En marge de la route Promenade dans le parc national de la Mauricie se déploie un vaste territoire propice au gravel bike. Exploration.
À quelque chose pandémie fut bonne. Lors du premier été de la crise sanitaire provoquée par vous savez quoi, Mathieu Bélanger-Barrette a eu une idée toute simple : organiser une poignée de sorties de gravel bike entre copains. « C’était assez intime au début. Avec raison : il faut se remettre dans le contexte ! » raconte ce spécialiste du vélo de montagne qui, comme plusieurs professionnels, a migré vers la gravelle dans les dernières années. Ainsi naquirent les Dimanches BarreTendre, qui ne tardèrent pas à gagner en popularité, bouche à-oreille aidant.
L’année suivante, rebelote, mais cette fois-ci sur une base plus régulière. « On roulait systématiquement toutes les deux semaines. Et des participants de tous les horizons se pointaient, pas juste mes chums de bike ! » se souvient l’athlète, qui avoue avoir été un peu pris de court par son succès. La dernière édition de ce rendez-vous, au printemps 2022, confirme sa popularité. Ce week-end là, 75 cyclistes se sont présentés au 2800 du parc afin de participer aux Vacances BarreTendre, trois jours de garnotte dans les environs de Shawinigan, en Mauricie.
SUIVRE LES TRACES
Les itinéraires, qu’on peut encore facilement trouver en ligne, font la part belle au parc national de la Mauricie. Et pour cause : on y compte environ 55 km de sentiers adaptés au vélo toute-route, dont la plupart sont partagés avec des randonneurs. « On roule sur les pistes qui sont damées par le ski de fond en hiver », précise Mathieu Bélanger-Barrette. Au menu : des racines parfois bien saillantes, quelques passages, disons, plus humides, ainsi que des bosses courtes mais sèches qui exigent de jouer du dérailleur. « Ce n’est pas un terrain de jeu pour tenir 35 km/h de moyenne. »
Un tiers environ de la randonnée, le dernier, se déroule en dehors du territoire de protection d’un échantillon représentatif du Bouclier canadien. On se remémore la circulation automobile dès qu’on franchit l’entrée Saint-Gérard du parc national de la Mauricie. Direction le bas des pentes du centre de ski Vallée du Parc, où débute une enfilade de petits lacs qu’il faut contourner. Attention, de courtes sections vous demanderont de débarquer de votre monture et de marcher… y compris dans un ruisseau un brin marécageux.
Cette parenthèse de hike-a-bike fait partie intégrante de toute aventure de gravel bike qui se respecte, pense Mathieu Bélanger-Barrette. « Ce sont des passages plus techniques et plus exigeants dont on parle devant une bière à la fin de la journée, pas des moments où tout va bien ! » plaide-t-il. À voir le sourire des participants captés sur le vif, en train de porter leur vélo sur l’épaule tels des adeptes de cyclocross, pas le choix de lui donner raison. À ce point-ci, il ne reste de toute façon que quelques bornes avant de revenir au point de départ pour faire sécher ses socquettes. Et trinquer, justement.