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Le blogue de David Desjardins

Rouler entre les saisons

28-10-2024

Photo: André Gaulin @ Unsplash

En plein été, lorsque j’y roule en semaine, je ne vois presque jamais personne dans les sentiers du Mont Sainte-Anne qui sont désormais mon arrière-cour.

La fin de la saison et quelques jours de température inhabituellement clémente ont attiré les badauds, dirait-on. Je suis sorti trois fins d’après-midi, la semaine dernière, et j’ai chaque fois croisé autant de gens que je le fais un dimanche de juillet.

Tout ce beau monde doit être animé par un sentiment d’urgence induit par la fin imminente. Pas celle du monde, à laquelle nous confrontent les étés qui s’étirent, mais plutôt, dans l’immédiat, celle de l’automne.

L’an dernier, à pareille date, il a neigé ici, dans les hauteurs de St-Ferréol. Vendredi matin, j’ai sorti le grattoir pour dégivrer les vitres de l’auto et j’ai croisé quantité de skieurs à roulettes qui sentent que leur saison approche.

Ils ne sont pas seuls. Je réaménage mon gabanon (un grand cabanon attenant à la maison, muni d’une petite porte de garage, d’où son surnom) pour l’hiver. Le nettoie encore quelques pièces en faisant des essais avec ma machine à ultrasons. Je cire des chaînes dans la cocotte pour l’an prochain. Je prépare mon vélo d’intérieur et ma table à cirer pour les skis.

Mais la saison de vélo n’est pas encore tout à fait terminée et j’en savoure les derniers instants.

Il a très peu plu. Quelques généreuses âmes ont soufflé les feuilles à plusieurs endroits et les sentiers sont dans un état absolument magnifique. La plage quotidienne pour rouler confortablement rétrécie comme peau de chagrin. Mais quelques heures suffisent pour profiter à fond de cette période bénie, entre les saisons, où les couleurs vives s’apprêtent à virer au brun. Puis au blanc.

Le sol possède une traction qu’il n’a qu’à ce temps de l’année. Dur. Compact. « Grippy », comme le décrit un ami. Pas besoin de parler bilingue pour comprendre. La simple prononciation de cet adjectif anglofriendly suscite l’image d’un pneu à crampons qui colle au sol comme une gomme à mâcher sous la chaussure d’un citadin qui oublie au mauvais moment de regarder où il met le pied.

Ce qui ne m’a pas empêché de flirter avec la chute quelques fois. Mon nouveau vélo 100% cross-country (Pivot Mach 4 SL) est muni de pneus de course. Rien à voir avec les crampons de l’enfer de ma précédente monture : un trail chaussé comme un pur descendeur.

Je joue avec la pression de mes pneus. Visiblement, 19 livres, c’est encore trop à l’avant pour ces Maxxis Rekon Race 2.4 que le site de la compagnie décrit comme des semi-slick pour la courte piste et les conditions sèches. (Bon, il y a mes compétences, aussi, qui sont en cause…)

Je pousse un peu ma luck. Je sais. Mais ce bébé de la nouvelle génération des vélos de cross-country me surprend un peu plus chaque jour. Comme les nouveaux nés de Yeti est Specialized (pour n’en nommer que quelques-uns), on a revu la géométrie de ces machines de course afin de mieux répondre aux demandes de parcours très techniques.

Je pense que ça va faire disparaitre le trail bike. Du moins, pour ceux qui aiment aller vite en montant et en descendant, veulent un bolide léger, mais aussi une plateforme stable et agile.

Mais assez de considérations techniques. J’y reviendrai. Comme je retourne ces jours-ci à la forêt.

Parlant d’elle, je suis toujours étonné de voir à quel point ces fameuses saisons modifient notre perspective dans les bois. Le même sentier a l’air d’un autre endroit en juillet, d’un autre pays en janvier. On en vient parfois à perdre nos repères. La forêt effeuillée dévoile aussi du paysage qu’elle cache pendant des mois.

Ah, tiens, on aperçoit le fleuve et l’île d’Orléans, vu d’ici, je ne m’en souvenais pas… Le dense feuillage me le fera oublier dès juin prochain. Jusqu’en novembre.

En attendant l’hiver, je bénis l’entre-saison pour chaque sortie volée à la froidure. Je songe à m’équiper de lumières pour rouler le soir. Après tout, la forêt est à ma porte. Mais c’est encore si nouveau que la ville ne m’est pas sortie de la peau. Tranquillement, cette nouvelle saison de ma vie fait son chemin, elle aussi.

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