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Le blogue de David Desjardins

Enfin, Mike l’a fait!

10-07-2023

Micheal Woods entre officiellement dans la légende sur le podium du Tour

Il était temps que Mike Woods, l’un des plus québécois des ottaviens, finisse par la remporter, cette étape du Tour qui l’éludait.

Il était temps parce que, comme il le rappelait à l’arrivée, il approche dangereusement de la quarantaine. Parce que les occasions sont rares. Parce qu’il manque souvent le bon coup, faute d’être bien positionné, et parce que le vélo, bon, c’est plein d’impondérables qu’il est difficile de saisir assis dans son salon.

Je suis heureux pour lui. Parce qu’il le mérite. Parce qu’il a travaillé comme un dingue pour parfaire chaque aspect de sa pratique. Vous ne trouverez pas plus appliqué, plus travaillant. Plus gentil, aussi, faut-il le souligner. Il n’a pas remercié son coach, sa femme et son équipe (Israel-PremierTech) parce que c’est ce qu’il faut faire, comme ces acteurs qui rendent grâce Dieu en recevant leur Oscar ou des musiciens leur Grammy. Il l’a fait parce qu’il sait que ce triomphe, il le doit autant à eux qu’à son travail acharné.

Les athlètes ne sont pas tous de petits enfants avec des egos monstrueux, heureusement.

Exemple de la gentillesse du type? Je l’ai rencontré deux ou trois fois. On a fait quelques entrevues pour mon podcast. Puis un jour je lui écris, comme ça, pour lui demander de me refiler sa sortie la plus « épique » (mes mots) autour de Gérone, où il habite en alternance avec Andorre, sa base en altitude. Quelques jours plus tard, il me refile un fichier Strava : une sortie que je n’oublierai jamais. Parce qu’elle était dure, magnifique et totalement hors des sentiers battus, et parce qu’elle s’est terminée de manière parfaitement… épique, justement. Mais ce n’est pas la question. L’idée, ici, c’est juste de dire : cherchez donc un joueur du Canadien qui ferait pareil…

Mike a souvent remercié Bruno Langlois, qui l’a pris sous son aile quand il est arrivé chez Garneau, néo-pro, débarqué de la course à pied et connaissant à peine les us du cyclisme. Il a trouvé l’aide qu’il lui fallait avec Paolo Saldanha comme entraîneur et Sylvan Adams comme mécène. Il les a tous profusément remerciés.

Ils ont investi leur confiance en lui. Cette victoire les enrichit tous. Sa gratitude est authentique.

Le voici maintenant 3e Canadien à avoir remporté une étape de la Grande Boucle, avec Bauer et son coéquipier Hugo Houle, l’an dernier. Pas une petite en plus. Sur le mythique Puy de Dôme, à la pédale, ramenant l’Américain Matteo Jorgenson comme on mouline lentement mais sûrement pour rapprocher le gros poisson vers sa barque avant de le prendre au filet quand il est cuit.

Je pensais qu’il était parti trop tard, qu’il allait encore l’échapper de peu. J’ai rarement été aussi content de me tromper.

Lui, il savait. Lui, il croyait. Ça prend beaucoup de ça pour l’emporter : de la tête autant que des jambes. Une confiance en acier trempé.

D’ailleurs, suis-je le seul à trouver que Woods avait l’air heureux de gagner, mais pas surpris? Je pense qu’il a dû souvent répéter cette victoire dans sa tête. Elle a fini par advenir. Le songe s’est matérialisé. La classe, le travail et la proverbiale gentillesse canadienne ont triomphé. Tout est bien. Merci pour ça Mike.

Enfin un jour sans

Il était temps que Michael Woods gagne. Il était aussi temps que le Tour fasse une pause.

Ouf. Neuf jours de Tour. Même avec quelques étapes de sprint qui se regardent plus rapidement qu’un extrait du podcast Sexe Oral sur TikTok, ça fait beaucoup de temps d’écran pour des gens qui, comme moi, y passent déjà le plus clair de leurs heures d’éveil. Pour le travail, s’entend.

