Manger du vélo
S’adonner au cyclisme – et à plus forte raison au sujet qu’on souhaite photographier – est une condition fondamentale pour qui veut en réaliser des clichés intéressants, estime Julien Payette-Tessier. «Ça donne essentiellement l’occasion d’affûter l’œil. Personnellement, pédaler m’aide à mieux comprendre le sport et ce que vivent ceux qui le pratiquent», explique celui qui se décrit comme un routier récréatif mais sérieux. S’abreuver de photographies cyclistes peut également s’avérer payant. «Depuis l’avènement d’Instagram et de Pinterest, c’est plus facile que jamais», souligne-t-il.
Porter une attention à la composition
Le cyclisme sur route se pratique dans une des plus grandes arènes du monde; il importe de faire ressortir le fameux détail! «Une stratégie efficace est de photographier le cycliste de manière à ce qu’on voie dans quel décor il évolue», conseille le designer graphique de formation. La montagne, les cours d’eau et les champs à perte de vue sont autant d’éléments à intégrer aux clichés. La tactique opposée – amplifier les détails – est tout aussi intéressante : on immortalisera un cycliste de manière à ce que ses jambes musclées ou le logo de la marque de son cuissard ressortent.
Saisir le moment
Prendre de belles photos durant une course de vélo exige qu’on se positionne là où se déroule l’action: éviter les descentes abruptes et les longues lignes droites, synonymes de peloton lancé à trop grande vitesse, et prioriser plutôt les montées casse-pattes, les virages serrés d’un parcours urbain, voire les zones de ravitaillement, où les rebondissements ne manquent pas. L’avant et l’aprèscourse sont également d’excellentes sources de clichés mémorables. «Ce sont les moments où les cyclistes sont le plus accessibles et le plus vulnérables. Au début de la journée, on les voit discuter entre eux, échanger avec le public, parfois un café à la main. À la fin, c’est plutôt l’épuisement, la joie et la déception qu’on photographie», dit celui qui compte 15ans d’expérience derrière le kodak.
Modérer la course à l’équipement
Combien de fois avez-vous vu un cycliste terriblement bien équipé ne pas avancer ? De la même manière que le vélo ne fait pas l’athlète, l’appareil photo ne fait pas le photographe. «Être bien outillé aide certes à faire de belles photos, nuance le jeune trentenaire. Ce n’est cependant pas une garantie de réussite.» Bien comprendre et maîtriser son appareil, même un modèle d’entrée de gamme, permet d’en maximiser le potentiel. Pour ce faire, il n’y a pas 18 options : on doit s’exercer, s’exercer et s’exercer. Comme à vélo.
Se délester
Outre le respect des consignes de sécurité de base (éviter les trous, avoir l’œil sur la route, etc.), Julien Payette-Tessier recommande fortement aux cyclistes souhaitant photographier à même leur monture de s’équiper en conséquence. «Porter un appareil photo reflex et ses lentilles est une condamnation à trouver sa randonnée longue et pénible», affirme-t-il. On optera plutôt pour un appareil sans miroir, assez compact, et aussi performant qu’un reflex. Un petit appareil de type automatique, qu’on glisse dans la poche arrière de son maillot, arrivera pareillement à faire des miracles.
Soigner la postproduction
Une grande partie du travail d’un photographe professionnel spécialisé en cyclisme consiste à retoucher les photos qu’il rapporte du terrain. Afin de se guider dans cette tâche au fort potentiel éditorial, Julien Payette-Tessier reste fidèle à un seul principe : «Un capteur optique, aussi sophistiqué soit-il, n’est pas en mesure de traduire ce que voit l’œil humain. J’essaie donc, grâce à mes retouches, de reproduire ce que j’ai perçu au moment de la prise de photo. J’ai toujours eu du succès ainsi.»