Toujours captif (pour cause de confinement et de météo pourrie), j’explore un peu plus Zwift et parviens enfin à ne plus me faire démolir dans les courses. Voici mes trucs.
Non seulement ce printemps de confinement nous impose-t-il sa main de fer, mais la météo nous refuse ce qui aurait pu s’avérer un gant de velours: aller rouler dehors (mais seul, hein!).
Bon, je sais, pour que l’expression fonctionne, la même personne doit imposer sa ferme discipline par une forme, en apparence, magnanime, ou apaisante, qui fait oublier sa réelle poigne. Toutes mes excuses pour ces contorsions. J’aurais pu me contenter de dire que ce mois d’avril proprement dégueulasse nous aura séquestrés plus encore, obligés que nous fûmes à nous tourner vers les succédanés du cyclisme intérieur.
Faisant contre mauvaise fortune bon cœur (ici, l’emploi du proverbe est juste), je me suis en tête d’explorer plus encore le monde virtuel de Zwift. Et percer quelques un de ses mystères. Rien de moins.
Les choix des armes
Pour cela, j’avais en ma possessions deux types de supports. Un rouleau E-Motion de Inside Ride, que je possède et adore depuis plusieurs années. Et un Tacx Neo 2T, sans doute l’une des meilleurs bases d’entraînement sur le marché. Sinon la meilleure. Comme je le détaillais dans un précédent billet, la machine est d’une extraordinaire simplicité. Très plug and play, ce que j’ai beaucoup apprécié, et l’interface de son application pour les ajustements est à l’avenant.
Lequel je préfère? Question d’habitude : mon rouleau me permet de me lever debout sur les pédales comme si j’étais dehors, et même assis, il n’est jamais totalement statique. Mais pour les épreuves de montée (comme la fameuse Alpe du Zwift et son ascension de 1000m), je préfère la base intelligente qui reproduit bien l’effet de gravité avec son frein dont la puissance varie selon les variations dans le pourcentage de la pente. Aussi, j’ai particulièrement aimé les effets de route reproduits par le Tacx, dont celui des planches ou des pavés. Finalement, il est tellement silencieux que, pendant les courses, vous n’entendiez que moi. C’est-à-dire le son que je fais quand je suis sur le point de mourir.
Les courses
C’était pas mal mon plus grand défi avec Zwift : comprendre comment fonctionnent les courses.
Il y en a des dizaines chaque jour, les occasions ne manquaient donc pas. Et je n’étais pas le seul dans le champ : depuis le début du Grand Confinement, des tonnes de pros sont venus raconter aux médias spécialisés qu’ils n’arrivaient pas à faire un top 10, voire un top 20 lors de ces épreuves virtuelles.
Dans un récent épisode du balado cycliste que j’anime, Radio Bidon, Alain Cadorette, un habitué des courses d’intensité comme les Mardis de Lachine, nous expliquait comment faire pour s’en sortir pas trop mal. J’ai suivi ses conseils, en ai découvert quelques autres, et je commence à m’y amuser. À condition de pouvoir considérer que passer 45 minutes dans un océan de souffrance est une activité agréable.
Par ailleurs, j’y ai aussi découvert des entraînements de groupe, l’aisance avec laquelle on peut y bâtir son propre programme sur mesure ou en choisir un déjà disponible, le plaisir de rejoindre des groupes d’amis dans des « meet ups ». Franchement, je ne pensais pas finir par apprécier de rouler dans le monde virtuel. Je suis le premier surpris.
Mais revenons aux courses et à nos quelques conseils…
Ne trichez pas
Ai-je vraiment besoin de vous expliquer pourquoi?
Choisissez la bonne catégorie
Débutez de manière conservatrice. Vous aurez le plaisir de monter en grade plutôt que de redescendre après vous être fait infliger la correction de votre vie.
Arrivez tôt
Premier arrivé, premier en ligne. Si vous n’arrivez au départ que quelques secondes avant celui-ci, vous vous sentirez comme moi, trop souvent, dans les cyclocross et les courses de vélo de montagne où je débute derrière et dépasse pendant un long moment pour ne jamais voir la tête de la course finalement : ridicule.
