L’année s’amorce dans le brouillard de l’incertitude. Impossible de faire des projets, d’échafauder des plans. J’ai donc décidé d’insuffler de la structure à un quotidien de plus en plus mou. Et d’observer le présent plutôt que de contempler l’avenir.
Ça commence par un journal. J’en tiens un depuis le tout début de janvier. Tous les jours, j’y inscris mon poids au réveil, la qualité de mon sommeil et mes sensations. Suis-je courbaturé, mentalement fatigué ou frais comme une rose? Je l’écris. Rien de bien long, quelques lignes à peine. Enfin, j’ajoute mon ou mes entraînements du jour et comment ils se sont déroulés. Par exemple : « 1h de ski en endurance et 1h30 d’intervalles longs en endurance sur le rouleau. Tension dans le dos, bonnes jambes, mais baisse de motivation. »
Le dimanche, je fais un court bilan de la semaine en relisant mes notes.
J’ignore si je parviendrai à tenir ainsi toute l’année, mais pour le moment, j’aime cette idée d’avoir ce temps pour moi, de prendre un pas de recul et observer des tendances.
J’oubliais : à la toute première page de ce cahier qui me sert de journal, j’ai inscrit mes réussites et mes déceptions de l’année précédente, puis mes objectifs pour celle qui suit. J’y ai aussi ajouté des intentions : quelques souhaits plus velléitaires, comme de faire plus d’étirements et de yoga, voire de la méditation afin de réduire mon stress et améliorer mon sommeil.
Faire semblant
Je vous entends me dire : mais quels objectifs peux-tu bien avoir alors que, tu viens de le dire, on ne peut rien planifier.
Eh bien je fais comme si. Comme s’il y allait y avoir une saison de courses de gravelle et de raids de vélo de montagne (mes objectifs pour 2021). Je ne me suis pas inscrit au TransRockies, comme j’en avais envie, parce que la tenue de ce genre d’événement me parait trop improbable. Mais je me donne des buts « au cas où », des balises afin d’établir un plan de match et déterminer la forme de mes entraînements pour les mois à venir.
S’il s’agit d’un mirage? Tant pis. Cette forme ne sera pas perdue et j’aurai donné à ma saison préparatoire le squelette dont elle a besoin. Parce que le pire ennemi, ici, est le manque de motivation.
En faisant un suivi de quotidien, puis hebdomadaire, et en y superposant mes objectifs et mes intentions, je suis en mesure de valider ma progression, de m’auto-analyser et de m’aiguiller avant d’entreprendre les entraînements un peu plus pénibles dans ce processus.
C’est un exercice recommandé par les psychologues sportifs que je n’avais jamais mis en pratique, sinon en suivant ma progression de forme sur des outils objectifs comme Training Peaks. Mais ce qui m’intéresse ici, c’est le récit, c’est le retour subjectif sur mon parcours, c’est la manière de donner du sens à ce que je fais en l’inscrivant dans mon quotidien plutôt que laissant flotter dans l’éther des jours futurs.
L’horizon se rétrécit, alors je change de point de vue.