Le Québec, une destination de bikepacking de renom? Grâce au travail minutieux d’une poignée de passionnés de cyclotourisme de brousse, cela pourrait être le cas dès 2021. Entretien avec Étienne Théroux, initiateur de la Québec Bikepacking Traverse, un itinéraire hors route de 3000 bornes qui reliera Rouyn-Noranda à Percé.
Comment ce projet est-il né?
Je suis un adepte de longue date de cyclotourisme qui s’est récemment initié au bikepacking. Je me suis rapidement rendu compte qu’il est assez difficile de dénicher des parcours fiables pour cette pratique au Québec. De fil en aiguille, je me suis mis à rêver d’une route sauvage qui sectionnerait le Québec d’ouest en est et qui servirait de colonne vertébrale à un réseau plus large composé de connecteurs avec les grands centres, de boucles régionales et de raccourcis. J’ai commencé à travailler sur la Québec Bikepacking Traverse au début de l’hiver dernier, d’abord à temps perdu, puis avec un intérêt croissant. Je me suis laissé prendre au jeu de dénicher l’itinéraire parfait.
Qu’est-ce que cela signifie concrètement?
La Québec Bikepacking Traverse emprunte des terrains divers, comme des sentiers forestiers, des chemins de terre battue et des routes non bitumées. Ceux-ci sont surtout situés au nord du fleuve Saint-Laurent, étant donné que la rive sud est plutôt urbanisée. Le trajet relie 11 régions touristiques, 11 parcs nationaux, 8 réserves fauniques et 14 zones d’exploitation contrôlée (zec). Il est composé de huit segments de 200 à 600 km et comprend de petites localités sur son chemin, afin de garantir des options ponctuelles de ravitaillement. J’ai croisé des cartes et des données de sources diverses afin d’aboutir à une version préliminaire du circuit, que j’ai partagé avec la communauté du groupe Bikepacking.qc sur Facebook.
Quelle en a été la réception?
Très bonne! De fait, plusieurs personnes m’ont contacté pour m’aider à l’améliorer. Nous sommes une vingtaine en tout, dont un petit noyau de purs et durs très impliqués, à travailler sur le projet pour en peaufiner certains aspects. La prochaine étape est d’aller constater sur le terrain s’il tient la route et de le documenter à l’aide de photos et de témoignages. À l’heure actuelle [NDLR: fin juin], environ 25% de l’itinéraire a été vérifié, surtout dans le bout du BasSaint-Laurent et de la Gaspésie. Notre objectif est d’avoir parcouru l’ensemble de la Québec Bikepacking Traverse d’ici la fin de la saison estivale, de manière à pouvoir rendre public le circuit dès 2021.
Tout cela suppose un travail colossal. Qu’est-ce que vous y gagnez?
À titre personnel, pas grand-chose ; si je fais mes frais, notamment pour héberger le projet sur un site web digne de ce nom, je serai heureux. Collectivement, au Québec, je pense que nous sommeillons sur un potentiel inexploité. Nous disposons de vastes étendues sauvages, pour la plupart situées sur les terres du domaine de l’État, qui n’attendent qu’à être explorées sur deux roues. Je suis très inspiré par le site bikepacking. com, qui met de l’avant de tels itinéraires aux quatre coins de la planète. Sans vouloir me vanter, la Québec Bikepacking Traverse n’aura rien à leur envier. Elle pourrait même devenir une carte de visite auprès des cyclocampeurs étrangers.