Les départs
Justement: avez-vous déjà pris part à une course de cyclocross ou de vélo de montagne? Les courses sur Zwift débutent de la même manière. All.The.Hell.Out. À bloc. Sans ménagement. Pendant aussi longtemps que possible, en n’oubliant pas que ça va encore y aller fort après cette première minute de défonce.
Surtout, n’attendez pas que le compte à rebours n’atteigne le zéro pour vous élancer. Idéalement, quand celui-ci apparait, vous poussez déjà des watts monstrueuses. Sinon? Vous risquez de faire la course derrière. Pas derrière le peloton, s’entend. Derrière le troisième groupe de chasse.
L’aspiration et la position dans le peloton
J’ai rapidement compris l’effet d’aspiration et son importance dans Zwift. J’avoue que cet aspect du jeu m’a très agréablement surpris : c’est vraiment très très bien fait et donc, réaliste. Il m’a cependant fallu pas mal de temps pour comprendre comment naviguer à l’intérieur d’un groupe en jouant avec la puissance que je déploie. Je me ramassais trop souvent devant ou derrière alors que je voulais rester au milieu et profiter de la meilleure aspiration possible. J’aimerais vous donner un truc, mais c’est un peu comme dans la vraie vie : ça s’apprend à l’usage. La crainte de toucher la roue devant vous et de vous fracasser la face au sol en moins.
Les montées
Ici, ça ressemble plus à votre sortie de groupe du samedi : il y en a toujours quelques-uns pour l’envoyer bien trop fort dans les montées. Ce sont probablement les mêmes qui trichent de 10 kilos sur leur poids. Ou alors de simples sado-masochistes. Tout ça pour dire : sachez où se trouvent les montées, et ne vous tenez pas trop loin à l’arrière lorsqu’elles s’amènent. Surtout si vous n’avez pas un profil de grimpeur. Et de grâce, ne restez pas complètement en avant non plus, pour ne pas vous faire surprendre.
Le tableau de bord et les attaques
Ce qui nous amène au tableau de bord à droite de l’écran, où les coureurs sont inscrits dans leur ordre de position en temps réel. Surveillez bien les coureurs autour de vous sur ce tableau. Lorsqu’ils attaquent, leurs watts/kilo augmentent soudainement. C’est comme le son des roues quand quelqu’un lance un assaut dans une vraie course : un avertissement.
Sinon, je ne saurais trop vous recommander d’utiliser Zwift Companion (voir photo ci-haut) sur votre téléphone en même temps que l’application Zwift sur votre ordi, télé intelligente ou autre Apple TV. Vous pouvez y voir la carte, lancer vos « power ups » (voir plus bas, à la rubrique intitulée Les champignons magiques), voir vos données en temps réel. Vraiment bien fait. Et c’est aussi avec cette app que vous pouvez le plus facilement consulter les activités à venir et vous inscrire.
Le parcours
Comme dehors, connaître le parcours est un atout important. Et comme dehors, tout le monde attaque aux endroits les plus évidents (les montées). Soyez futés, lancez votre assaut lorsque c’est inattendu et que le terrain s’y prête selon vos forces. Pour cela, prenez le temps d’aller consulter la carte avant le départ.
Les champignons magiques
Zwift est un jeu. Ce que plusieurs oublient. Aussi, pour fins de ludification, on y a ajouté l’équivalent des champignons dans Super Mario Bros : des « super pouvoirs » qui améliorent les performances de votre avatar. Une plume qui vous fait perdre 9.5 kilos. Un casque qui améliore votre aérodynamisme. Etc. Apprenez à les connaître, utilisez-les intelligemment. Ça pourrait grandement vous aider. Ne serait-ce qu’à survivre dans un groupe trop fort pour vous.
Voilà qui donne les grandes lignes de ce qu’il faut savoir pour mieux s’amuser dans les épreuves compétitives sur Zwift. On peut y rejoindre des pros, les voir à l’entraînement (j’ai croisé Kenny Elissonde cette semaine), se mesurer à des pointures ou s’amuser en groupe. En attendant d’aller jouer dehors, finalement, ce n’est pas trop mal.