Le beau parcours du Tour de France de cette année mérite mieux que les méthodes défensives de Team Ineos. Prions pour un autre scénario.
C’est pas gentil, mais quand j’ai vu Geraint Thomas se rétamer le gueule sur le bitume helvète mardi matin, j’étais un peu content.
Je ne souhaite de malheur à personne, mais à Team Ineos un peu, quand même. L’ancienne Sky, passée des mains d’un magnat des médias à celles d’un magnat de la pétrochimie, domine outrageusement le Tour depuis trop longtemps. Voir ses beaux plans s’effondrer avec le crash de Froome au Dauphiné quelques jours plus tôt, puis imaginer qu’il en serait de même pour Thomas : cela signifiait qu’on avait un Tour nouveau. Rien de moins.
D’autant plus que Tom Dumoulin annonçait au même moment qu’il reporte son entraînement en altitude d’avant-Tour, puisque pas encore totalement remis de sa chute au Giro et opéré au genou.
Mais bon, Thomas sera au Tour. Sans doute que Dumoulin aussi. Et au-delà de tout ça, il y a quand même des motifs de se réjouir : voilà un Tour au parcours particulièrement réussi, fait pour éviter que les experts du chrono s’empare de trop précieuses secondes. Être un brin conspirationniste, on dirait qu’il a été dessiné pour être remporté par un grimpeur français.
Coucou Romain. Allo Thibaut.
Pour une fois, l’organisation ne nous laissera pas languir dans la plaine monotone qui ne berce le cœur de personne. Enfin, pas le mien. Après s’être coltiné un circuit assez fou en Belgique, un chrono par équipe, et deux jours de plat, hop, on monte dans les Vosges dès la 5e étape. Tout un Tour où, comme dirait Ghislain Lambert, ça va gicler dans les bosses. Un peu, oué.
Un p’tit plat en Bourgogne ici, un finish au sprint à Toulouse là, un seul chrono individuel, et encore quelques épreuves sans trop de grimpe, saupoudrées avec parcimonie : on n’aura pas le temps de s’ennuyer. Et les quatre jours dans les Alpes, la dernière semaine, ont toutes les apparences, sur papier, d’une succulente boucherie.
À moins, bien sûr, qu’Ineos étouffe tout. En attendant, le boss de l’équipe a sans doute enveloppé Egan Bernal dans du papier bulle.
L’important c’est d’y croire
Mais, mais, mais. J’ai envie de croire à un autre Tour.
À Bernal qui s’envole en solo dans les Alpes pour se le faire avec panache, tiens. À Mike Woods qui se prend une étape. Sur le Tourmalet. Ou à Tignes. Et puis, va y avoir Alaphilippe, et De Gent, et Wout Van Aert qui vient de remporter deux étapes du Dauphiné, et Buchman, et Fuglsang. Et Nibali!
Est-ce que j’ai dit qu’on ne devrait pas trop s’ennuyer?
Les minables
Petit truc ici : au moment où j’écris ces lignes, on apprend que Gran Fondo New York a attrapé deux coureurs pour EPO dans un test mené hors compétition. D’abord, saluons l’effort de cette organisation qui investit dans la lutte antidopage chez les amateurs.
Et enfin, prenons la peine d’écrire le nom des coupables pour nous assurer qu’ils subissent l’opprobre qu’ils méritent. Felipe Mendez, de Colombie, et Gabriel Raff, d’Argentine, au nom de tous ceux et celles qui s’entraînent fort et participent à ces courses d’amateurs sans se doper : morite, che; andate a la mierda!
Parce que le dopage, chez les pros, ça suce l’âme du sport, c’est vrai. Mais chez les amateurs, c’est simplement minable.