Ça donne le temps de faire les bilans : côté général, Pogačar et Vinegegaard nous offrent déjà un fichu de beau duel. La Jumbo-Visma est clairement plus forte que UAE, mais Pogi tient bon. Ils vont se rendre coup pour coup jusqu’à ce que l’un d’eux craque. J’espère juste que le Slovène va l’emporter. Parce que le Tour a bien besoin d’un bouffon pour venir détrôner le roi.

Cav en orbite

Cav au départ à Bilbao

Il y en a qui étaient bien déçus que Cavendish ne réussisse pas à obtenir le record de victoires sur le Tour qu’il détient pour le moment, ex aequo, avec Eddy Merckx.

Pas moi.

Bon, oui, Jasper Philipsen lui a joué un vilain tour et son ostensible changement de ligne aurait dû lui coûter la victoire, on s’entend. Un jour, les commissaires mettront leurs culottes et punirons les fautifs, même lorsqu’ils ne passent pas à un cheveu de tuer quelqu’un. Et oui, c’est vrai, c’est bien con comme manière d’échouer, une chute.

Mais Cavendish ne méritait pas de dépasser Merckx. Le Cannibale a remporté toutes les sortes de victoires imaginables. Il a cinq maillots jaunes à son actif. CINQ! C’était un coureur complet. D’une autre époque, certes. D’avant la spécialisation d’aujourd’hui. Évidemment. Il était fort, rusé, brillant. Ses victoires étaient parfois le résultat d’incroyables passes d’armes. Cavendish, lui, est un pur sprinter. Il peine à passer une bosse. Il est puissant, rapide, redoutable et efficace. Tout cela est vrai. Mais ça s’arrête là. C’est un marchand de vitesse, un négociant du risque. Il n’était bon qu’à bondir vers la ligne… après 200km à finasser dans le peloton, oui, je vous l’accorde. Mais ça n’en fait pas une légende de la taille de Merckx.

On le surnomme le missile : c’est un parfait surnom. Cav est une fusée. Il mérite d’aller en orbite. Pas de figurer parmi les étoiles, au firmament.

Largués du peloton

Comme chaque fois qu’il se passe quelque chose au Tour, il se trouve des gens qui me demandent sur les réseaux sociaux comment le regarder. D’abord : sérieusement, avez-vous entendu parler des moteurs de recherche? Google. Safari. Bing. Firefox. DuckDuckGo? Vous leur posez une question, ils répondent. C’est magique.

Et non, ce n’est pas diffusé à la télé. Soit vous vous abonnez à une app, ou à une autre.

Pour faire simple : au Canada, FloBikes détient les droits de diffusion. C’est très cher. Vous devez vous abonner pour un an. Sinon, il y a GCN (Global Cycling Network), beaucoup moins onéreux et il suffit d’utiliser un VPN pour y avoir accès en faisant semblant que vous êtes en Irlande grâce à votre serveur virtuel. Finalement, avec le VPN, vous avez aussi accès à la diffusion télé en direct sur le site du Tour.

Pour ceux que cela indigne, je répondrai que, comme un nombre croissant de mes contemporains, j’ai renoncé au câble. Quand je veux regarder le Superbowl, je m’abonne à DAZN, pour un mois, juste à temps pour attraper les quarts et des demi-finales. Puis le gros cirque où l’on joue au football pendant 12 minutes et on niaise pendant 3 heures. Ça me coûte 25$. Entre ça et l’arnaque pour obtenir mille postes minables dont je ne veux pas…

Aussi, si vous êtes un peu patients, vous dénicherez presque tout sur YouTube. On y trouve des extraits commentés d’une rare qualité. Je pense à Lanterne Rouge où les stratégies sont expliquées et finement détaillées (tous les jours, quelques heures après la course). Le compte de GCN diffuse les meilleurs moments. Jetez aussi un œil au compte Instagram de Escape Collective où l’excellent Cosmo Catalano dissèque les moments-clés de la course.

Vous devriez trouver de quoi pour ne pas trop vous ennuyer de Bernard Vallet.

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