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Le blogue de David Desjardins

Le club social

01-12-2020

Photo: devinci.ca

Tandis que la pandémie nous isole à l’intérieur, c’est le plein air qui nous offre un unique véritable espace pour sociabiliser. 

Le monde extérieur a toujours été un territoire d’évasion. Un refuge.

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Mais jamais je n’aurais cru qu’il remplirait à ce point la fonction de club social comme c’est le cas depuis le début de la pandémie.

Comme bien des gens, avec l’assouplissement des règles à l’été, j’ai vu des amis et renoué avec un semblant de vie sociale. Le temps était bon, on pouvait manger dehors sans problème. Mais à mesure que les règles se sont resserrées, la météo s’est aussi faite moins cordiale.

Nous voici donc à nouveau cloîtrés dans les murs de nos maisons, prisons dorées dont nous mesurons la chance de les habiter, voire de les posséder, tout en maudissant d’avoir à y passer autant de temps.

L’extérieur a toujours été une sorte de soupape pour moi. J’y évacue mes trop-pleins et quand la simple vue de mon écran d’ordi me lève le cœur, je l’éteins et je sors. Rouler, le plus souvent. Mais aussi skier, courir, marcher. Comme chante Jérôme Minière : « L’air du dehors chasse mes idées noires ».

Mais tandis que les bars sont fermés, les restos aussi, les bureaux itou, et que le niveau de toxicité des échanges sur les réseaux sociaux les rend de moins en moins fréquentables, le dehors est en voie de devenir notre seul véritable club social.

Je n’ai jamais croisé autant de monde que l’été dernier en vélo de montagne, en route, en gravel. Jamais vu autant de monde courir, se sourire, s’arrêter pour se jaser une minute. Je n’ai jamais, non plus, autant programmé d’activités diverses avec les amis à l’extérieur : c’est le seul endroit où l’on peut se voir et se parler autrement qu’à travers le triste succédané d’expérience collective qu’est le 5 à 7 sur Zoom.

Je ne me suis toujours pas acheté de fatbike, mais je n’ai pas encore rangé mon « gravel » non plus. Je me suis procuré une belle paire de skis neufs pour la glisse avec les potes. Des souliers pour courir dans la neige. Et je planifie déjà quelques activités des fêtes en fatbike (loué) avec les amis que je ne verrai pas autrement au Nouvel An.

Les gens me manquent. Enfin, pas tous. Mais MES gens, oui. Je sors les retrouver aussi souvent que possible.

Peut-être que le phénomène pourra contribuer à changer nos mœurs collectives. À réduire notre temps d’écran. Et tandis que les créateurs d’univers numériques préparent l’avènement de metavers où le monde ressemblera à une partie de Fortnite ou de Second Life, peut-être que la virtualité forcée de nos rapports actuels pourrait nous ramener à un goût encore plus prononcé pour le vrai. Avec l’odeur du dehors, l’air qui remplit les poumons et le soleil qui chauffe autrement la peau que la lumière bleue de nos cells qui nous refroidit l’âme.

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