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Reportage

Le vélo inscrit au curriculum

25-06-2019
velo jeune camping

Photo: Marie-Hélène Gratton

Les voyages forment la jeunesse, dit-on parfois. Tout particulièrement ceux à vélo, a-t-on le goût d’ajouter.

La preuve: une classe de 25 élèves de deuxième secondaire partie de l’école La Ruche, à Magog, afin de rallier Longueuil trois jours plus tard. Une chevauchée en semi-autonomie d’environ 150km à laquelle ces adolescents se sont préparés pendant toute l’année scolaire. Un peu leur examen final, si on veut. «À 14-15 ans, c’est un gros accomplissement», insistent les deux enseignants et amis responsables du projet, Serge Trudeau et Patrick Bilodeau.

cyclotourisme la ruche magog

25 élèves de deuxième secondaire partie de l’école La Ruche, à Magog, pour Longueuil trois jours plus tard.

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Vélo Mag s’est joint au groupe pour sa deuxième journée de randonnée. La veille, la bande a bivouaqué au parc national de la Yamaska, tout près de Granby, afin d’y passer la nuit. Le mois de mai commence à peine et les températures sont, disons, encore fraîches: un frisquet 3 °C au petit matin. Pas de quoi s’enthousiasmer de dormir à la belle étoile. Pourtant, à notre arrivée, la troupe est déjà bien active. Ça démonte les tentes et ramasse ses trucs, le tout dans un joyeux brouhaha. Ici, on ne se prend pas au sérieux. Du moins, pas trop.

Alors qu’ils vaquent au ramassage des débris du feu petit-déjeuner, les deux profs nous expliquent à qui nous avons affaire. En fait, cette classe en est une de Santé globale, une concentration offerte à des étudiants du secondaire et du primaire dans plusieurs régions du Québec. Initié en 1998 en Estrie, ce programme contingenté obéit à la devise anima sana in corpore sano: un esprit sain dans un corps sain. «Le but est de développer l’autonomie et la confiance en soi, sur fond de bonnes habitudes de vie. Nous sommes dans une logique de sport participatif et non d’élite», soulignent-ils.

Concrètement, les élèves de Santé globale découvrent une foule de disciplines sportives au fil de leur curriculum enrichi en cours d’éducation physique. Parmi la myriade d’activités explorées, on compte l’escalade, la randonnée pédestre, les raids d’aventure. Et, bien sûr, le vélo. «La présente sortie de vélo-camping est le projet final de deuxième secondaire», nous confirment les deux enseignants. « L’année prochaine, cette même cohorte expérimentera le canot-camping ainsi que la via ferrata. » Bref, on ne s’ennuie pas.

Les moins dissipés

Une fois les sacs de couchage et autres effets personnels flanqués au fond du camion-accompagnateur, tout le monde se rassemble pour les dernières consignes d’avant-départ. Aujourd’hui, la classe se dirige vers Saint-Jean-sur-Richelieu via La Granbyenne et Farnham, parcours totalisant environ 52 bornes. Un coup d’œil aux montures des cyclistes nous confirme qu’ils ne sont pas à pied : beaucoup de vélos de montagne, quelques hybrides et même une poignée de vélos de route. « Ils sont mieux équipés que par les années passées. Les parents pensent investissements plutôt qu’économies de bouts de chandelle», nous dirat-on ultérieurement.

Un, deux, trois… go! Euh, non, attendez une minute: un jeune allait oublier son sac sur place. Quelques railleries (de la part de ses collègues) et remontrances (merci, les profs) plus tard, la catastrophe est évitée et on peut enfin partir. Bien qu’anodine, l’anecdote en dit long sur l’état de concentration des adolescents de 2018. « Nos élèves sont moins attentifs qu’auparavant. Il y a plus de déficit d’attention, d’absences momentanées», nous glisse Patrick Bilodeau, qui a plusieurs années d’enseignement derrière la cravate.

Sur la route, on constate cependant l’inverse : le peloton est discipliné au possible. Ça annonce les bosses, respecte le code de la sécurité routière à la lettre, se soucie des autres, se ravitaille, le tout en imprimant une confortable vitesse de croisière de 20 km/h, pout, pout, pout, les deux doigts dans le nez et dans la bonne humeur. Pédaler semble être une seconde nature. Si on devine les mois d’entraînement nécessaires pour arriver à ce ballet savamment chorégraphié, on comprend entre les lignes que le geste cycliste aide tout ce beau monde à se structurer.

Une impression confirmée par Serge Trudeau et Patrick Bilodeau. «De tous nos étudiants, ceux de Santé globale sont les moins dissipés. Ce sont aussi ceux qui réussissent le mieux à l’école», remarquent-ils, non sans un brin de fierté.

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