriiiiive en hauuuuut??? »), mais l’idée, c’est que ces enfants-là soient présents en très grand nombre afin d’assurer la pérennité du sport.
L’idée, c’est de semer large pour récolter de manière satisfaisante au final, après les pertes encourues par le cours normal des choses, selon l’inévitable fluctuation des intérêts des jeunes.
Et pourquoi donc les familles sont-elles si nombreuses? Il y a un effet de mode, c’est sûr. Mais le terrain y est pour beaucoup lui aussi.
La plupart des réseaux de sentiers sont conscients qu’ils doivent attirer les familles, que l’argent d’aujourd’hui comme de demain (pour les motifs susmentionnés) est là. Et puis les adeptes actuels finissent par avoir des enfants, mais désirent continuer de rouler en initiant la marmaille.
Les administrateurs de ces lieux sont aussi conscients du potentiel de conversion de nouveaux adeptes d’âge adulte et de la nécessité d’accommoder toutes ces clientèles, de leur initiation à leur passage à des niveaux plus avancés. Pas seulement de contenter des experts et ainsi accéder à la légende du « plusse meilleur réseau de pistes pas faisables ».
Mettre fin à l’élitisme
C’est une affaire de philosophie de conception. L’idée est de tirer tout le monde vers le haut, et non pas de juger de leur courage ou de leurs capacités dans un design de sentiers prohibitif.
Par exemple : une voie de contournement d’un passage pour expert ne devrait pas ressembler à une punition, volontairement mal conçue et peu entretenue. Au contraire. Il faut que les pistes plus difficiles soient invitantes, qu’on puisse y apprivoiser les difficultés une à une et être récompensé lorsqu’on y parvient. Pas puni lorsqu’on n’a pas l’expérience requise.
Virons les choses de bord et mettons fin à la philosophie antédiluvienne du vélo de montagne, sport macho qui récompense le talent, mais plus encore la témérité, et qui humilie celles et ceux qui sont paralysés par l’idée de tomber et de se blesser. N’appelons plus les voies de contournement des « chicken pass », mais faisons-en la voie normale, avec des segments simplement destinés aux experts.
C’est là qu’est l’avenir du sport : dans une vision inclusive, progressiste, qui récompense le courage sans punir le manque d’assurance ou de compétences. Sinon, le vélo de montagne se condamne a souffrir les effets de mode et à n’être qu’un refuge pour junkies d’adrénaline. Une clientèle justement volatile, qui trouvera assurément, un jour, son fix aillleurs que dans les sentiers.