La Vuelta 2024 – 79th Edition – 15th stage – Infiesto > Valgrande-Pajares. Cut Negru 143 km – 01/09/2024 – CASTRILLO ZAPATER Pablo (EQUIPO KERN PHARMA)
J’écris finalement sur la Vuelta avec le même empressement que j’avais à aller regarder le résumé de chaque étape pendant 21 jours… C’est-à-dire: pas beaucoup.
En fait, je ne comprends pas trop ce que je lis à propos de ce grand tour décrit ici et là comme un des plus excitants de l’année. Une course qui, parce qu’elle souffre de son ingrate position au calendrier, repousse les limites de l’acceptable pour les coureurs. Comme le suggérait Sean Kelly, le parcours est d’une brutalité qui pourrait les pousser au dopage… simplement pour survivre à trois semaines de chaleur étouffante et de montées épouvantablement abruptes.
Mais bon. Ce sont des questions qu’on pourrait poser au Giro qui impose des étapes sous la pluie glaciale et la neige en mai. Ou au Tour, où la chaleur devient de plus en plus problématique.
Cet argument de la difficulté croissante des courses invoqué par Kelly n’est pas nouveau non plus, bien au contraire. Les Frères Pélissier qui « marchaient à la dynamite » l’employaient aussi pour justifier toutes les merdes qu’ils ingéraient pour compléter la Grande Boucle. C’était il y a 1000 ans.
Pas de grand champion, c’est bon?
Non, ce qui me sidère, c’est qu’on dise que cette Vuelta était si serrée que le spectacle était irrésistible. Que parce que les grands champions qui dominent le sport n’y étaient pas, c’était plus excitant.
Let me beg to differ, comme on dit au Tadjikistan.
D’abord parce que Roglič n’est pas exactement un pied de céleri. Il vient de remporter une énième Vuelta en donnant l’impression d’aller faire son épicerie. Devant Ben O’Conor et Enric Mas. Enric. Fucking. Mas. Le coureur plus ennuyeux, désagréable, dénué de tout panache que nous a offert le cyclisme espagnol de sa génération. Il nous l’a encore prouvé ici, tentant de nous faire oublier des dizaines de kilomètres de ratonnage par une ou deux attaques.
Quant à O’Conor, il s’est retrouvé en rouge après une erreur tactique de ses opposants, à commencer par la Redbull de Roglič… qui l’a ensuite déshabillé de son avance, petit à petit, dans une sorte de pénible striptease s’étalant sur deux semaines.
Ah oui, O’Conor nous a bien offert quelques morceaux de bravoure. C’était comme le Vieil homme et la mer, de Hemingway, mais sans la fin tragique.
Donc, oui, à la place, je prends n’importe quand Vingegaard et Pogačar qui se disputent une étape en dévorant l’échappée au passage.
Il fait chaud et notre intérêt s’émousse
Sinon? Je retiens la victoire de Woods, impériale. L’envolée de Yates vers Grenade, spectaculaire. Les victoires au chrono de Küng et McNulty. La révélation du talent et de la hargne de l’inconnu au peloton qu’était jusque-là Pablo Castrillo.
La Vuelta 2024 – WOODS Michael Russell (ISRAEL – PREMIER TECH)
Autrement, on va visiblement avoir un probème dans les prochaines années avec cette course. La chaleur devient plus accablante chaque année. On ne mène plus les coureurs à leur perte comme autrefois. Il faudra trouver des solutions.
Certains ont évoqué l’idée d’intervertir le Giro et la Vuelta. Sauf que ça n’arrivera pas. Parce que les Italiens ne veulent pas de cette ingrate position au calendrier, quand même les fervents adeptes souffrent de la fatigue des courses de trois semaines, après le Tour, et que l’enthousiasme s’émousse.