En allant rouler dans le parc de la Mauricie, je me suis souvenu de l’importance des grands événements qui s’y déroulent.
Je suis tombé en amour avec le vélo de route dans le parc de la Mauricie.
Étrangement, je ne me souviens plus dans quel contexte j’ai participé pour la toute première fois aux Défis du Parc que commanditait Vélo Mag. Les trois fois où j’ai fait le parcours lors de l’événement se mêlent les unes aux autres. J’en garde des souvenirs composites.
Des descentes sous la pluie. Des morceaux d’un paysage magnifique malgré l’effort aveuglant. Le froid du matin, au départ. L’euphorie de l’arrivée. Les crampes.
Peu importe si ma mémoire n’en démêle plus les détails, demeure l’impression d’un élan fort. Celui du cœur. Le genre que procurent ces moments spéciaux: la route fermée au trafic, dans ce drôle et vaste concours d’egos et de testo d’une gang de bonhommes qui se disputent la 50e place. J’ai capoté, dès ma première fois. Je suis tout de suite passé à la compétition pour obtenir mon fix régulier d’intensité.
J’allais vite comprendre que les cyclosportives et autres gran fondos ressemblent plus aux raids de vélo de montagne qu’à la course sur route. Me restait encore la stratégie, plusieurs techniques et tactiques à apprendre et maîtriser. Ce que je ferais sur le tas. Rien de mieux qu’un criterium hebdomadaire avec des juniors, des pros et des maîtres de 30 à 60 ans pour vous apprendre à jouer dans le trafic sans y laisser votre peau. Ni celle des autres.
Je n’étais pas retourné au Parc depuis des années, donc. Puis j’ai fait un peu plus de la moitié de parcours l’an dernier, alors que je séjournais à Saint-Mathieu. Je l’ai roulé en entier depuis St-Jean-des-Piles lors d’un événement organisé par Vélo Cartel et Le 2800 du Parc. Un aller-retour plus costaud que dans mon souvenir, alors que ma forme est pourtant bien meilleure qu’à l’époque. Mais ce n’est pas l’important.
Ce qui compte? J’avais l’impression de renouer avec un sentiment originel. Comme la toune de Beau Dommage : « J’ai oublié le jour, et le nom de la rue », mais resurgissaient les impressions fondatrices qui font que j’aime encore ce sport comme un fou. J’y suis pourtant arrivé presque malgré moi. Mon ami Jacques m’avait prêté un vélo de route pour m’entraîner pour la montagne en ajoutant du volume à ma charge. J’ai été immédiatement séduit par la vitesse. Je m’en grise encore aujourd’hui avec un enthousiasme qui ne fléchit pas.
Je pourrais vous parler du pavage presque soyeux et des paysages imprenables du parc. Mais c’est d’amour dont il est ici question. D’un lieu que la vie vous a tatoué sur le coeur en lui injectant une dose vitale de sens.
Vous arrivez dans un restaurant, un parc, un bureau. Vous vous souvenez exactement de la première fois où vous y avez aperçu la personne que vous aimez encore, ou plus du tout, mais qui vous a fait vibrer très fort. Ce lieu est teinté de magie. Vous vous souvenez de l’impression première, d’un moment fondateur. Chaque fois que je retourne dans le parc de la Mauricie, je pense à mes défis, à ce que je dois à ses organisateurs.
Chaque fois qu’on annule un événement, ai-je le sentiment, il y a des rendez-vous avez la passion cycliste qui se perdent. Souhaitons qu’ils reprennent au plus tôt. Tous. Partout.