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Le blogue de David Desjardins

Rouler est un poème

01-11-2024

Illustration de Sébastien Bégin pour le flyer de la Course des morts en 2018.

Il y a parfois plus de poésie dans une sortie de vélo que dans une soirée de slam.

Le son du caoutchouc sur s’asphalte humide est un sonnet érotique. Le soleil fuyant d’une fin de journée d’automne est un quatrain d’adieu. Les vaches qui paissent dans le pré à St-Tite ont l’air plus chill que Jean-Paul Daoust, plus stoned que Denis Vanier.

C’est la ride des fantômes. Joyeuse Halloween. 31 octobre. Encore une journée volée à l’automne. Il fait 16, je suis parti comme un voleur dans le milieu de l’après-midi, je finirai ma journée de travail dans le noir en m’empiffrant des bonbons que les enfants n’auront pas quémandés.

L’air est frais. Les grands vents des derniers jours ont déshabillé la forêt. D’un jour à l’autre, tout sera fini. Ces sorties sont précieuses comme les baisers volés d’un couple d’ados qui s’est matché au camp d’été et dont le séjour se termine demain.

C’est un beau roman, c’est une belle histoire…

Bon, j’exagère. Je ne pleurerai pas ma vie ni n’enverrai de missives parfumées à l’été qui nous aura quitté. Mais c’en fût un beau. Mon cinquantième. Je l’ai dévoré, savouré, bu cul-sec. Il y a plus de dopamine dans chacun de mes arrêts au Bonichoix du village pour m’acheter une canette de bière après une ride que dans tous mes épisodes de doomscrolling sur TikTok réunis.

Il y a parfois des moments comme ceux d’aujourd’hui qui vous saisissent par leur beauté. J’ai l’impression d’en avoir fait une collection cet été.

Je me suis trouvé un bande de gredins locaux pour la défonce, pour me faire exploser les poumons et les jambes, pour jouer à se voler les KOMs de la Côte de Beaupré. Je me suis aussi délecté de nombreuses sorties en solo, me fondant dans le paysage, découvrant chaque fois un détail qui m’avait échappé.

Là, une maison délabrée au bout d’un chemin qu’on voit à peine. Ici, un tracteur rouillé derrière une étable qui semble figé comme une sorte de forme d’art public rural.

J’ai roulé quelques-uns des plus beaux cols d’Italie. J’ai fait mon pèlerinage annuel à St-Ubalde. J’ai fait souffrir et on m’a fait souffrir. Des fois j’étais le clou, des fois j’étais le marteau.

Il y a plus de sadomasochisme dans le vélo quand dans une soirée coquine d’un club échangiste.

Donc c’est ça. L’été est pas mal fini. Novembre arrive avec ses mois de déprime qui me font rêver de neige hâtive et de voyages pour étirer le plaisir.

Mais on prendra les choses comme elles sont. Pas le choix. Il y a parfois plus de zénitude dans une fin de saison accomplie quand dans la section croissance personnelle de la bibli.

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