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Le blogue de David Desjardins

Le dépassement expliqué aux idiots

16-05-2017

Je sais pas pour vous, mais de mon côté, ça va plutôt bien, ce printemps, en matière de partage de la route. Je ferais bien une blague en spécifiant que j’ai fait les trois quarts de mon kilométrage en Europe, où l’on ne considère pas les cyclistes comme autant de nuisances publiques, mais je n’aurai pas besoin.

Ici aussi, ça va bien. Pas d’insulte, presque pas de frôlement, pas de klaxon intempestif.

À Valcartier, lundi, une voiture a même ralenti, le temps de s’assurer qu’elle pouvait me dépasser de manière sécuritaire (insérez ici un sarcastique emoji de stupéfaction). Nous montions une côte, la personne qui conduisait ne voyait pas les véhicules venir au delà de la crête devant nous. Elle aurait pu me frôler et prendre une chance. Mais non. Elle a choisi de freiner, de perdre 30 secondes de son existence afin de préserver la mienne.

Dit comme ça, on croirait qu’il s’agit-là d’une évidence. Un « no brainer », comme dirait Lao Tseu. D’autant que c’est dans le code de la route : vous pouvez dépasser un vélo ou un tracteur, et même empiéter sur une ligne continue pour le faire, à condition de voir ce qui s’en vient à contre-sens. Le code prévoit aussi que les automobilistes doivent ralentir dans une courbe s’ils ne peuvent s’assurer que leur voie est libre de tout véhicule, cycliste, piéton, tracteur, enfant, débris, etc.

Le concept semble cependant étranger à plusieurs. Y compris d’ex-policiers qui s’amusent à troller les pages du lecteur de mon quotidien local.

Selon M. Larose, qui répondait à Louis Garneau, les routes québécoises sont juste trop étroites pour que les automobilistes puissent dépasser les cyclistes en leur laissant 1,5m d’espace vital. Tant que les accotements ne seront pas tous asphaltés, on ne peut espérer que ce genre de règlement soit respecté, affirme M. Larose. Simplement parce que ce n’est pas sécuritaire pour les automobilistes.

Eh ben.

Il en va des cyclistes comme des autres minorités : c’est toujours intéressant de se faire faire la morale ou indiquer ce qui est bien ou pas par des gens qui n’ont aucune idée de la réalité que vivent ceux et celles dont ils se permettent de commenter les revendications.

D’abord, c’est bien beau les accotements asphaltés, mais encore faut-il qu’ils soient praticables. Devant la résidence de Louis Garneau, par exemple, cet accotement existe, mais disparaît parfois sous les gravats, puis reparaît. Il est aussi vérolé de nids-de-poule. Surtout en haut de la bosse, là où c’est le plus dangereux puisque les voitures arrivent du bas, à pleine vitesse, sans savoir ce qui se passe plus haut. C'est un exemple parmi mille. Je reviens de faire les équerres, au nord de Québec, c'est comme ça tout au long.

Dans ces cas, comme dans bien des endroits, et en particulier sur la 138 en direction de Charlevoix, que M. Larose cite comme un exemple d’endroit sécuritaire pour rouler, parce qu’asphalté, on n’a pas fini de rouler dans la caillasse, les déchets qui dégèlent, et des dunes de sable laissés en cadeau par l'hiver. Ça ira comme ça jusqu’en juin au moins. Mais ça, depuis le siège de son auto, M. Larose ne peut pas le voir. Il ignore aussi les trous que les cyclistes évitent en louvoyant. L’automobiliste s’imagine sans doute qu’ils peinent à monter une côte ou qu’ils sont distraits. C’est plus pratique, parce que cela convient mieux au discours anti-cyclistes. En réalité, ils tentent d’éviter de se casser la gueule.

Pour l’heure, M. Larose et ses semblables, en plus de potasser leur code de la route, pourraient aussi repasser l’examen de conduite théorique. Ou simplement lire le manuel. On y trouve les manœuvres de base pour contrôler le véhicule, dans toutes les situations.

Parmi celles-ci, lorsqu’un obstacle entrave une partie de la route : freiner, ralentir, attendre de pouvoir dépasser de manière sécuritaire, puis accélérer à nouveau. Je sais pas c’est à quelle page exactement. Mais d’après moi, ça doit être pas mal au début. Sous la rubrique « Duh ! »
 

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