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Le blogue de David Desjardins

Les gros cons du Tour de France Femmes

29-07-2022

Tour de France femmes avec Zwift 2022 – Etape 3 – Reims / Epernay (Crédit: A.S.O./Thomas Maheux)

La France n’a pas le monopole du machisme. Mais l’élan que prend le Tour de France Femmes avec Zwift a le don de susciter chez l’amateur de sport hexagonal tout ce qu’il y a de plus vil.

Quand ce n’est pas le troll de l’antidopage diffamatoire, Antoine Vayer, qui se moque de Marion Rousse (la grande patronne de l’épreuve) pour le sujet de ses selfies, il y a les experts autoproclamés qui hurlent à l’incompétence des coureuses en raison des chutes à répétition dans le peloton.

Pour se défendre, ils citent Audrey Cordon Ragot : « Je n’ai jamais vu ça, de toute ma carrière. Il n’y a aucun respect. C’est marche ou crève. C’est affolant… On n’est pas là pour ça ! Il n’y avait pas de respect des équipes. On essaie de toujours rester ensemble mais il y a toujours quelqu’un qui arrive là où il n’y a pas de place ».

Le cas est bouclé : selon eux, les filles sont nulles. Savent pas rouler. C’est trop dur pour des femmes, le Tour.

Mais voyons ce que Peter Sagan a à dire sur le peloton masculin contemporain, cette année : « La jeune génération manque de respect à ce niveau-là. Dans le passé, vous aviez des lois non écrites dans le peloton. Maintenant, vous pouvez oublier ça. Il y a une anarchie totale de ce côté. »

Eh ben. Alors les gars sont aussi nuls, non?

Tout a changé dans le vélo

Je peux vous sortir au moins 30 articles des deux dernières années concernant le changement de paradigme et la fin des règles non-écrites en cyclisme. Désormais, c’est chacun pour soi et au fond Léon, tout le temps.

Il y en a pour le déplorer. Se pourrait-il par ailleurs que ce genre d’attitude nous ait aussi offert l’un des meilleurs Tours de France des deux dernières décennies? Qu’en réécrivant les règles, les jeunes changent le jeu pour le rendre plus risqué, mais aussi plus excitant?

Ça se défend.

De la même manière, la nervosité chez les femmes, dans le peloton, est la même qu’on constate chaque année chez les hommes. Les chutes à répétition dans la première semaine du Tour et les enjeux de sécurité qu’ils mettent en exergue : c’est le discours qui occupe les commentateurs depuis des décennies, chaque début de Tour.

Je ne ferai pas la liste des blessés forcés à l’abandon lors des premières étapes des derniers Tours, ce serait trop long.

Le Tour est différent du reste de l’année. Il y a plus de nervosité, de tension, les enjeux sont plus grands. Mille fois plus grands. Cela mène à des bourdes. Parfois spectaculaires. C’est aussi la source de grands désastres, de déceptions. C’est le cas chez les hommes. Pourquoi pas les femmes, alors?

Faut être vraiment nul pour bouder son plaisir en cherchant des trucs qui ne fonctionnent pas dans le cyclisme féminin plutôt que de s’extasier devant les performances ahurissantes de Marianne Vos, du punch imparable de Cecilie Uttrup Ludwig ou du sprint impérial de Lorena Wiebes.

Visiblement, les propos de ces vieux machos manquent à tel point de substance qu’ils ne trahissent pas seulement leur misogynie, mais leur totale méconnaisse du sport lui-même.

Oh, et en passant, les femmes ont franchi une épreuve de 175km cette semaine. Le genre dont les « experts » disent que c’est bien trop long pour ces dames. Ça s’est terminé au sprint, de manière spectaculaire, les meilleures de la discipline aux avants-plans, portées par leurs équipes respectives.

C’est qui le con qui a décidé que ça ne se pouvait pas?

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