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Le blogue de David Desjardins

Je roule pour… méditer

11-05-2018

Chaque printemps, j’emprunte les mêmes routes et renoue avec des pensées analogues à celles qui m’habitaient dans ces mêmes lieux les années précédentes.

Ce n'est pas un truc "mnémogéographique" ou rien du genre.

C'est seulement qu’aucune autre activité ne m’amène si loin du travail et de la maison, ni si longtemps ni si souvent. (Je passe rarement plus de deux heures sur mes skis de fond ou plus d’une heure dans mes espadrilles, alors qu’à vélo, les sorties de 2h30-3h00, voire 4 heures sont légion). Et quand je marche, le plus souvent, j'écoute de la musique, des balados, donc j'occupe ma conscience.

La fin de l’hiver me permet donc de renouer avec ce mélange de réflexions et de ruminations qui sont la base d’une vie intérieure, et qui se passent pour moi, essentiellement, sur deux roues. Quand je dis que le vélo est ma religion, ce n’est qu’à moitié une blague. Il y a, je crois, une véritable occasion de spiritualité dans ma pratique.

Je roule, mais je médite aussi.

Comme j’y consacre un temps considérable, chaque année je me redemande pourquoi je fais tant de vélo. D’autant qu’en 2018, je ne ferai presque pas de course, sauf exceptions (un ou deux défis, quelques épreuves sur gravier), avant que ne débute la saison de cyclocross en septembre à laquelle je veux me consacrer. Mais c’est loin… Et depuis une dizaine d’années, toute ma pratique ou presque était tournée vers des objectifs compétitifs s'étalant d'avril à août. Si bien que l’ensemble de mes temps libres aussi, ou presque.

Alors si ce point de mire n’est plus là, pourquoi avoir passé l’hiver à m’entraîner en salle? Pourquoi faire faire des contorsions à mon agenda afin de profiter des rares belles journées qui s’offrent avant juin? Pourquoi me donner le mal d’avoir froid, de me faire prendre à la pluie, de ne plus sentir une main et un pied en arrivant à la maison?

Bref: pourquoi je roule encore autant? Pour réfléchir, seulement pour ça?

Depuis les premières sorties, chaque occasion de rouler est devenu le territoire d’une réflexion qui m’oblige à me pencher sur ma pratique. Et c’est franchement agréable.

J’ai décidé que mon premier motif pour rouler, cette année, sera donc cet espace de nécessaire repli sur soi. Je roule pour penser à tout. Et en même temps pour ne penser à rien. Suffit d’augmenter la puissance, de donner un bon coup pour revenir de Sainte-Anne-de-Beaupré le couteau entre les dents ou de tenter de battre mon record de temps dans le tour complet des Équerres pour que l’unique morceau du cerveau qui soit encore fonctionnel soit le reptilien. Et il s’agit de lever le pied pour que tout revienne : les pensées affluent, le temps n’est plus compressé, il se déroule en même temps que le bitume sous mes roues, comme le flux de l’eau des rivières qui écume, en ce printemps, sur les pierres immergées.

Les problèmes se résolvent. Mes pensées noires me quittent. Rouler me permet de faire du ménage, et j’ai envie non pas seulement d'évoquer le phénomène -je l’ai déjà fait ici, de toute manière- mais aussi de partager mes trouvailles. Au cours des prochaines semaines, des prochains mois, je vous dirai pourquoi je roule.

Comme l’intime est universel, mon souhait est de vous retrouver au cœur de ces pensées très personnelles. Ce seront des témoignages, comme ici, mais j’ai l’espoir qu’ils serviront parfois de miroir, et pourquoi pas de bréviaire, afin de vous fournir les mots afin d’expliquer à vos proches que toutes ces heures passées assis.e.s sur une selle ne sont pas que le produit d’un esprit maniaque, mais bien le cumul de nombreux bénéfices qui donne sa particularité à ce sport qui se pratique à un rythme unique, dans un geste qui lui est propre, en union avec une machine qui permet de défier les éléments, et aussi l'avalanche d'information et de diverstissements qui nous empêchent de méditer et prendre du recul face à nos vies.
 

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