Une blessure physique peut provoquer un traumatisme psychologique. Voyons ce qu’il en est et comment y faire face.
Une personne qui a subi une blessure en pratiquant son sport peut être obligée de faire le deuil de plusieurs choses : ses objectifs, son sentiment d’efficacité personnelle, le renforcement positif de la part des coéquipiers et des entraîneurs, ses repères, son appartenance à l’équipe ou à son groupe d’entraînement, son identité d’athlète, etc. Bien comprendre ses réactions psychologiques et connaître les meilleures stratégies pour s’y adapter permettent de mieux faire face à un tel défi. La réaction psychologique liée à une blessure peut d’ailleurs se comparer aux cinq étapes du deuil définies par Elisabeth Kübler-Ross. La première étape est celle du choc et du refus de la réalité : le sportif croit que la douleur n’est que passagère et qu’il pourra poursuivre son entraînement sans grande conséquence.
Puis, en deuxième lieu, jaillit la colère. Par exemple, lorsqu’un cycliste constate que la blessure – et la douleur qui l’accompagne – ne lui permet pas de remonter sur sa monture, il peut s’en vouloir d’avoir été imprudent ou d’avoir mal évalué le parcours. Il peut aussi en vouloir aux autres d’avoir causé son accident.
À la troisième étape, la colère fait place à la tristesse et au découragement. Le doute s’installe dans la tête de l’athlète : sera-t-il un jour en mesure de reprendre l’entraînement et de pratiquer le sport qu’il aime tant ?
Vient la quatrième étape, celle du marchandage. Il s’agit d’une phase cruciale pour la personne qui doit composer avec une blessure. Comme la guérison suit son cours, celle-ci a l’impression qu’elle peut revenir à l’entraînement en « négociant » quelques changements en fonction de ses incapacités. Le danger ici est de reprendre sa pratique sportive trop rapidement et d’aggraver la blessure ou d’en retarder la guérison.
Si le sportif ne tombe pas dans ce piège et que la reprise de ses activités se fait suffisamment progressivement, la cinquième et dernière étape, celle de la guérison, peut émerger. La personne reprend alors sa routine habituelle.
Une bonne convalescence en six points
➊ Se fixer des objectifs en vue de la guérison. De concert avec le personnel médical, le sportif peut définir des objectifs précis, mesurables et atteignables, avec une échéance réaliste pour chacun d’eux, afin de suivre sa progression. La personne a ainsi le sentiment d’avoir un certain contrôle sur sa situation tout en réduisant l’incertitude et le stress. C’est un bon moyen de maintenir sa motivation durant cette période d’inactivité.
➋ Garder le contact avec son milieu sportif. L’environnement d’entraînement et la présence des partenaires représentent souvent un filet de sécurité et un réseau de soutien social pour l’athlète. En convalescence, il est important d’entretenir les liens avec ce réseau. Rouler en groupe est peut-être impossible, mais pas les appels téléphoniques ou les soupers entre amis !
➌ Visualiser son corps guéri. Il est possible pour le sportif de se représenter mentalement la partie du corps douloureuse ou enflammée en train de se rétablir. Il peut aussi s’imaginer en train d’effectuer des mouvements sans douleur, comme il le faisait avant la blessure. Dans l’impossibilité d’exécuter réellement un mouvement, le faire mentalement contribue à conserver ses acquis techniques.
➍ Pratiquer des exercices de relaxation. Des tissus détendus se répareront beaucoup facilement que des tissus tendus. La relaxation favorisera aussi la circulation sanguine, ce qui facilitera le transport des nutriments dont le corps a besoin pour guérir.
➎ Adopter une attitude positive de manière à transformer la situation négative en occasion favorable. Le fait d’alimenter l’optimisme et l’espoir d’une guérison ou d’une amélioration préserve le sentiment de contrôle et l’estime de soi. Cela renforce également l’identité de l’athlète tout en donnant de la perspective à l’événement et en permettant de garder un certain équilibre. Une blessure, c’est l’occasion de se remettre en question et de réaffirmer son choix et sa motivation à l’égard de son sport.
➏ Entretenir un dialogue intérieur constructif. Ce dialogue remplit deux fonctions principales : motiver et guider le mouvement. C’est en quelque sorte se donner des consignes dans sa tête. À titre d’exemple, une personne qui récupère d’une blessure au genou pourrait se dire « C’est de mieux en mieux ! » pour se motiver, et « Plie les genoux encore un peu plus » lors de ses exercices de renforcement. C’est surtout sa fonction stimulante qui sera utile durant la convalescence. C’est d’ailleurs ce qui différencie les athlètes qui récupèrent plus rapidement de ceux qui mettront plus de temps à guérir. Un dialogue intérieur encourageant et motivant contribue à un rétablissement plus rapide.