Désolé d’y revenir avec beaucoup de retard. C’est la faute aux vacances. C’est aussi celle du boulot au retour. Et puis l’avoue, après le Tour des hommes, j’ai eu une petite fatigue. J’ai visionné celui des femmes avec quelques jours de décalage.
Mais oh boy, oh girl, je n’ai pas été déçu.
On a eu droit à plein de superbes étapes. Du drame. De l’émotion. De la tension et du suspense. Comme on aime. Mais il s’est produit quelque chose de spécial, cette année, qui vient de propulser le Tour féminin dans une autre dimension. Celle où on l’attendait.
Homérique Tourmalet
Il a suffi d’une seule étape de montagne magistrale afin que le Tour de France Femmes entre enfin dans la légende. Sa légende.
Je ne veux surtout pas diminuer ce qui a été fait jusqu’ici. Depuis le retour de l’épreuve féminine de la Grande Boucle, passée de minuscule, à petite, puis à moyenne boucle, disons, nous avons eu droit à quantité d’exploits sportifs de première qualité.
Chaque année, le niveau général du peloton prend de l’altitude. On voit le résultat d’augmentations des budgets, d’un calendrier de courses de plus en plus conséquent. Les équipes sont solides, brillamment menées et les tactiques souvent mieux exécutées que chez les hommes.
Mais le Tour, c’est plus que du sport. C’est une mythologie. Et comme dans chaque récit d’une mythologie, le décor, le déroulement des péripéties, l’ambiance et les enjeux forment un tout qui est plus grand que la somme de ses parties.
Pour que ça s’inscrive dans l’histoire, ça doit devenir une légende.
Donc, en cette journée de l’étape-reine où les femmes ont enfilé l’Aspin, puis un Tourmalet noyé dans la purée de pois, le Tour de France Femme avec Zwift est devenu mythique.
Il y a eu l’échappée de Kasia Niewiadoma. Condamnée, comme tout ce qu’elle tente ou presque. Mais menée avec un courage que les autres coureuses respectent et qui offrent à l’auditoire un spectacle haletant, de grande qualité. On lui souhaite juste que ça fonctionne, un de ces quatre.
Mais quand même. En temps normal, elle n’aurait pas survécu à l’attaque de Annemiek Van Vleuten dans l’Aspin. Mais elle s’est accrochée, avec Demi Vollering. Et quand elle a attaqué, dans une descente menée le couteau entre les dents, les deux se sont regardées. Et rien. La Polonaise s’était sauvée pendant que les autres finassaient.
Ça aurait pu marcher. Il a fallu qu’un groupe, mené par la coéquipière de Vollering, Marlen Reusser, fasse le boulot pour boucher un bon morceau du trou.
Dans la brume épaisse, Demi Vollering a finalement mis les gaz, laissant ses coéquipières – dont Lotte Kopeky, porteuse de la tunique jaune à ce moment- et ses rivales dans son sillage… Après avoir repris Niewiadoma à quelques kilomètres du sommet, où l’on ne voyait presque rien tellement le brouillard était dense, Vollering triomphait en solitaire sur le géant pyrénéen. Du coup, elle venait de s’emparer d’une victoire presque certaine. Tout était là pour que la légende s’écrive.
Un truc épique. Des attaques. Des rivales. Du drame. Un décor de film d’horreur. C’était magique. Magique.