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Le blogue de David Desjardins

Plaidoyer en faveur des cols méconnus

18-08-2024

Je suis à Bormio, en Lombardie. Il pleut pour la première fois depuis que je suis en Italie. Une semaine à rouler dans les Dolomites avant de débarquer ici, au cœur de la légende (nous nous sommes garochés pour faire le Stelvio en arrivant, sachant qu’il pleuvrait et ferait froid ce matin).

J’avais choisi Bolzano comme premier camp de base. Je n’en connaissais rien, sinon la facilité d’y accéder (depuis Venise, où nous volions à bas prix avec Air Transat) et la possibilité de rayonner, depuis là, vers les Dolomites à l’Est. Passo Giau, Sella, Gardena, Pordoi, Fedaia, Tre Croche, Tre Cime de Lavaredo, Campolongo, Valparola, Falzarego… Six jours à aligner quelques cols connus, mais aussi très passants. C’est l’été. Les motocyclistes sont nombreux, parfois désagréables (cette idée de nous frôler à haute vitesse…), toujours bruyants. Et il n’y rien de plus ennuyant de voir une belle descente gâchée par une foule d’automobilistes qui font leurs prières en enfonçant les freins à chaque virage d’un col (oui, ça descend pas mal plus vite en vélo).

Comme, aussi, nous en avions assez de conduire parfois 5 heures dans une journée, alors nous nous sommes mis à explorer les environs de Bolzano.

Et nous avons déniché des perles. Avec Komoot, Climbfinder et Strava, le soir, nous avons exploré les environs et trouvé des cols absolument ravissants. Des fantasmes alpestres de collines verdoyantes et de petites maisons tyroliennes dans la prairie. Et des routes dures : cols longs, ardus, mais dont la surface était toujours impeccable.

À la veille de venir faire le Stelvio, nous avons dessiné et roulé un beau 140km dont le joyau était le col de Giovo. 19km à 7,3% de lacets sublimes se terminant sur une cime nue, fréquentée par quelques motards et de rares cyclistes. Je n’en avais jamais entendu parler.

(En comparaison, le Stelvio depuis Bormio fait 19,5km à 7,5%. Le trafic y est lourd, la surface assez dégueulasse. Mais bon, pour tutoyer la légende, il faut marcher de les pas des géants qui l’ont écrite.)

Pour entrer et sortir de Bormio? Facile. J’ai rarement vu une ville avec un aussi beau et complet réseau de pistes cyclables, tant utilitaires que récréatives. Les berges de l’Adige sont longées par une superbe piste. On s’y promène entre des vergers et l’eau. Suffit de braquer le guidon d’un côté ou l’autre pour dénicher un village, un col, des collines.

J’avais vécu la même chose dans les Alpes et les Pyrénées. Le très peu fréquenté Cap du Lac de Long m’avait ébloui, avec son barrage, la vue sur les sommets enneigés, son lac bleu clair. La Cime de la Bonnette, que je connaissais vaguement, m’a certainement plus ému que le Galibier. (Mais l’Izoard, même si c’est couru, c’est vraiment magique, ne ratez pas ça)

Il faut encore et encore chercher les cols moins fréquentés. Ce sont eux qui marquent la mémoire. Les cols de légende sont des cases à cocher. Les autres sont des souvenirs qui nous ramènent à l’essentiel : souffrir pour accéder au silence et à la beauté de paysages dont la beauté discrète donne le sentiment d’avoir accès à quelque chose de rare, de secret.

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