Le Grand Prix cycliste de Montréal avait des allures de party de départ pour Antoine Duchesne. Après une carrière d’équipier modèle menée tambour battant, le coureur québécois comptait bien raccrocher son vélo après une dernière échappée.
La journée a débuté par la traditionnelle présentation des coureurs. Le Saguenéen avait déjà le sourire en échangeant malicieusement avec Louis Bertrand. L’animateur lui a bien demandé plusieurs fois si c’était bien la dernière. Antoine est resté dans le vague, pas question encore de fermer la porte.
Sur la ligne de départ, c’est le temps de papoter avec ses amis de toujours. Hugo Houle à gauche, Guillaume Boivin à droite. C’est encore le temps de raconter quelques blagues, histoire de détendre l’atmosphère.
Au milieu du 2e tour, pas question de dormir au cœur du peloton. Antoine prend la poudre d’escampette en compagnie de 5 autres coureurs. « J’ai vu qu’on allait vivre une course difficile, autant en profiter un maximum en se faisant plaisir », a-t-il expliqué après la course.
C’est exactement ce qu’il a fait pendant les 143 km de l’échappée. Caracolant avec ses cinq collègues, il a été acclamé par le public à chacun de ses passages. L’échappée a compté jusqu’à 6 minutes d’écart. À chaque tour, tenir le rythme devenait plus difficile. Antoine se faisait distancer dans Camillien Houde avant de recoller dans la descente. Il faut dire que l’équipe UAE Emirate a mis de la pression pour préparer le terrain du slovène Tadej Pagacar.
Un à un, les coureurs échappés ont explosé. Cela n’a pas empêché Antoine de terminer à la 70e place, à 13 minutes 35 secondes de Pogacar.
Avant de passer la ligne, dans le dernier virage en épingle, une clameur s’est élevée du public. Le Saguenéen ne s’est pas privé de lever les bras, son éternel sourire sur le visage.
Les caméras ont abandonné les autres coureurs pour se diriger directement vers lui. Antoine n’a pas parlé tout de suite aux journalistes, savourant l’instant. Il a ensuite parlé des frissons qu’il a eus pendant 18 tours, des acclamations du public. « Choisir sa fin et finir comme ça à la maison, c’est top », a-t-il conclu.
La journée n’était pas terminée. Son ami Guillaume Boivin qui venait de recevoir le trophée du meilleur canadien l’a appelé sur le podium pour lui donner. Ses collègues de la FDJ Groupama lui ont remis le trophée bien mérité de boute-en-train de l’équipe : « C’est quelqu’un qui met de l’ambiance dans un groupe, qui nous a permis non seulement d’être un groupe de coureurs, mais d’être des amis. Même si on était dans le doute c’était ce coureur qui mettait l’ambiance, Antoine il a fait beaucoup sur le Tour de France » a souligné David Gaudu.
À Vélo Mag, nous lui remettons la médaille du courage. Le courage d’arrêter au faîte de sa carrière à la veille de ses 31 ans. Une dernière question avant de te souhaiter bon vent pour la suite : quelle bouteille de vin as-tu ouverte à la fin de cette belle journée?