Francis Tétrault est un mordu de vélo de montagne qui a la chance de travailler au cœur de sa passion en gérant ce dossier à Vélo Québec. Évidemment, sa connaissance aiguë du monde du pneu à crampons lui vaut un nombre important d’appels d’amis et d’amis d’amis qui se renseignent sur les endroits où rouler, sur quelle monture le faire…
Ces appels, dont le volume s’accroît constamment, prouvent l’engouement pour cette pratique qui ne date pas d’hier. Francis est persuadé que c’est un «esprit de délinquance contrôlée» qui motive cette adhésion à la pratique du vélo de montagne. Certes, il y a cette tendance vers des habitudes de vie incluant davantage de plein air et de nature. Le vélo de montagne s’y propulse comme un poisson dans l’eau, surtout que l’offre des sentiers a explosé, facilitant leur accès. «En prime, on s’achète un statut social, celui d’aventurier, m’explique-t-il sourire en coin. C’est un milieu moins poli, moins traditionnel que d’autres. On entre dans la gang des cools. Quand j’ai commencé, j’étais du genre timide studieux [NDLR: si si, c’est ce qu’il nous a dit]. Je fais désormais partie des durs à cuire.»
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Ce qui est rassurant dans cet engouement, c’est que ce ne sont pas seulement les adultes qui montent sur des destriers à crampons. La pratique du vélo de montagne devient une histoire de famille. Ce n’est pas Ian Hughes qui va me dire le contraire: il a été pendant une vingtaine d’années à la tête de l’équipe du Québec et de l’équipe nationale de vélo de montagne, et il se consacre maintenant à des cours à l’intention des adultes et des jeunes, quel que soit leur niveau. «La pratique récréative prend une ampleur considérable, argumente-t-il. Avant, si on voulait aller dans les sentiers, il fallait faire de la course.» Selon Ian, sans être un sport traditionnel, le vélo de montagne est aujourd’hui accessible à un plus grand nombre. C’est vrai que les sites de pratique se sont multipliés, que l’évolution technologique des vélos facilite la vie sur les sentiers – merci aux roues de 29 po, aux jantes et pneus élargis, aux axes traversants plus rigides, aux débattements généreux et même à l’assistance électrique!
«Mes enfants ont actuellement 8 et 11 ans, renchérit Ian. Ils ont appris dans des parcs de vélo sur de petits vélos d’apprentissage de style draisienne. Les fabricants proposent de nos jours des vélos de montagne adaptés aux jeunes. Outre la taille, ces vélos sont équipés de AVRIL 2020 véritables freins à disque, de bonnes suspensions, de boîtiers de pédalier abaissés, d’angles généreux. Cela donne des montures plus stables qui rendent les sentiers plus accessibles.»
Il existe des privilégiés, dans ce bas monde. Ceux qui habitent dans le coin de Bromont appartiennent à ce groupe, en raison des structures appropriées à la pratique cycliste soutenue. Vous en connaissez beaucoup, des heureux parents qui ont quatre pistes à vagues (pump tracks) dans un rayon de 15 km? Le Bromontois Ian insiste sur le besoin de ces lieux nécessaires à l’encouragement à la pratique: «Les pump tracks, les modules d’habileté, les parcs d’initiation et de développement sont le nerf de la guerre. Ils sont la porte d’entrée vers le sport. L’apprentissage est progressif, et après, on peut s’aventurer dans le bois.»
Cette explosion de la pratique fait notre bonheur. J’ai cependant un desideratum à formuler: partant du principe que le sport doit être praticable là où la population se trouve, il me semble qu’un sentier bien construit serait le bienvenu à Montréal. On l’aimerait encore davantage, notre mont Royal!
Tombé dans l’oeil
Bas de contention de Supporo
On m’a dit d’enfiler les bas de contention en les retournant en partie à l’envers et de débuter en plaçant correctement les orteils et le talon. Après avoir essayé quelques modèles qui se sont avérés plutôt inconfortables et inesthétiques, les Supporo m’ont paru nettement plus agréables à porter, outre qu’ils sont assez jolis. Difficile de juger des gains de manière précise, mais après un long voyage en avion et trois jours de vélo de montagne intense, je n’avais pas la sensation d’avoir deux jambes de bois.
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Sur la route du Danube d’Emmanuel Ruben aux éditions Rivages
C’est le récit d’une traversée de l’Europe à vélo en longeant le Danube du delta à la source, 4000 km entre Odessa et Strasbourg. Emmanuel Ruben se qualifie lui-même de géographe défroqué. Je le qualifierais plutôt d’écrivain qui a de beaux restes de géographe. Les portraits des riverains du fleuve sont saisissants, comme si l’histoire se reflétait dans les yeux de ceux qui le voient couler. Ce livre est éminemment d’actualité, car il se joue des frontières. Merci au voyage à vélo qui permet d’enregistrer ces millions de détails à chaque coup de pédale. Les phrases de l’auteur s’étirent comme une étape trop longue. En tout cas, les voyageurs l’ont aimé, puisque l’ouvrage a reçu le prix Nicolas Bouvier en 2019.