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Le blogue de David Desjardins

Pensées cyclistes

21-03-2024

Dans les Alpes, 2022: le genre de souvenir qui me plonge dans mes ruminations cyclistes.

On arrive à ce moment de l’année où mes pensées se tournent, toujours plus insistantes, vers le vélo.

Il me reste peut-être encore deux semaines de ski à faire ici, mais j’ai déjà roulé quelques fois et me languis de sortir au quotidien. Je tiens la forme, solidement entretenue sur les rouleaux. Avec un début de saison de courses cyclistes plutôt enlevant à regarder, les heures de selle à l’intérieur s’écoulent sans que je ne m’en aperçoive réellement.

Mais je me surprends de plus en plus à rêvasser vélo tandis que je travaille ou que j’apprête à m’endormir, le flot de mes pensées interrompu par des considérations cyclistes qui n’ont besoin que d’une bouchée de madeleine proustienne pour se manifester.

Or, les algorithmes conspirent évidemment pour m’en bourrer la gueule, si bien qu’il y a toujours une pensée cycliste qui file en roue libre dans mon esprit, prête à émerger. Comme celles qui suivent.

Les pièces

Je fais des inventaires dans ma tête. De vêtements, de morceaux et accessoires de rechange. Couvre-chaussures déchirés. Cuissards réclamant l’aide médicale à mourir. Chaînes étirées devant être remplacées et disques qui vacillent. Je prépare la saison en refaisant mon inventaire. En particulier les pneus. Tubeless et pas. Route et montagne. Les indestructibles du début de saison et les moelleux « racers » pour les routes « dégueues ». Les durs de durs pour la montagne de tous les jours et au moins une paire plus compétitive pour alléger l’engin pour les grands périples.

Je remplace des pignons, des pédaliers, des cassettes. Je vends et j’achète. Ma tête est un marché aux puces cyclistes qui s’active dans l’attente.

Mille petits gestes

J’enfile mes bottes de ski de fond et je pense aux gestes que je ferai bientôt quotidiennement.

Enfiler mes chaussures, ouvrir mon ordinateur de bord, activer ma lumière arrière, boucler mon casque et ajuster mes lunettes. Me regarder dans le miroir une fois avant de partir pour m’assurer que tout est droit, en place.

J’ai hâte de m’enduire de crème solaire, de mettre mes verres de contact, de huiler ma chaîne, de gonfler mes pneus.

Puis, peu importe le vélo, de poser le pied sur une pédale, donner le premier coup pour l’élan, puis enjamber la roue arrière pour aller poser mon cul sur la selle et partir. Seul ou accompagné.

En mode « concentration »

Le plus souvent, je roule seul. Mon téléphone éteint, calé dans une poche en cas d’urgence. Prière de ne pas déranger. Pendant une heure, deux heures, trois heures, je ne parle ni ne texte. J’entends, mais je n’écoute rien. Ou est-ce l’inverse?

Je retrouve cette paix dans le ski, mais les heures que j’y consacre en vélo sont multipliées. D’autant que le temps est clairement plus doux l’été et j’ai parfois même du mal à me convaincre de rentrer. L’air qui glisse sur la peau et qui chuinte dans les oreilles. Le son de la chaîne qui claque sur les pignons lors des changements de vitesses. Les pensées inutiles qui se fondent pour qu’en émergent des idées neuves, comme nettoyées de tout ce qui les dissimule dans le fracas du quotidien. Des idées neuves qui sentent la crème solaire, l’asphalte mouillée, la boue, la pluie, le sable, le diesel, la sueur et la vie.

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