Vous ne regardez pas le Tour d’Espagne? Vous devriez. C’est certainement la plus surprenante des épreuves de trois semaines.
La Vuelta y espana vit dans l’ombre de tant de choses. Le Tour et le Giro. Une saison de classiques dans le rétroviseur. La rentrée. Les Grands Prix de Québec et Montréal. Le retour au travail. La fatigue d’avoir regardé, déjà, des dizaines et des dizaines d’heures de vélo sur un écran.
On n’en parle presque pas, donc, et pourtant, c’est chaque année le grand tour le plus excitant. Parce que totalement imprévisible.
Pourquoi? D’abord parce que les organisateurs ne cessent de rivaliser d’imagination afin de rendre leur course passionnante : cela fait moins d’une semaine que l’ibérique caravane trimbale son spectacle cycliste, et déjà on a eu droit à des feux d’artifices, des surprises, des drames. Les chutes lors de l’inaugural contre-la-montre par équipe, la victoire par un cheveu de Jakobsen sur Bennett, celle de Nairo Quintana dans une seconde étape loin d’être très pentue, les hostilités ouvertes par Valverde. Sans parler du victorieux yoyo de Angel Madrazo, mercredi, après avoir été d’à peu près toutes les échappées depuis le début de la semaine. J’écris ceci alors qu’un crash majeur vient de décimer le top10 du classement général.
Parenthèse. Si vous souhaitez vous mettre à jour, je ne saurais trop vous suggérer les résumés du GCN (Global Cycling Network) : 5 à 6 minutes, avec un commentaire adapté au résumé, plutôt que les meilleurs moments offerts par Eurosport, par exemple. Et pour voir la course en entier, même en différé, il y a FloBikes (si vous hésitez à prendre l’abonnement annuel, sachez qu’ils diffuseront le Tour de France l’an prochain).
Ce qu’il y a de magique avec la Vuelta, c’est que les enjeux sont moindres. Pas tout à fait aussi prestigieuse que le Giro et bien moins que le Tour, la grande boucle espagnole rameute des espoirs et souvent aussi les déçus du reste de la saison, de même que les blessés revenus à la forme en août. Vous obtenez la recette parfaite pour une course où tout est possible, et surtout où les faits d’armes sont souvent plus spectaculaires, voire exploratoires et risqués, puisque les conséquences sont alignées aux enjeux : donc moindres elles aussi.
Découvertes et surprises
C’est le grand tour des révélations (ce fut le cas pour Tom Dumoulin qui y est devenu un spécialiste de grands tours). Des talents qui émergent de l’ombre des plus imposants leaders, demeurés à la maison. Tout cela dans les paysages arides d’un pays écorché par l’été qui n’en finit pas de déverser sa chaleur comme le contenu d’une marmite de lave sur les coureurs.
Ça attaque de partout, ça tente des trucs, ça manque son coup, ça explose. C’est la folie. La Vuelta mérite mieux que notre attention distraite. C’est un spectacle qui commande le respect et la fascination.
D’accord, d’accord, les journées sont bien chargées pour visionner un grand tour. Mais l’avantage de la Vuelta, c’est aussi que vous risquez moins de vous faire divulgâcher le résultat. Si vous ne savez pas quoi faire de vos soirées, vous pouvez regarder la course ou du moins ses résumés et ses derniers kilomètres. Vous ne le regretterez pas. Ça grimpe sur un moyen temps dans cette course qui compte quantité d’étapes de montagne et d’arrivées au sommet. Même les étapes de plat recèlent des pièges, des surprises. Vous ne vous emmerderez pas, c’est promis.