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Le blogue de David Desjardins

À toute(s) vitesse(s)

31-07-2024

L’été, je roule pratiquement tous les jours. Je roule long. Je roule mollo. Je roule à bloc. Peu importe le type de sortie, j’y trouve un bonheur différent. Échantillon de quatre journées assez représentatives de mon cycle habituel et des phases psychologiques induites par ma pratique maniaque.

Dimanche au long cours à piler des patates

C’est devenu une tradition. Un pèlerinage annuel. Rouler les quelque 230 kilomètres qui composent l’aller-retour entre Québec et St-Ubalde, dans le comté de Portneuf. J’essaie de faire au moins une très longue sortie par semaine, mais elles atteignent rarement les 200km, se situant plutôt entre 160 et 180km.

Nous sommes dimanche. Il fait 29 avant d’y ajouter l’humidex. La journée est radieuse et assez peu venteuse.

L’idée, comme d’hab, est d’aller luncher chez Pain, pain, pain, petit resto niché au sommet de la colline qui accueille ce village surtout connu parce que s’y trouve Patates Dolbec. Une entreprise importante de la région qui n’est sans doute pas étrangère à la présence de 1400 personnes, y compris une communauté d’immigrants assez notable, au milieu de nulle part.

Parce qu’une fois qu’on a viré vers St-Gilbert à partir de la 138, si on fait exception de St-Marc-des-Carrières, on est en plein désert rural. Surtout pendant les vacances de la construction; dans notre boucle à l’intérieur des terres, nous n’avons pas croisé plus de 7 ou 8 voitures. Et encore.

J’adore ce coin de pays, surtout lorsqu’il est ainsi dévoré par le soleil. J’aime son ciel délavé de milieu d’été qui plonge dans les champs. J’apprécie aussi cet effort long, soutenu. Les jambes tournent à une cadence relativement lente et métronomique pendant des heures et des heures. Je pile des patates.

J’ai l’impression de me perdre dans l’effort, le temps se liquéfie. Sur mon compteur, je n’affiche que la puissance et la vitesse (et la carte). Je ne veux pas savoir combien il reste de kilomètres (même si, bon, entre Deschambault et Québec, je connais les repères de distance par cœur). Je veux de la constance. Je voudrais aussi que la journée ne finisse pas tellement les jambes sont bonnes, même si j’ai passablement mal au cul depuis que nous avons quitté Donnacona, sur la route du retour.

Lundi de repli forestier pour se refaire une santé

Je n’ai pas mal aux jambes de la veille, mais j’ai plusieurs jours consécutifs de vélo dans le corps. Je suis comme un vieux Walkman dont les piles flanchent. Ma cassette joue au ralenti.

J’ai aussi une solide journée d’ordi dans le cerveau. L’impression que tout mon esprit vibre. J’ai un peu mal au cœur d’avoir passé tout ce temps devant un écran, à sauter d’une tâche à l’autre.

Je termine donc ma journée par une sortie de vélo de montagne en solo, relax. Je pars avec la sensation de n’avoir aucune énergie, mais peu à peu, celle-ci revient. C’est la magie du sport qui opère.

Il n’y a personne dans les sentiers du Mont Sainte-Anne auxquels j’accède au bout de ma rue. Personne, personne. J’ai remarqué que les oiseaux sont eux aussi plus discrets depuis quelques semaines. J’entends lex cris des écureuils effarés, surtout. Ah, tiens, un bruant qui chante. Puis un geai bleu.

Je les imite en silence (j’ai de collée dans la tête une chanson de Julie Masse que quelqu’un écoutait dans le tapis en faisant le plein à Donnacona, la veille, pendant que je m’empiffrais de Reese Cups aux fragments de chips) et grimpe tout doucement dans la Boute-à-boute, jusqu’en haut. Je zigonne dans un secteur des Faux Plats où je ne vais jamais. Je repère un morceau de que nous appelions autrefois « la passe à Stank », en l’honneur du mécano de la boutique où nous travaillions à l’époque. Je vais finalement me perdre (comme souvent) dans le fouillis de sentiers qu’entoure la piste d’entraînement de ski de fond, puis je termine ma journée dans une nouvelle descente, pas encore répertoriée.

Je rentre avec le sourire. Mon cerveau a cessé de vibrer.

P’tit mardi comme prescrit

Encore une journée magnifique. Je profite de la fraîcheur du petit matin pour aller tourner les jambes pour deux heures, sans dépasser (autant que possible) la limite de ma zone 2.

L’idée aujourd’hui est de bouger, sans vraiment me fatiguer. C’est comme dans un jeu vidéo où, avec le temps, tu récupères les « bonhommes » que tu as perdu. À condition d’éviter le trouble. C’est une sortie sans histoire, sinon que je prends mon temps. Plutôt que l’écran de mon ordi de bord, le plus souvent j’observe les changements dans la nature, les chevaux et les ânes plantés dans une rosée qui ne veut pas quitter le sol à St-Tite-des-Caps. L’été est humide, c’est incroyable. Le fleuve est magnifique vu d’en haut, au vieux Collège. Je plonge de quelques centaines de mètres pour constater que le Cap Tourmente est d’une tranquillité antinomique.

Je fais un petit détour par le café Apollo à Ste-Anne-de-Beaupré pour un espresso, puis je remonte vers St-Ferréol en maintenant mon effort pour respecter la prescription du jour. Je rentre et ne suis ni vraiment fatigué ni totalement frais. Mais prêt pour le boulot, l’esprit affûté.

Mercredi de championnats du monde en solitaire

Le mercredi, normalement, c’est l’entraînement de groupe avec d’autres évadés de l’asile dus port réfugiés dans mon coin. Ça se passe en fin de journée, ça dure entre 2 et 3 heures. Parfois en suivant un programme. D’autres fois de manière totalement anarchique. L’idée est toujours de tout laisser sur la route et de rentrer à la maison cassé en deux.

Oui, c’est débile. Oui, c’est ma sortie préférée de la semaine. Tirez vos conclusions.

Comme on annonce des orages en fin de journée, je m’élance seul, très tôt. Je ne me sens pas motivé pour deux cennes et pourtant, je n’ai pas encore descendu ma rue que je pédale comme un dingue. Deux heures à fond, dans l’air saturé par l’humidité (encore!), à me crier dessus, dans ma tête, chaque fois que je relâche mon effort. « Awaye, avance, l’gros! » J’attaque toutes les montées, je pédale dans toutes les descentes, je m’explose les jambes sur le plat, je fais des sprints de pancarte contre moi-même. Je bave et sue sur mon cadre. Mon guidon est dégueulasse.

J’arrive à la maison en nage. Défoncé. Je dégouline littéralement sur la céramique de l’entrée. Je dois m’assoir un instant pour reprendre mes esprits. C’est le meilleur feeling au monde. J’ai mal. Je suis étourdi. Je suis trop content. Mais demain, je prends congé.

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