Le Tour de France Femmes avec Zwift s’achève. Déjà, avec une première édition, l’événement a modifié notre rapport au cyclisme féminin. C’est fort.
C’était samedi. La sortie habituelle : on se retrouve devant le Vélo Cartel. Quelques dizaines de gars, de filles, de tous les âges. Des amis, des connaissances, des inconnus. Je me suis mis dans le peloton, au milieu, pour parler sans trop forcer (j’allais rallonger la sortie de mon côté en y ajoutant un « petit » détour de 100km). Avec le vent de dos, nous filions sans souffrir à une vitesse que n’atteignent pas les vélos à assistance électrique (souvent bloqués autour de 30km/h).
Et nous, une gang de gars, parlions élogieusement du Tour de France femmes.
« Marianne Vos, quelle athlète! », dit l’un. « Lorena Wiebes est tellement dominante au sprint », «Oui, répond un autre, elle a ce style très physique et mobile à la Cavendish, ou Ewan, je trouve ». On parle des chutes aussi. Certaines étaient particulièrement spectaculaires, c’est vrai. J’en profite pour réitérer mon point de vue sur la question : les gars aussi, jouent aux dominos, au début de chaque Tour. Et c’est le premier vrai Tour pour les femmes. Imaginez la pression.
Plus tard en soirée, nous en discutons encore, avec d’autres amis. Du développement du sport, de la profondeur que l’argent (de plus en plus d’équipes obtiennent la parité salariale avec les hommes) et les courses d’envergure lui procurent. Le cyclisme féminin est sur la voie empruntée par d’autres sports avant lui : celle de l’équité, encore trop rare. Nous en profitons pour saluer la hardiesse des coureuses, leur style moins calculé et plus agressif en même temps que l’amélioration flagrante des tactiques d’équipe et leur mise en pratique.
Deux fois dans la même journée, nous avons parlé du Tour de France féminin. Deux fois, nous avons dit qu’à part pour l’avant-dernière étape, remportée par une Van Vleuten, revenue à ses dominantes habitudes, nous avons beaucoup aimé le spectacle.
Une culture qui se construit
Est-ce qu’on en prendrait une semaine de plus? Très certainement. C’est, je le souhaite, le chemin qu’empruntera l’épreuve : la croissance. Mais sa plus belle réussite, c’est d’enfin avoir montré à la face du monde que le plateau est relevé, que malgré les disparités des forces plus évidentes chez les femmes que chez les hommes, le spectacle est excellent. Et qu’avec une telle vitrine, cette disparité est appelée à changer : plus de femmes qui s’intéressent au cyclisme, c’est plus d’organisations à la base qui forment plus de coureuses qui agrandissent le bassin et font remonter la moyenne des performances. Comme chez les hommes.
C’est une culture qui se construit, des coureuses d’expérience qui éduquent et rassurent les plus jeunes en agissant comme capitaines de route, puis comme directrices sportives.
Vive le Tour de France femmes avec Zwift. Celui-ci pourrait bien avoir l’effet escompté. Soit de s’inscrire dans l’esprit collectif, comme le Tour de France des hommes, et devenir un événement sportif à part entière, trônant au sommet des grands moments athlétiques de chaque été.