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Actualités, Bromont, Québec

Bromont, ou comment devenir une mecque du vélo

24-08-2022

Centre national de cyclisme de Bromont © Jessy Brown

« Spectaculaire » est le premier mot qui vient à l’idée quand on voit le nouveau vélodrome Sylvan Adams – centre multisports Desjardins, à Bromont. Un toit et une piste ne sont pas les seules nouveautés ; c’est la mecque du cyclisme qui est en train de voir le jour à Bromont.

Quand ils ont démoli la piste à Montréal, je ne croyais pas de mon vivant en voir une autre au Québec », lance avec un brin d’émotion Éric Van den Eynde, entraîneur au vélodrome olympique en 1976 et toujours actif 46 ans plus tard au Centre national de cyclisme de Bromont (CNCB) et à la Fédération québécoise des sports cyclistes (FQSC). « Avec toute la panoplie d’activités possibles, ce centre sera un amphithéâtre très vivant » ajoute-t-il. Est-ce bien lui qui dit ça ?

Le CNCB attirait déjà 55 000 visiteurs chaque année. La nouvelle structure devrait doubler l’achalandage dès 2023 et générer des retombées de 2,5 millions de dollars, ainsi que 1200 nuitées supplémentaires dans Brome-Missisquoi et en Haute-Yamaska. Le vélodrome et son toit ne sont pas les seules nouveautés. La municipalité des Cantons-de-l’Est et tout le Québec se dotent d’une piste de BMX (pump track), d’un gymnase multisport avec piste d’athlétisme, de zones d’escalade et de trampoline, de terrains de tennis, de pickleball et de soccer, sans oublier un centre de recherche sur la performance cycliste.

L’édifice fera honneur aux Lyne Bessette, Clara Hughes, Léandre Bouchard, Guillaume Boivin et compagnie qui s’y sont entraînés sur la piste extérieure. Incluant le Madelinot Hugo Barrette, multiple médaillé de championnats canadiens et panaméricains, dont la carrière a débuté à Bromont. « C’est la réparation d’une erreur commise il y a 33 ans, quand on a démoli le vélodrome des Jeux de 1976 et balayé l’héritage olympique », soupire Louis Barbeau, directeur général de la Fédération québécoise des sports cyclistes (FQSC).

© Centre national de cyclisme de Bromont

UN ÉDIFICE MODERNE

Gage de succès et de qualité, la conception de la surface revient au réputé Peter Junek, auteur de 33 ouvrages du genre dans 14 pays. Ses réalisations lui ont permis d’établir une quinzaine de records du monde !

Fait à noter, outre les dons matériels des entreprises, le CNCB a reçu une subvention d’un million de dollars du ministère des Forêts, de la Faune et des Parcs (MFFP) pour l’innovation de la construction. Pour la première fois, dit-on, trois technologies sont réunies dans un bâtiment : un coffrage isolant écoénergétique et écologique, de l’entreprise Nudura, à Granby, une centaine de poutres en bois lamellé de 16,7 m, de la société Goodfellow, à Delson, et un anneau central en acier, de la compagnie beauceronne Canam. Le tout offert sous forme de dons ! On récupérera aussi l’eau de pluie provenant de la toiture (blanche pour réduire les îlots de chaleur) vers un réservoir de 5000 litres afin de nettoyer les vélos et arroser les sentiers extérieurs lors de périodes de sécheresse. Ajoutons que la fenestration dévoilera une vue sur le mont Brome.

Il faut savoir aussi qu’en ces temps de pandémie, de pénurie de main-d’oeuvre et d’explosion du prix des matériaux, l’échéancier et le coût total du projet ont été respectés. Un petit miracle en soi.

© Michel Guillemette

BROMONT, UN ÉCOSYSTÈME ACTIF

Avec un peu plus de 10 000 habitants seulement, la ville de Bromont entre dans la cour des grandes, aux yeux d’Éric Van den Eynde : « Dans la majorité des endroits, le vélodrome est l’unique attraction cycliste. Bromont, elle, réunit toutes les facettes du vélo. Elle a toutes les qualités d’une mecque. »

Les deux acres du site comptaient déjà cinq pistes d’habileté en BMX et vélo de montagne, une piste provinciale de BMX, 4,5 km de sentiers en plus du vélodrome extérieur. Ajoutons à cela les attraits de la coquette municipalité hyperactive et nous obtenons la majorité des disciplines du cyclisme, deux pôles importants pour le vélo de montagne et le vélo d’hiver, un enchevêtrement de routes et de chemins emballants pour le vélo de route et pour le gravier (dans les décors des Cantons-de-l’Est !), 140 km de pistes multifonctionnelles et de sentiers, et la piste cyclable L’Estriade. Il faut y vivre pour voir défiler dans la ville tous ces jeunes en camp d’été ou en sortie scolaire. Quelle énergie ! Pour toutes ces raisons, le CNCB s’approche de sa vision : devenir le pôle du cyclisme en Amérique du Nord.

