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Le blogue de David Desjardins

…et je serai guéri

25-09-2020

Photo par Maksymilian Sleziak sur Unsplash.

Le putain d’étau se resserre.

Le boulot assiège mes jours et mes nuits. L’école ferme déjà, en septembre, pour deux semaines,  because la Covid. La menace de passer au rouge nous gagne. Les événements s’annulent à la chaîne.

L’envie de m’imbiber quotidiennement les neurones de bière, de rhum ou de m’évader dans les fumées des rites rastafariens me gagne.

Mais donnez-moi seulement une ride de bike et je serai guéri.

Peu importe où. Comment. Pour combien de temps. Rouler est ma thérapie universelle.

Je m’en suis encore convaincu cette semaine. Les couleurs de feu dans lesquelles se consument la fin de l’été avaient gagné les montagnes. En remontant vers Stoneham, entre Québec et le parc des Laurentides, le soleil inondait des plaques de rouge, d’orange, de jaune sur les flancs des accidents topographiques. Je suis arrivé au pied des sentiers à 16h. Juste à temps pour l’heure dorée.

J’ai mis du reggae dans mes oreilles et je suis parti. Une montée, une descente. Et encore. Et encore. Le soleil déclinait et les rayons obliques foudroyaient les sentiers en traversant le feuillage mourant. La piste était sèche, parfaite, rapide. Mon attention entièrement consumée par l’exercice. Ras Michael (alias Dadawah) chantait la paix, l’harmonie et la liberté dans mes oreilles. Je me sentais délivré du poids d’un quotidien que le contexte social actuel tend à lester encore plus cruellement qu’autrefois.

Déjà que c’était dur. C’est devenu invivable par moments.

Mais donnez-moi seulement une ride de bike et je serai guéri.

Ça aurait pu se passer autrement. C’est sans doute seulement un adon. Mais c’est un peu comme si tout c’était placé ensuite. Je suis sorti des sentiers les jambes explosés, les bronches en feu, le bas du dos éreinté autant par les montées menées à fond de train que par l’accroupissement dans les descentes, la tige de selle téléscopique enfoncée tout au bas. J’étais fourbu, mais prêt à affronter le pire que le réel avait à m’imposer.

Sauf que tout paraissait être entré dans l’ordre en mon absence. Les conflits se résorbaient, du moins pour l’heure. Je n’aurais pas à combattre. La vibration de la musique et le buzz d’endorphines m’ont porté jusqu’à la maison. J’ai ouvert ma seule bière de la soirée. Je suis tombé de fatigue après n’avoir lu qu’une dizaine de pages de mon livre. Je n’ai pas passé la nuit à tourner sur moi-même.

La vie est une course. Des fois j’y pourrais quelque chose. Je pourrais ralentir. D’autre fois je n’y peux rien et l’accumulation des tâches, des problèmes et des soucis finit par me rendre malade. Je regarde mon cell, mon ordi, mes listes, et la nausée me prend.

Mais donnez-moi seulement une ride de bike et je serai guéri.

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