Poids, aérodynamisme, ventilation: c’est habituellement en améliorant le rendement de leurs produits que les manufacturiers de casques de vélo innovent. Toutefois, quand ils adoptent la technologie MIPS, c’est de protection du cycliste en cas d’impact dont on parle.
POC, Smith et Lazer l’offrent depuis quelques années déjà, Giro et Bell l’ont adopté dans plusieurs de leurs casques en 2014. Le système de protection contre les impacts multidirectionnels MIPS (Multi-directional Impact Protection System) n’est vraiment pas nouveau: il a été conçu en 2001 après six ans de recherches sérieuses qui se poursuivent depuis, et dont les résultats ont été publiés dans des revues scientifiques dotées de comités d’évaluation par les pairs.
De 7 % à 12 % C’est la proportion de diminution des impacts subis par la tête dans les conditions où un casque doté de la technologie MIPS est utilisée.
La conception du MIPS, on la doit à un groupe de chercheurs suédois du Royal Institute of Technology de Stockholm. Ces biomécaniciens étaient préoccupés par les nombreuses blessures à la tête subies par les cyclistes, mais aussi par les skieurs et les motocyclistes, lors des chutes. Au fil de leurs expériences, ils avaient remarqué que les casques traditionnels dotés d’une coquille rigide en polystyrène ne sont efficaces que contre les forces de type linéaire. Or, une chute comporte une composante linéaire, certes, mais aussi une autre, rotationnelle
Afin de remédier à ce problème, le groupe s’est inspiré du système de protection naturelle du cerveau. Sous la boîte crânienne se trouve une mince couche de liquide cérébro-spinal dans lequel flotte ce dernier. Ce fluide agit un peu comme un système d’absorption des impacts: il permet au cerveau de bouger indépendamment de la boîte crânienne, ce qui réduit la gravité des blessures qu’il subit. Sans lui, le moindre choc à la tête endommagerait grandement la substance grise.
L’idée des concepteurs: transposer ce savant système au casque. Pour ce faire, ils ont mis au point une technologie qui fait que les deux coquilles du casque, une intérieure et l’autre extérieure, bougent indépendamment l’une de l’autre. Des attaches en élastomère lient les deux coquilles et limitent ainsi le glissement à 10 ou 20 mm. Entre les deux: une surface lisse afin de réduire au maximum la friction. Le système MIPS était né.
Mais était-il efficace? Oui, le MIPS laisse la tête tourner séparément du casque, mais encore faut-il que les produits qui en sont dotés l’incorporent de façon à assurer une protection réellement supérieure et que cela soit prouvé. Pour ce faire, les scientifiques ont projeté la tête de mannequins casqués sur un plan incliné à 45°, la norme pour ce type d’expérimentation. Résultat: ils ont constaté une diminution des impacts subis par la tête de l’ordre de 7 à 12% dans les conditions où un casque doté de la technologie MIPS était utilisé.
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Selon Blaine Hoshizaki, professeur agrégé à l’École des sciences de l’activité physique de l’Université d’Ottawa et directeur du Laboratoire de neurotraumatologie de l’impact, une telle réduction est significative. «Pour des impacts à haute vélocité, comme en vélo, cela peut faire la différence entre une blessure grave et une autre fatale», affirme celui qui a entre autres participé au comité consultatif sur la réduction des blessures au sein de la Ligue nationale de hockey.
S’il se garde bien de qualifier MIPS de «solution définitive» aux blessures à la tête, l’expert avoue tout de même que «son arrivée sur le marché est une bonne chose pour les cyclistes et l’ensemble des sportifs».