NICOLAS LEGAULT, LE MAÎTRE D’OEUVRE

Ce fabuleux projet, on le doit au rêve de plusieurs individus, mais surtout à celui de Nicolas Legault. Grand amateur de plein air au sens large (expéditions de canot et de kayak, cyclotourisme, camping hivernal, etc.), il vient de terminer un baccalauréat en kinésiologie de l’Université de Sherbrooke en Californie lorsqu’il se retrouve par hasard au CNCB : « J’ai trouvé ça cool comme endroit », se remémore-t-il.

Tellement qu’il postule et se fait embaucher… comme concierge ! Une semaine plus tard, le voilà surveillant de nuit dans les camps d’été et rapidement entraîneur adjoint. Avant de s’impliquer dans la venue de la Coupe du monde de 2009. La suite ? Une formidable histoire : une fréquentation en forte hausse, des programmes scolaires, des séjours estivaux… Merci, Nicolas Legault !

« Il était jeune à son arrivée et déjà il avait une vision d’une grande ampleur, raconte Lyne Bessette. On l’aime sur-le-champ, Nicolas. Il est généreux, empathique, attentif, toujours de bonne humeur. Et brillant ! »

Depuis que le trentenaire occupe la tête de l’organisation, ses décisions ne semblent jamais pencher du mauvais côté du sort. Le respect des échéances et des coûts le confirme encore. À l’annonce de subventions possibles pour de nouvelles infrastructures en 2015, Nicolas Legault et sa directrice financière, Andrée Houle, concoctent un projet de vélodrome intérieur, qui a été refusé par le gouvernement du Québec. Un an plus tard, ils rencontrent des architectes, des gens de la communauté, la FQSC, et reviennent à la charge avec un projet estimé à 12 millions de dollars (uniquement pour un vélodrome couvert), accepté !

« À partir de là, le milieu, la population, des leaders du monde des affaires, tous se sont mobilisés », confie celui qui compare son parcours à celui des Olympiens. « On ne devient pas athlète du jour au lendemain, et c’est la même chose en affaires. L’important est d’avoir envie de relever des défis et, dans ce cas-ci, je tenais mordicus à me battre pour les donateurs et les bénévoles. J’étais la figure publique du projet, mais tous les jours, on fournissait collectivement des efforts dans le but de le concrétiser. J’aurais plusieurs dizaines de personnes à remercier. J’étais très bien entouré. » Nicolas Legault vante notamment le président du conseil d’administration, Jacques Laurin, pour son implication hors pair, le chasseur de têtes Claude Raymond, dont le réseau de contacts est impressionnant et qui a déniché beaucoup de donateurs importants, et la gestionnaire de projet Mélanie Daigle, pour sa rigueur et la bonne direction du chantier malgré le contexte très particulier.

À SURVEILLER : LA POPULARITÉ DE LA PISTE

Louis Barbeau, directeur de la FQSC, s’attend à une forte hausse de la popularité de la piste en raison de la visibilité qu’entraînera le nouveau vélodrome intérieur. « Il pourra servir à des compétitions nationales et internationales, et les jeunes découvriront des courses tellement spectaculaires. » Celui-ci estime que le nouvel édifice annonce aussi la fin des exils. En demeurant au Québec, les athlètes de piste pourront côtoyer leurs familles et amis plus fréquemment et étudier dans leur langue.

Bref, le Québec et les Cantons-del’Est peuvent désormais s’enorgueillir d’abriter un lieu privilégié pour l’adoption de saines habitudes de vie, lequel agira comme un incubateur de talents.

Au moins une dizaine de groupes et de villes avaient évoqué l’idée d’un vélodrome intérieur au fil des ans. Finalement, la concrétisation de ce projet vient d’une petite municipalité au terrain de jeu exceptionnel, Bromont, et surtout de la fougue d’un inspirant directeur général de 37 ans seulement, Nicolas Legault.

Félix Leclerc avait bien raison : « Pour voir fleurir mon vieux tilleul, j’en ai planté un jeune à côté. Et ça a réussi. »


UN PROJET DE 21 MILLIONS DE DOLLARS
Gouvernement du Québec : 41 %
Dons des entreprises, fondations et
individus : 39 %
Gouvernement du Canada : 10 %
Ville de Bromont : 10 %
Le don le plus important : 2 millions de dollars de la Fondation Sylvan Adams, du nom du magnat de l’immobilier israélo-canadien, maintes fois médaillé en cyclisme, qui a fait ses premières armes sur l’ovale de Bromont.
Coprésidents de la campagne de financement : Jacques Laurin (Desjardins) et Richard Voyer (Soprema).

LES RETOMBÉES
• 2,5 millions de dollars par année pour le vélodrome
• Plus de 100 000 visiteurs annuellement dès 2023
• 1200 nuitées supplémentaires dans les hébergements
• Une dizaine d’emplois créés, à temps plein et à temps partiel
• Lieu de grande capacité pour la tenue d’événements et de congrès
• Centre de recherche et d’innovation unique grâce à des partenariats de pointe

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