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Le blogue de David Desjardins

Vélos et surconsommation

30-11-2022

Photo : Niklas Ohlrogge sur Unsplash

Le vélo a beau être plus écolo que l’auto, rouler à deux roues n’est pas non plus un sauf-conduit qui mène tout droit au paradis de l’écologie. Au contraire, chez moi, c’est l’un des rares objets qui incite à la surconsommation.

Plus clairement, le vélo est l’angle mort de ma pratique de consommateur.

Je ne suis pas parfait, loin s’en faut, mais j’achète peu de vêtements (je les fais durer jusqu’à ce que leur état frise parfois l’indécence), je n’ai changé de voiture que parce que la précédente a été déclarée perte totale suite à un malheureux accrochage avec un chevreuil (à part la bête et la Matrix 2010 qui avait plus de 200 000km au compteur, tout le monde est sain et sauf, merci) et je possède un véhicule acheté usagé, pas du tout luxueux ni énergivore que nous partageons, ma fiancée et moi. Je rechigne à aller au resto trop souvent parce que je trouve ça hors de prix. Je cours les aubaines à l’épicerie, mais surtout, je tends de plus en plus vers le végétarisme pour des motifs éthiques et environnementaux. Je ne jette presque jamais de nourriture. J’accumule peu, très peu. Sauf de l’équipement de sport. En particulier sur deux roues.

Consumérisme cycliste

Des vélos. Si je m’écoutais, j’en changerais chaque année. La flotte au complet, si possible. Même si je ne comprendrai jamais qu’une publicité d’auto, de camion ou de scie à chaîne fasse baver d’envie mon prochain, je saisis cependant toute la pavlovienne mécanique à l’œuvre dans ces cas pour en être moi-même la victime avec d’autres objets.

J’ouvre une page de Vélo Mag ou de quelque site spécialisé, je mets le pied en boutique, et me voilà qui salive presque. Je veux les essayer tous. Je voudrais en avoir une armada. Des pour la ville. Des pour le bois. Des pour les rangs défoncés. Des pour la course. Des pour faire des folies en sentier en descendant très très vite. Des pour la piste. Des pour les pumptracks. Des pour la neige et pourquoi pas un autre en extra avec des pneus cloutés pour quand c’est glacé.

Si je remportais le gros lot, vous ne me verriez jamais au volant d’une Ferrari. Mais peut-être monté sur un superbe engin sur mesure en carbone, ultraléger, muni de pièces exotiques qui en propulseraient le coût vers des hauteurs stratosphériques.

Oh là là la vie en rose…

En même temps, je me rends compte que mes envies ne survivent pas bien longtemps au test de la réalité.

Même pas eu besoin d’écouter Foule Sentimentale d’Alain Souchon en boucle. Suffit parfois de voir ce qui traine pour s’apercevoir qu’on a « des quantités de choses, qui donnent envie d’autres choses ».

Lorsque je me suis rendu compte que je n’avais utilisé mon vélo de gravel que 4 fois l’an dernier (sauf si je compte mes sorties au printemps où je l’utilise comme mulet pour ne pas trop salir mon vélo de route) et pas une seule fois cette année, j’ai décidé de le vendre. Sans avoir l’intention d’en acheter un autre. L’argent irait à financer mon voyage dans les Alpes.

La réalité est que, si je dois prendre mon auto pour aller rouler, je vais choisir d’aller en vélo de montagne 9,5 fois sur 10. J’adore la garnotte. Mais je manque de temps. Avec mon vélo de route, je saute dessus et je roule. Chaque minute consacrée à mon sport l’est à sa pratique, pas à me déplacer. Sauf en vélo de montagne, c’est l’exception. Ça ne peut pas être la règle. Ni même une occasion.

Si j’habitais dans un lieu plus propice à la pratique hors route, ce serait autre chose. Je pourrais aussi changer de vélo de route pour un gravel agressif qui fait office de monture pour toutes les surfaces…

Mais encore une fois : combien de fois mon vélo de gravel m’a-t-il manqué depuis que je l’ai vendu.

Je vous laisse deviner la réponse. Un indice : c’est moins que une.

Parfois la vie fait bien les choses… Ou pas. Je me surpris l’autre soir, sur mon ordi, à faire le tour des artisans qui soudent encore des cadres d’acier sur mesure pour remplacer mon vélo de ville. Et celui-là, je m’en sers souvent. À tout le moins, c’est ce dont j’essaie de me convaincre.

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