L’organisme créé par Claire Morissette célèbre ses 20 ans cette année. Parvenu à maturité, Cyclo Nord-Sud a plus que jamais le désir de concrétiser sur le terrain sa mission, au nord et au sud, comme son nom l’indique. Entrevue avec Charlotte Cordier, coordonnatrice générale.
Avez-vous en tête quelques moments charnières de Cyclo Nord-Sud?
Je ne parlerai que des quatre dernières années, que j’ai connues. J’insisterais sur le côté «Nord», et je dirais l’implication locale. Pensons à Vélorution Saint-Michel, qui permet d’outiller la population de ce quartier pour une utilisation quotidienne du vélo, et au projet-pilote dans Côte-des-Neiges– Notre-Dame-deGrâce. Nous travaillons sur la durabilité de nos actions en tenant compte toujours des acteurs du quartier. Nous nous faisons beaucoup solliciter, car après tout, nous sommes les seuls à aborder l’équité des transports pour les personnes défavorisées. Nous sommes en pleine planification stratégique, je ne sais pas quelle forme cela prendra dans l’avenir.
Le volet international, le côté «Sud», reste-t-il d’actualité?
Notre action à l’international a toujours sa raison d’être, mais nous avons tendance à développer quatre ou cinq projets plutôt que sept ou huit. L’idée est de travailler davantage sur la viabilité, l’accompagnement, la relation de confiance. C’est une transformation. Nous n’agissons pas dans l’urgence, nous nous éloignons du discours de charité et visons plutôt l’autonomie et le renforcement des capacités dans les communautés.
En chiffres
71 000
Nombre de vélos qui ont été revalorisés durant ces 20 ans.
3500
Nombre de vélos qui sont ramassés chaque année.
21
Nombre de pays qui ont reçu des vélos de l’organisme. Le Togo, l’Équateur, Cuba et Haïti font partie des pays avec lesquels Cyclo Nord-Sud a établi un partenariat actif
D’autres projets en vue?
Cyclo Nord-Sud est propriétaire des archives du Monde à bicyclette. Nous désirons mettre en valeur les archives de cet organisme pionnier. Nous faisons bien sûr de la coopération internationale, mais nos racines sont ici. Étonnamment, aucun employé actuel de notre organisation n’a connu Claire Morissette, mais elle nous inspire encore aujourd’hui, même si nous n’exprimons pas de revendications comme le MAB le faisait à l’époque. Nous nous intéressons aussi aux échanges d’expertise avec les vélomachines. L’idée est qu’un expert conçoive des machines utiles avec des vélos et que les plans de ces bonnes idées soient disponibles.
Pouvez-vous imaginer votre organisme dans 20 ans?
Quelques projets me tiennent à cœur, comme celui d’aller travailler auprès des Premières Nations dans le nord du Québec. Après tout, ils ont les mêmes besoins en mobilité que nous. Aussi, le dossier portant sur la valorisation des employés a avancé, notamment avec l’instauration d’une assurance collective pour les salariés de Cyclo Nord-Sud.
Cyclo Nord-Sud a soufflé fièrement ses 20 bougies lors des Cyclofolies, le jeudi 7 novembre dernier, à la galerie Eastern Bloc, à Montréal.