Wô, quel début de Tour quand même. L’an dernier, les premières étapes au Pays Basque étaient à couper le souffle. Cette année, l’introduction italienne et l’entrée en France ont été tout simplement spectaculaires.
Avant d’y revenir, notons que ce Tour est étrange à bien des égards. Et ce n’est pas une mauvaise chose . L’organisation joue de plus en plus avec ses propres codes, les Jeux de Paris ajoutant une couche de complexité à la création de ce parcours atypique.
Les premières étapes étaient déjà sévères. Puis, la montée du Galibier, dans les Alpes, est suivie de deux jours de plat. Puis d’un contre-la-montre. Puis encore de plat. (J’aime bien les étapes de plat, ça se regarde en différé, en 15 minutes, en usant copieusement de la fonction avance rapide et ça me laisse plus de temps pour rouler) Il faudra attendre la 11e étape avant de retrouver la montagne. Pas très haute, mais ce sera une étape costaude, avec plus de 4000m de dénivelé positif.
D’ici là, tout ou rien peut survenir. Une chute. Un coup de bordure fatal. Un snoozefest lors des jours de plaine. Cavendish qui réalise enfin qu’il ne sera battra pas le score d’Eddy Merckx et qui rentre chez lui pour de bon. Enfin.
Tout ça pour dire que d’ici au 13, sauf pour le contre-la-montre qui pourrait rebrasser les cartes (souvenez-vous de Vingegaard l’an dernier qui avait explosé tout le monde), il faudra probablement attendre la 14e étape avant d’avoir d’autres explications musclées entre les prétendants au titre.
Mais quel début de Tour!
Le coup de Bardet au grand départ s’est révélé magistral, impérial, dans une histoire où la recrue soulève le vétéran. Celui de Kevin Vauquelin, offrant une seconde victoire française au Tour en autant de jour a ravi -et surpris- tout le monde. Je suis resté collé à mon écran pour revoir toutes reprises du sprint remporté par Biniam Girmay. Le risque qu’il a pris en longeant la barrière était tout simplement à couper le souffle. Impérial. Sa victoire en était une pour toute l’Afrique qui célèbre son roi cycliste.
Puis il y eu Tadej. Explosif, il a, pour une fois, forcé son rival à lui concéder quelques secondes, puis il a effectué un sans faute dans la descente en usant de chaque centimètre d’asphalte dans les virages. Sans un regroupement en bas (tout le monde tentant de ménager ses pertes et de grappiller des secondes de bonification), l’écart entre lui et Vingegaard aurait peut-être été plus important encore.
Ma grande surprise vient de Remco Evenepoel. Qu’il ait survécu si longtemps au rythme d’enfer imposé par la UAE est en soi un fait d’armes. Le train mené par Ayuso et Almeida a pulvérisé le peloton des favoris, ne laissant derrière des lambeaux d’espoir pour plusieurs coureurs qui accusaient à l’arrivée quelque 3, 4 ou 5 minutes de retard. La demi-surprise, c’est Roglič qui a paru largué un moment et qui s’en sort admirablement. Jusqu’à maintenant.
Est-ce que Remco survivra à la très haute montagne? Le col de la Bonnette suivi d’Isola 2000, c’est autre chose, quand même. La Jumbo continuera-t-elle de se faire damer le pion par l’escouade de UAE comme sur le Galibier?
Enfin, rendez-vous après le contre-la-montre pour un nouveau portrait du classement général. À ce stade de la course, tout peut encore arrivée. Mais personne ne peut nous retirer l’excitation de ces superbes premières étapes.