Mieux encore que des céréales, des croissants, du gruau ou des toasts, ce que je préfère au déjeuner, c’est des pavés.
On dirait que les classiques belges, c’était hier. Ce qui n’est pas entièrement faux. Tenues à l’automne, pour les raisons qu’on connait, les légendaires épreuves sur les pavés de la campagne flandrienne nous reviennent à l’horaire habituel. Comme un semblant de normalité qui fait du bien.
C’est donc le retour de Omloop Het Newsblad en fin de semaine, une semi-classique qui donne plus ou moins le ton à ce début de saison. Je dis « plus ou moins », parce qu’on ne gagne pas les monuments sur pavés de la « semaine sainte » (Tour des Flandres et Paris-Roubaix) après avoir remporté l’Omloop. On parle même d’un mauvais sort : aucun coureur n’a jamais remporté les Flandres après avoir gagné l’Omloop.
Reste que c’est un Omloop historique à bien des points de vue. Romain Bardet et Julian Alaphilippe (soutenu par un aréopage de fortes pointures que sont Stybar, Sénéchal, Agreen, Lampaert qui est arrivé 2e l’an dernier) y seront pour la première fois. Olivier Naesen et Greg van Avermaet y sont désormais coéquipiers.
Rayon nouveautés, Sep van Marke y fait sa première compète sous les couleurs de la Israel StartUp Nation. Et Jasper Stuyven y sera pour défendre son titre, en plus des Soren Kragh Anderson, Stephan Küng, Ti. Wellens, Mads Pedersen et autres gros rouleurs.
Pourquoi j’aime tant cette course?
D’abord parce qu’elle emprunte certains des secteurs pavés les plus mythiques de ce coin de pays. Des « bergs » et des « muurs » parfois brutaux, accidentées parce que pavés, menées à fond de train, chacun étant un micro-objectif à l’intérieur de la course puisqu’on veut arriver à chacun parmi les premiers pour ne pas être pris dans la mêlé, ralenti, ou pire encore : incapable de répondre à une attaque parce qu’un mur de coureurs se dresse devant vous et ne va pas assez vite. Ce qui mène à une guerre permanente sur des routes minuscules afin de se positionner au bon endroit au bon moment.
Sinon? Il fait froid. Il pleut souvent. Il vente à écorner les bœufs, si bien que surviennent souvent de solides coups de bordure (ou échelons), menaçant de faire exploser la course.
Mais c’est surtout un symbole. C’est là que les choses débutent. Et cette année, on a besoin de symboles plus que jamais. Des poussières de normalité qui flotte dans l’éther de nos jours immobiles.