Eh oui, il ne reste plus qu’un mois à l’année, alors je débute tout de suite ma série sur les choses qui ont marqué ma vie cycliste en 2024. Il y aura des gadgets, des habitudes, des gens, des événements. On commence par un truc très très à la mode, qui fait autant d’adeptes que de sceptiques.
Les personnes qui cirent leurs chaînes de vélo sont parmi les plus fatigantes de la planète.
Je le sais. J’en suis.
Depuis que j’ai troqué l’huile et autres lubrifiants de facture plus classique, je me suis découvert une passion pour la cire qui égale celle que j’entretiens pour mes cires de ski de fond. Peut-être même qu’elle l’excède. J’en parle à tout le monde. Tout le temps. Je suis insupportable.
Je me suis donc procuré :
- Un sac de cire au tungstène de chez Silca
- La cire liquide Super Secret
- Une mijoteuse (pour faire fondre la cire et y tremper mes chaînes)
- Trois types de dégraisseurs et solvants pour retirer la graisse des chaînes neuves
- Une machine de nettoyage à ultrasons (facultative)
Je cire mes chaînes pour la route. Y compris en voyage. Je cire ma chaîne de vélo de montagne aussi.
En fait, je n’y vois presque que des avantages. Je constate que mes chaînes s’usent moins rapidement et je ne lave presque plus jamais mes plateaux, pignons ou chaînes.
Ça « shifte » un peu plus carré, disons-le. Mon groupe Shimano me donne la sensation d’être du SRAM. Mais je n’ai que des groupes électroniques, y compris en montagne, donc les vitesses passent sans problème, peu importe les conditions.
Sauf, si, par exemple, il se met à pleuvoir à plein ciel, en gravel bike ou en montagne… vous risquez de trouver que c’est moins agréable. (Il existe toutefois des solutions pour ça, comme de faire certains mélanges, YouTube est rempli de ce genre de hacks)
Outre ceci, il y a deux hics. D’abord, ça demande de la discipline. Aussi, après une sortie dans des conditions assez mouillées, on n’a pas trop le choix de refaire une cire.
Je cire donc toujours simultanément deux chaînes pour la montagne et trois pour la route. Ça ne veut pas dire que j’en change souvent (voir plus bas ce qui me permet de conserver la même chaîne plus longtemps sans avoir à recirer à chaud). Seulement, s’il le faut, je suis prêt. Comme lorsqu’il tombe des cordes.
Les mailles patentes fournies par SRAM et Shimano n’ont cependant pas une durée de vie illimitée. (Ce sont les mailles qui se défont pour poser et enlever rapidement la chaîne, on les appelle aussi quicklinks). Pour se protéger, les compagnies recommandent un usage unique. En réalité, vous pouvez les utiliser 4 ou 5 fois sans problème. Donc, avec trois chaînes, j’ai une quinzaine de changements en banque. C’est plus qu’il ne m’en faut pour deux saisons.
Le second hic, qui est aussi le secret de la durabilité des chaînes cirées, c’est que lorsque le son métal sur métal se fait entendre -et donc qu’il n’y a plus de cire sur la surface-, il faut penser à mettre de la cire liquide (dans mon cas, la Super Secret de Silca) le soir, pour qu’elle sèche avant l’utilisation suivante.
Finie, donc, l’huile appliquée sur le fly avant de partir.
Mais à moins qu’elle ne soit soumise à des conditions extrêmes, ma chaîne cirée à chaud dure au moins trois ou quatre fois plus longtemps avant d’être trempée à nouveau dans la mijoteuse.
Bilan d’une année cirée
En gros, je n’ai sorti le crockpot que trois fois dans la saison. Quatre si vous comptez mon cirage d’automne, où j’ai préparé mes chaînes pour la saison prochaine.
Chaque fois, l’opération dure au plus une heure. Là-dessus, comptez 40 minutes où vous attendez simplement que la cire fonde pendant que vos chaînes sont nettoyées (dans la machine à ultrasons dans mon cas, mais une casserole et de l’eau chaude font l’affaire, pas besoin de dégraisseur). Donc en réalité, c’est moins d’une demi-heure pour nettoyer et cirer cinq chaînes d’un coup.
Comme je le disais, j’étire leur « durée de cire » avec la version liquide, spécialement faites pour cela. Ça prend une dizaine de minutes. Suffit de passer un chiffon à microfibres sur la chaîne pour enlever les résidus qui y sont collés. La poussière et autres particules fines de la route n’y adhèrent pas. La terre non plus. Une fois que c’est fait, je fais la même chose avec les galets de dérailleur qui ont tendance à accumuler la cochonnerie, puis j’applique une cire liquide. Je laisse sécher pendant la nuit.
La cire fondue dure autour de 500 km selon les conditions. La liquide, environ 300. Mais tant que je n’ai pas roulé dans l’orage, je peux simplement remettre de la cire liquide, encore et encore.
En fait, vous pouvez même ne faire que cela. Le plus important étant d’avoir complètement retiré toute la graisse d’origine de la chaîne à l’aide d’un solvant, de dégraisseur, ou d’une solution comme le Chain Stripper de Silca (non, je ne suis pas commandité par eux, je trippe simplement sur leurs produits).
Pour les trippeux seulement?
On va se le dire: la cire fondue, c’est une affaire de geek. Si, comme moi, vous aimez essayer de nouvelles choses, que vous aimez l’idée d’améliorer vos performances (parce que oui, vous gagnerez quelques watts avec une chaîne cirée qui reste naturellement propre) et que vous avez du plaisir à taponner sur votre vélo, allez-y, gâtez-vous. Comme je le disais, ça demande aussi une certaine discipline: il faut penser à cirer à l’avance.
Mais au final, on passe moins de temps à laver sa chaîne (presque plus), on obtient d’excellentes performances, et on conserve ses chaînes plus longtemps parce que, comme les particules plus fines d’y collent plus, elles usent beaucoup plus lentement. Cool, non?
Puis, si vous avez envie de simplement essayer avec la cire liquide, je vous le conseille aussi. C’est moins compliqué, vous pouvez l’emporter en voyage (ce que je fais), il faut seulement faire un nettoyage à fond des chaînes neuves.