Si c’est assez bon pour faire la coupe du monde… ça devrait le faire pour un « vétéran espoir » comme moi.
L’année achève. C’est le temps de dresser la liste des choses qui ont marqué nos vies cyclistes au cours de 365 derniers jours. Dans ce second épisode: comment je suis redevenu un adepte des purs sangs du cross country.
Ça fait quelques années que je déroge à la mode des vélos de montagne de plus en plus gros. Par gros, j’entends leur débattement. Mais aussi tout ce qui vient avec : on ne fabrique pas un engin conçu pour les impacts violents avec la même finesse qu’un marchand de vitesse en montée.
Plus ça cogne et plus il faut ajouter de la surface. Ce qui alourdit forcément l’ensemble.
Victime de la mode -au sens propre de l’expression-, j’avais l’impression d’errer dans une sorte de no man’s land. Mon Yeti SB 110, mon 115, puis mon Pivot 429Trail (120mm) flottaient dans l’entre-deux-mondes du « downcountry » et du vélo « trail », et je n’aurais pour rien au monde troqué leur vitalité en descente pour une suspension moins magnanime…
Jusqu’à ce que se pointe la nouvelle génération de vélos de cross country.
Là où les courants se mêlent
Depuis l’an dernier, plusieurs compagnies versent dans la surenchère de promesses d’un nouvel âge du cross country, inspiré par une cohorte de professionnels, hommes et femmes, qui doivent négocier des parcours très techniques en compétition.
Des machines qui, comme le veut le fantasme du vélo-qui-fait-tout, irait vite partout, serait agile en toutes circonstances ou presque.
On semble avoir trouvé un bon point de contact depuis l’an dernier. Les Specialized, Pivot, Yeti, Cannondale et consorts ont, résumons-le simplement -et un peu trop sommairement, j’en conviens-, ouvert les angles des tubes de direction et de selle. Ce, sans compromettre la performance.
Le résultat? Des vélos extrêmement légers, qui grimpent comme des chèvres, mais qui descendent aussi avec une aptitude remarquable, sans qu’on ait le sentiment d’avoir la tête dans la roue avant.
Je parle depuis la chaire du converti. J’étais sceptique, mais maintenant je crois. Et le répands la bonne nouvelle avec toute la furieuse motivation du prosélyte. (Attention de ne pas confondre « prosélyte » et « vétéran espoir ». Ce sont deux catégories de wannabes bien distinctes, auxquelles j’appartiens pourtant dans les deux cas.)
XC is the new gravel
Notez que c’est un piètre technicien qui vous parle. Je me débrouille, compense parfois avec un peu d’intrépidité. Mais ce que je découvre, c’est que mon Pivot Mach4SL (totale transparence : le distributeur est un client) est si léger que je peux carrément le déporter où je veux. Il gambade. Il sautille. Il parait vivant… et s’amuser autant que moi.
Dans les montées? Que dire. Après mes deux premières sorties, j’avais déjà pulvérisé la vaste majorité de mes meilleurs temps aux alentours de la maison, sans même trop essayer.
La conduite est cependant plus nerveuse qu’avec mon 429Trail. Un ami qui s’est procuré une bombe du genre n’a pas apprécié de se faire brasser de la sorte. Ce genre de petit démon roulant de la vitesse impose la concentration et une conduite fluide.
À bloc, fatigué, dans une mauvaise journée, il a le pardon difficile.
Mais le reste du temps, c’est de la magie. Je fais tout ce que je faisais avant, en plus vite, en plus haut, en plus loin. Et à 23lbs, il peut tout aussi bien me servir de vélo de gravelle pour aller me promener dans l’arrière-pays.