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Le blogue de David Desjardins

Icarus: les ailes brûlées du sport

19-08-2017

Il y a deux films dans Icarus.

Le premier ne dure qu’une vingtaine de minutes, et c’est la partie la moins intéressante du documentaire.

C’est l’histoire d’un journaliste qui fait du vélo et qui veut gagner la plus difficile des courses d’amateurs : la Haute Route (celle des Alpes). Alors il se met en tête de faire comme ses idoles de jeunesse, et de se doper jusqu’aux yeux pour voir s’il peut y parvenir.

Mais il ne veut pas le faire n’importe comment. Surtout pas de manière aussi ridicule –et dangereuse- que ce que raconte, par exemple, Tyler Hamilton, lorsqu’il relate son expérience en la matière chez la US Postal.

Dans son désir d’être supervisé pour mieux éviter les tests positifs, il trouve sur son chemin un Russe qui s’y connait en la matière. Et pour cause, c’est le directeur du laboratoire de l’anti-dopage de son pays.

Et c’est là que débute le second film, après la Haute Route, quand finalement c’est tout le scandale du dopage systémique au pays de Poutine qui est exposé.

On ne vous en raconte pas plus. Le film est sur Netflix. Probablement que vous aussi. Prenez deux heures de votre vie (au pire, par une journée de pluie, sur le rouleau) pour voir de vos yeux comment la politique et le sport sont intimement liés.

Et surtout, comment l’hypocrisie et les joueurs économiques étouffent toute velléité de nettoyage des institutions sportives.
 

Tous dopés?

C’est de plus en plus rare, mais il m’arrive parfois que je parle de cyclisme et que quelqu’un qui n’y connait trop rien me demande : c’est vrai qu’ils sont tous dopés?

La question, et toute allusion au cyclisme comme sport gangrené par le dopage ne provoque plus chez moi qu’un haussement d’épaules. L’histoire du dopage systémique russe met en lumière, d’abord, que l’ensemble du monde sportif est touché par la triche. Mais surtout, je ne m’étonne plus de rien, ne me scandalise plus de rien. Et je n'ai surtout pas envie de défendre qui que ce soit ni quoi que ce soit. Trop peur d'être trahi, déçu.

Mais aussi, c'est comme si on m’avait donné un coup au même endroit à répétition: à force, mon indignation s’est engourdie.

Et ce n’est pas comme si les fédérations m’encourageaient à être moins défaitiste. Moins cynique.

La finale d’Icarus est entièrement là : la autorités vivent avec le dopage et les scandales comme on traverse un rang défoncé dans une voiture de location: ça brasse, on risque d’y laisser la suspension, et peut-être même la transmission, mais on continue, bille en tête, ne se souciant que d’arriver à l’heure au rendez-vous. Quelqu’un d’autre héritera de la voiture brisée.

C’est ainsi que les grands de ce monde le pillent, le déshabillent, le dépouillent de toute dignité. Puis ils le refilent à la génération suivante, en lambeaux. Il en va du sport comme de la politique. Anyway, c’est la même chose. Un jeu de pouvoir et d’argent.
 

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