Il y de la fébrilité dans l’air à Saint-Urbain. La petite municipalité de Charlevoix reçoit le 1e Grinduro Canadien. Au menu : un parcours de 105 km faisant honneur aux tumultueux chemins de garnotte de la région.
Quelle pression mettre dans ses pneus ? C’est incontestablement la question du jour la veille de la course. Le parcours est sec avec quelques cailloux conséquents, pas juste de la fine poussière de pierre sur un fond bien dur. Un secteur est même sablonneux largement de quoi déstabiliser votre monture. En prime, il emprunte un sentier de singletrack du centre de vélo de montagne du Genévrier. Il est surtout diablement pentu avec pas moins de 2200 de dénivelé positif. Cela veut dire pour les pneus une quarantaine de PSI avec la possibilité de lâcher un peu d’air dans le sentier pour aller chercher de l’adhérence. Ça c’est pour le vélo de gravel équipé de pneus 700 X 40, ce qui n’est absolument pas le vélo obligatoire pour l’aventure. En fait, chacun prend la monture qui lui convient le mieux.
La nécessaire implication
Comment une telle aventure voit le jour ? Quand des individus se jettent à l’eau en se lançant dans l’organisation. Au Québec, c’est l’équipe du fabricant de vélo Devinci qui s’est attelée à la tâche. Quelques membres de cette équipe ont été charmés par une participation au Grinduro californien, ils ont travaillé fort pour réunir tous les critères d’un événement réussi. Il fallait d’abord trouver l’endroit et les bons partenaires. La région de Charlevoix était idéal : des paysages à couper le souffle, un réseau de chemins denses et diversifiés et avec VéloCharlevoix, des organisateurs d’événements de vélo qui ont vu neiger. Pierre Bouchard, globe trotter cycliste et fin connaisseur de tous les sentiers non bitumés de se sa région a été mandaté pour tracer le parcours.
Revivez l’ambiance sur la route du Grinduro avec les images GoPro de notre rédacteur web présent sur place!
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Un parcours exigeant
Une petite montée sur le bitume pour quitter Saint-Urbain et entamer la chasse au dénivelé positif, l’une des activités principales de la journée. Assez vite, on bifurque sur le chemin de gravel de la Seigneurie de Beaupré. Un droit de passage a été négocié pour se donner l’occasion de se gaver du paysage l’espace d’une journée, d’admirer quelques rivières et pitons rocheux escarpés tout en grimpant et descendant dans la caillasse. C’est ici que part le chrono du sprint du Gros Bras (la rivière). Première accélération, la gang peut se retrouver une fois le bip du chrono entendu.
Retour sur le bitume, cette fois c’est pour grimper la 2e étape chronométrée, la montée des Grand Jardins. Des bouts à plus de 15%. On quittera le bitume quelques kilomètres plus loin pour naviguer sur le plateau du massif du lac Jacques-Cartier. Premier ravito après une petite trentaine de km et déjà 1000 de dénivelé positif franchi. La pizza est bonne !
Vous en voulez du chemin de garnotte, en voici pour votre argent entre rivières, lacs et montagnes du parc des Grands-Jardins et des terrains de la Seigneurie de Beaupré. Des paysages à rugir de plaisir, les zones un peu trop sablonneuses à faire grincer des dents… le petit sandwich au saumon fumé sur bord de lac est apprécié. Pas beaucoup plus loin. La 3e étape chronométrée nous attend. Surprise, c’est un sentier de vélo de montagne dans toute sa splendeur. Pas de grosses difficultés techniques mais des virages et des courbes agrémentés de quelques racines.
80 kilomètres de fait, ça sent l’écurie. C’était sans compter sur l’esprit taquin de Pierre qui a glissé au final du parcours une sérieuse pente avant la belle descente vers Saint-Urbain. Enfin le clocher apparaît. Ce fut une longue mais merveilleuse épopée. Place maintenant aux festivités.
Si il reste quelques ajustements à faire d’ici la prochaine édition, le 1er Grinduro canadien a rempli ses promesses. On a hâte à l’année prochaine !
La recette d’un bon Grinduro
– Si c’est une première édition au Québec et au Canada, le concept de la Grinduro existe depuis quelques années. La Californie, l’Écosse et cette année le Japon et le Canda offre une édition.
– L’événement se déroule sur une fin de semaine. On arrive sur place le vendredi soir pour planter sa tente. Course le samedi et party le soir avant de passer une nouvelle nuit sur place.
– Les chemins de gravel représentent la grande majorité du parcours avec en prime un secteur en singletrack.
– Au moins 2000 m de dénivelé positif. Le participant doit avoir la garantie de réaliser un défi.
– L’expérience implique d’en avoir plein les jambes mais aussi plein les yeux par la qualité des paysages qui se succèdent sur le parcours. Pour certains secteurs, des droits de passage ont été négociés seulement pour la journée de la course.
– Des étapes chronométrées. Quatre sur un total d’une vingtaine de kilomètres dans le cas du Grinduro de Charlevoix. Ce sont ces secteurs qui établissent le classement. C’est donc une compétition qui n’empêche pas de courser avec ses amis de niveaux différents en se regroupant à la fin des secteurs chronométrés.
– De la bouffe locale. L’idée est de découvrir les régions en dégustant les produits locaux aux ravitaillements et au repas le soir.
– Une fête pour bien clôturer l’événement. Alfa Rococo et quelques autres groupes ont fait swinguer les muscles endoloris.
– L’environnement est aussi important que le parcours. L’idée est que vous passiez du bon temps avant, pendant et après avoir roulé. Ça a fêté fort et en musique à Saint-Urbain bien après le passage de la voiture balais sur la ligne.