Voyager seule à vélo? « Y a rien là», clame haut et fort la cycliste globe-trotteuse Flavienne Bruyant. Selon elle, se déplacer sur deux roues revient à se munir d’un sauf-conduit. Rencontre.
Le début de carrière de voyageuse à vélo de Flavienne Bruyant a été tout sauf époustouflant. Venue au vélo en 2014 par l’entremise des activités de la Coop Roue-Libre, la cycliste de Québec a entrepris son premier périple vers Armagh, une petite municipalité située à moins de 100 km de la capitale. Temps alloué pour cet aller-retour en autonomie: trois jours.
«Je me souviens de m’être dit que dormir à vélo et transporter son matos, ça ne casse pas trois pattes à un canard! Avec le recul, je me rends bien compte que j’avais fixé la barre trop bas», convient-elle. Malgré tout, la femme aujourd’hui âgée de 45 ans décide de rééditer l’expérience. Pas question de s’ennuyer: c’est dans le désert qu’elle pédalera. Direction: le sud-ouest des États-Unis.
L’objectif est ambitieux : parcourir 1600 km en un mois, entre Phoenix et Salt Lake City. «Tout le monde me disait que j’étais folle, que faire ça toute seule était irresponsable », se remémore-t-elle. Faisant fi des oiseaux de malheur, elle se lance dans l’aventure tête baissée. Et ne le regrette pas.
« Si j’avais eu besoin de quelque chose, je n’aurais eu qu’à demander. Mon statut de voyageuse à vélo inspirait la bienveillance. Qu’on le veuille ou non, un vélo, c’est un passeport vers les gens. »
Flavienne Bruyant
Bienveillance
Si son arrivée dans la capitale de l’Arizona a été difficile – 47 °C à l’ombre –, le reste de son escapade s’est déroulé sans anicroche. Partout, les gens s’arrêtaient pour s’enquérir de son moral, lui proposer un lift… ou lui recommander de se munir d’une arme! Jamais elle ne s’est sentie en danger.
«Si j’avais eu besoin de quelque chose, je n’aurais eu qu’à demander. Mon statut de voyageuse à vélo inspirait la bienveillance, pense-t-elle. Qu’on le veuille ou non, un vélo, c’est un passeport vers les gens.» Selon elle, le choix de la destination n’est cependant pas étranger à ce sentiment de sécurité. «C’est sûr que je ne roulerais pas Moscou-Vladivostok, même si je connais des filles qui l’ont fait sans mésaventures. »
En juin prochain, Flavienne reprend la route là où elle s’est arrêtée la dernière fois. Son périple la mènera de Salt Lake City jusqu’à Calgary en passant par les Rocheuses. Comme lors de son premier voyage, on lui rappellera sûrement la témérité de son geste. Elle sait ce qu’elle rétorquera dorénavant: « Je vais répondre que le désert sent le désert, une chose impossible à deviner si on s’enferme dans une cage d’acier climatisée. Et aussi qu’on peut faire confiance aux gens. Le monde est plus sécuritaire qu’on le croit.»